Bleu blanc cœur : objectif 100 % français - La Semaine Vétérinaire n° 1764 du 17/05/2018
La Semaine Vétérinaire n° 1764 du 17/05/2018

ALIMENTS

PRATIQUE MIXTE

L'ACTU

Auteur(s) : CLOTHILDE BARDE  

Le groupe Valorex a annoncé vouloir limiter, voire stopper, les importations de soja et autres protéines qui complètent encore les rations des ruminants ou des élevages de volailles dont ils certifient les produits avec le logo Bleu blanc cœur.

L’association française Bleu blanc cœur, créée en 2000 par Valorex, le fabriquant breton d’aliments pour animaux d’élevage à base de graines entières tracées (lin, lupin, pois, colza, féverole, etc.), milite pour une « agriculture à vocation santé et environnementale ». Les 6 000 producteurs qu’elle fédère s’engagent ainsi à respecter un cahier des charges strict, dont l’incorporation dans leurs rations de fourrages (herbe et foin, notamment) et d’éléments extrudés fabriqués à partir de graines (lin, lupin, féverole, colza, etc.) d’origine française et sélectionnées pour leur richesse en oméga 3. L’enjeu majeur de cet apport est d’améliorer la santé des consommateurs. En effet, les 1 200 produits Bleu blanc cœur vendus actuellement en grande distribution sont riches en acides gras polyinsaturés et, par conséquent, considérés comme étant bénéfiques pour notre santé. Afin de garantir les valeurs qu’elle met en avant, Bleu blanc cœur, première démarche d’intérêt nutritionnel et environnemental reconnue par les ministères en charge de la Santé et de l’Agriculture, s’est construit un cadre scientifique solide qui repose sur plus de 170 publications scientifiques et cinq études humaines. « Une quinzaine de brevets protègent nos recettes et techniques de fabrication », indique ainsi Pierre Weill, directeur de Valorex et coprésident de l’association. Celle-ci garantit aussi une traçabilité absolue des produits et se fixe d’autres objectifs importants comme le respect de l’équilibre alimentaire des animaux et la préservation de l’environnement (via la diversification des cultures et l’interdiction de l’emploi de certaines substances).

Vers une alimentation 100 % française

Les projets de recherche et développement scientifiques doivent se poursuivre en ce sens. Ainsi, Proleval a été lancé en 2015 pour promouvoir la culture de protéagineux en France et remplacer les imports protéiques étrangers qui constituent encore une partie de l’alimentation des élevages Bleu blanc cœur. À ce jour, 15 % des besoins en nutrition animale sont encore importés. Ce sont principalement des tourteaux de soja, parfois organismes génétiquement modifiés (OGM), en provenance de pays lointains comme le Brésil. Afin de limiter, voire d’arrêter ces importations, ce projet de 17 millions d’euros a été développé pour cinq ans par Valorex et ses partenaires, dont la coopérative Terrena et le centre de recherche de l’Institut national de la recherche agronomique (Inra). « Les protéagineux sont cultivés actuellement sur 200 000 hectares, on mise sur 1 million d’hectares [avec ce projet] », précise Pierre Weill. Il s’agit de former les cultivateurs, de concevoir des traitements innovants des graines pour les rendre plus digestes et de développer des formulations adaptées aux animaux de rente. Le tout dans la limite d’une augmentation de 2 % du prix de vente auprès des consommateurs des produits transformés.

Une démarche ancrée dans la politique actuelle

Nathalie Kerhoas, directrice de Bleu blanc cœur, est d’autant plus confiante dans la réussite de ce projet, qu’il s’inscrit dans la ligne directrice du gouvernement. Ainsi, en mars dernier, un tout nouvel amendement, proposé par l’association, a été adopté par l’Assemblée nationale en complément du second article L.640-2 du Code rural et de la pêche maritime, issu des États généraux de l’alimentation (EGA). « Il vise, explique-t-elle, à inscrire dans le texte de loi des EGA une mention reconnaissant les démarches agricoles innovantes pour la nutrition et l’environnement. »

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