Force de la nature - La Semaine Vétérinaire n° 1762 du 04/05/2018
La Semaine Vétérinaire n° 1762 du 04/05/2018

FILM

DITES-NOUS TOUT

Auteur(s) : MICHEL BERTROU 

Lorsque Cornélius le meunier débarque au “bout du monde” et veut y construire un moulin, il est bien accueilli par les habitants du village. Son énergie tellurique, toutefois, suscite bientôt la défiance. D’étranges crises le poussant la nuit à hurler très fort de manière irrépressible, il affole les chiens, réveille les villageois. Malgré le soutien amoureux de la fille du maire, Cornélius est chassé, puis interné dans un asile dont il parvient à s’évader. Errant solitaire dans les montagnes, il retourne à un état quasi sauvage d’où il puisera l’énergie pour revenir au village défendre sa différence.

Pour ce premier long métrage ambitieux, Yann Le Quellec adapte, avec une joyeuse fantaisie, le roman éponyme d’Arto Paasilinna. La poésie foisonnante de la fable finlandaise se transmue ici en un conte visuel, hors du temps, physique et naïf, mettant en scène avec loufoquerie (mais sans cynisme) des corps d’acteurs dans des décors spectaculaires (le cirque de Navacelles, les Alpes, la forteresse de Salses). Confiant le rôle du meunier à un circassien dont la puissance mêlée de douceur se prête à son univers truculent, le réalisateur croise les genres (le conte, le western, le burlesque) et les arts du mouvement (la danse et le cirque). Si, en dépit de très belles séquences (la mise en route du moulin, la rencontre avec le loup), son film, plus mélancolique que comique, n’atteint peut-être pas la démesure qu’il voulait, la liberté artistique qu’il défend est très revigorante.

Cornelius, le meunier hurlant de Yann Le Quellec, librement adapté du roman Le Meunier hurlant d’Arto Paasilinna (Denoël 2002), avec Bonaventure Gacon, Anaïs Demoustier, Gustave Kervern, Denis Lavant, 1 h 47, sortie le 2 mai.

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