Fréquence et impact des lésions de ténosynovite aseptique de la gaine digitale chez le cheval - La Semaine Vétérinaire n° 1761 du 27/04/2018
La Semaine Vétérinaire n° 1761 du 27/04/2018

THÈSE

PRATIQUE MIXTE

Formation

Auteur(s) : LORENZA RICHARD 

Les ténosynovites aseptiques de la gaine digitale chez le cheval sont des affections souvent chroniques et complexes, car les lésions affectant les formations anatomiques voisines ou enveloppées par la gaine peuvent être associées à leur diagnostic.

Dans sa thèse vétérinaire1, Justine Bernard présente les lésions les plus fréquentes, leur impact clinique et le devenir sportif des animaux atteints, à partir des résultats d’une étude rétrospective de 102 cas issus du Centre d’imagerie et de recherche sur les affections locomotrices équines (Cirale), pôle équin normand de l’École nationale vétérinaire d’Alfort, de 2009 à 2014.

Lésions multiples diagnostiquées par l’imagerie

L’étude révèle que l’âge moyen du diagnostic, de 9,2 ans, est significativement plus élevé que la moyenne d’âge des chevaux examinés au Cirale (5,8 ans).

Les membres antérieurs sont affectés dans les deux tiers des cas. Une distension de la gaine digitale (liée à une accumulation de liquide synovial) est visible à l’examen physique chez 93 % des chevaux diagnostiqués, dont un tiers de grade 4 (le plus élevé). Une boiterie, en grande majorité de bas grade (1 à 2) est observée chez 55 % des chevaux atteints.

L’échographie et l’imagerie par résonance magnétique (IRM) sont indispensables pour l’évaluation de ces lésions. L’échographie permet dans la plupart des cas d’objectiver les formations anatomiques lésées et d’observer les mouvements de glissement entre les tendons fléchisseurs. Les anomalies observées sont souvent une effusion synoviale, notamment au niveau des récessus proximal dorsal et distal palmaire, une hypertrophie de la membrane synoviale, des calcifications de celle-ci, et des lésions tendineuses ou ligamentaires.

Les ténosynovites de la gaine digitale sont liées à l’atteinte d’au moins deux formations anatomiques de la gaine pour 75 % des membres atteints. Elles sont majoritairement associées en premier lieu à des lésions du tendon fléchisseur profond des doigts (44 % des cas), notamment au niveau de son angle latéral, pour deux tiers d’entre elles. Les lésions du tendon fléchisseur superficiel du doigt (28 % des cas) sont liées, pour 71 % d’entre elles, à l’atteinte de la manica flexoria (son angle latéral dans trois quarts des cas). Le diagnostic des lésions des formations situées en profondeur, comme le ligament palmaire (10 % des cas, surtout au niveau des antérieurs) et les ligaments sésamoïdiens distaux, ont nécessité l’utilisation de l’IRM. Enfin, aucune lésion anatomique n’a été mise en évidence chez 5 % des chevaux diagnostiqués.

Évolution favorable dans plus d’un cas sur deux

Alors que la ténotomie est le traitement principal cité dans la bibliographie, elle n’a été conseillée que dans 10 % des cas de cette étude, au profit d’un traitement médical (infiltrations de la gaine tendineuse, mise en place d’une ferrure kinésithérapique, etc.).

Le délai de retour à la compétition, qui a pu être analysé ici chez 84 chevaux sportifs, est très variable. La compétition a pu être reprise par 80 % des chevaux, et dans les 9 mois après traitement pour les trois quarts d’entre eux. De plus, dans 55 % des cas, l’évolution sportive a été favorable (niveau équivalent ou supérieur au niveau antérieur au diagnostic) durant au moins une année parmi les trois années suivant le diagnostic. Concernant l’impact des lésions, l’atteinte du tendon fléchisseur profond du doigt compromet davantage l’avenir sportif de l’animal (49 % d’entre eux ont une évolution sportive favorable, contre 57 % pour le tendon fléchisseur profond, 60 % pour le ligament palmaire et 80 % pour les ligaments sésamoïdiens ou annulaires). Enfin, la chronicité des lésions dégrade également le niveau de performances, d’où l’intérêt d’un diagnostic précoce.

1 Bernard J. « Les ténosynovites de la gaine digitale chez le cheval : étude rétrospective de 102 cas cliniques ». Thèse de doctorat vétérinaire, ENVA, 2018.

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