Comment expliquez-vous le succès des médecines vétérinaires complémentaires ? - La Semaine Vétérinaire n° 1759 du 06/04/2018
La Semaine Vétérinaire n° 1759 du 06/04/2018

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Auteur(s) : MICHAELLA IGOHO-MORADEL 

CES MÉDECINES INTÉRESSENT DE PLUS EN PLUS

Ces 15 dernières années, je me suis formée dans diverses médecines alternatives car je voulais appliquer aux animaux ce qui fonctionnait pour moi. Je constate une demande de plus en plus forte de la part des propriétaires. Souvent ils ont commencé à se soigner eux-mêmes plus naturellement et veulent faire de même pour leurs animaux. Ces médecines sont intéressantes pour les maladies chroniques (cutanées, articulaires ou encore digestives), qui sont de plus en plus fréquentes. Il est évident qu’elles ne peuvent pas être utilisées en médecine d’urgence où la médecine allopathique reste indispensable, mais elles peuvent aider un animal à récupérer après une chirurgie, par exemple. On leur reproche souvent le manque de preuves scientifiques de leur efficacité, mais elles font leurs preuves sur le terrain et, pour moi, c’est l’essentiel. Si on peut aider les animaux, sans effets secondaires de surcroît, pourquoi s’en priver ? Dans mon entourage proche de vétérinaires, je constate que ces médecines intéressent de plus en plus, il y a une vraie ouverture. Je travaille régulièrement en collaboration avec mes confrères. Il serait dommage d’opposer les médecines alternatives à la médecine allopathique, car elles peuvent être complémentaires. Enfin, il me paraît nécessaire de réduire la quantité de produits chimiques administrés aux animaux, aussi bien pour leur santé que pour l’environnement.

Magali Féroul

L’HOMÉOPATHIE EST UNE TRÈS BONNE MÉDECINE

J’exerce l’homéopathie, mais aussi la phytothérapie, la mésothérapie, l’ostéopathie (et l’allopathie quand la cause d’une maladie est connue) depuis très longtemps et je reçois de nombreux cas référés. L’homéopathie est une très bonne médecine, cela explique son succès. Par ailleurs, à l’instar de ce qui se passe en médecine humaine, et comme je le disais souvent à mes étudiants à l’École nationale vétérinaire d’Alfort, nous sommes à une époque où de plus en plus de personnes sont profondément gênées par le développement hypertechnique de la médecine allopathique, qui peut parfois engendrer une déshumanisation complète et une perte du bon sens dans le lien même qui est pourtant au coeur de notre métier. Cette question est, selon moi, d’autant plus essentielle et délicate que, par ailleurs, la médecine “moderne” vit de temps en temps des progrès formidables pour certaines pathologies, tout en connaissant (y compris en vétérinaire maintenant) la même dérive dramatique qui envahit toute notre époque : la perte de toutes limites, la recherche effrénée et affolante du toujours plus, au prix d’une très grande tension nerveuse, financière, écologique… qui conduit à oublier l’essentiel : le lien entre l’animal et la personne qui l’accompagne, et ce qu’ils désirent l’un et l’autre.

Stéphane Littner

L’EFFICACITÉ DE LA MICROKINÉSITHÉRAPIE A FAIT SON SUCCÈS

La microkinésithérapie, que je pratique depuis 18 ans, constitue aujourd’hui mon activité principale. Au début, je m’y suis intéressé pour des soins personnels. Puis, lorsque j’ai commencé à la pratiquer, j’ai constaté que cette méthode me permettait d’aller beaucoup plus loin dans la compréhension de la pathologie et dans l’efficacité qu’avec la médecine classique. Je ne me considère pas dans le boom des médecines alternatives. Plutôt que “alternatives”, j’utilise d’ailleurs les termes de “complémentaires” et “différentes”, en raison d’un abord de la santé plus global. Je me suis mis à pratiquer cette méthode de soins par conviction et par intérêt, sans en faire de la publicité. Ce n’est pas du tout une question de mode. J’ai constaté que c’est son efficacité qui en a fait son succès. C’est avant tout une méthode efficace et les gens sont intéressés par cela. Au début, je devais vanter l’intérêt de la méthode pour obtenir l’assentiment des propriétaires. Aujourd’hui, ils me contactent parce qu’ils ont entendu parler des résultats obtenus sur un animal que j’ai traité par cette méthode. Il ne s’agit pas forcément d’un réseau de personnes très branchées médecines alternatives. Certains propriétaires se sont d’abord intéressés à cette méthode pour eux-mêmes. Ils en ont constaté l’efficacité et ont fait le choix d’y avoir recours pour leurs animaux.

éRIC JACOB
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