La SNGTV déroule les grands enjeux de la profession pour demain - La Semaine Vétérinaire n° 1758 du 06/04/2018
La Semaine Vétérinaire n° 1758 du 06/04/2018

ASSEMBLÉE GÉNÉRALE

PRATIQUE MIXTE

L'ACTU

Auteur(s) : CLOTHILDE BARDE 

Pour leur assemblée générale, les membres de la Société nationale des groupements techniques vétérinaires (SNGTV) ont, une nouvelle fois, été accueillis au siège de l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE) afin d’évoquer les diverses actions menées au cours de l’année par l’association, ainsi que les projets à venir. À cette occasion, plusieurs intervenants se sont succédé pour évoquer leurs visions et leurs attentes futures pour la profession en zone rurale.

Le 28 mars dernier s’est tenue l’assemblée générale 2018 de la Société nationale des groupements techniques vétérinaires (SNGTV), au cours de laquelle les enjeux futurs de la profession ont été mis en avant, dans le cadre d’une évolution des modèles agricoles et d’une volonté politique forte de maintenir un réseau de vétérinaires, acteurs majeurs du monde agricole sur le territoire français.

De nouveaux modèles agricoles

« La France est le pays des 1 000 modèles agricoles, c’est une force pour notre pays. Il est important de les conserver et de les faire coexister », a rappelé à cette occasion Joël Limouzin, vice-président de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA). En effet, les évolutions importantes du modèle économique et social de l’élevage, qui avaient déjà été mises en avant dans le bilan des états généraux de l’alimentation (EGA)1, ont été confirmées dans les premières conclusions du rapport VetFuturs France2. Dans ce contexte, et face à des attentes sociétales de plus en plus fortes ainsi qu’à des menaces répétées de crises épidémio-sanitaires, les vétérinaires ont un rôle majeur à jouer.

Christophe Buhot, chef de projet du rapport Vetfuturs, a ainsi indiqué qu’en 2030, il y aurait certainement moins d’exploitations d’animaux de rente sur notre territoire, mais que celles-ci seraient de tailles plus importantes. Elles seront plus modernes et devront répondre à un enjeu majeur : l’augmentation des besoins protéiques mondiaux (liée à l’accroissement de la population). Pour cela, les vétérinaires auront toute leur part à jouer via leurs missions de garants de la santé animale (prévention, surveillance et soins).

Des risques inédits

De nouveaux phénomènes de résistance pourraient aussi se développer à l’avenir. À ce sujet, le ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation, Stéphane Travert, a d’ailleurs félicité les vétérinaires pour les « résultats très encourageants en termes de lutte contre l’antibiorésistance » déjà obtenus. La réduction constatée de 37 % en cinq ans des antibiotiques utilisés a été au-delà des objectifs escomptés de 25 % et les SNGTV travaillent actuellement activement avec la Direction générale de l’alimentation (DGAL) pour piloter le second plan ÉcoAntibio 2017-2021. De même, dans son discours d’introduction, la directrice générale de l’OIE, Monique Eloit, a rappelé l’enjeu essentiel de l’utilisation raisonnée des médicaments vétérinaires (antibiotiques et antiparasitaires). Elle a ainsi souligné l’importance d’établir des « réseaux de collaboration efficaces entre les différents acteurs concernés » (vétérinaires, mais aussi professionnels de la santé humaine et animale).

Un autre enjeu de taille, face à une population en constante mobilité, est celui du risque d’émergence de nouvelles maladies animales. Pour faire face, l’OIE s’est lancé le défi de former des paraprofessionnels non vétérinaires à travers le monde, afin de gérer de manière plus efficace la prophylaxie dans certaines régions. En parallèle, les SNGTV élaborent des plans de lutte contre les maladies émergentes, notamment via le déploiement d’observatoires de la mortalité (Oscar3, par exemple) et via la proposition de formations adaptées.

Des attentes sociétales fortes

Par ailleurs, l’assurance pour le consommateur de disposer d’une alimentation saine, axe prioritaire des EGA, implique une collaboration des vétérinaires ruraux. Stéphane Travert a ainsi rappelé l’importance de « maintenir le modèle sanitaire actuel, qui repose sur un trépied solide : État, vétérinaires et laboratoires d’analyses, éleveurs ». Et, Patrick Dehaumont, directeur général de l’alimentation, a indiqué qu’en ce qui concerne la gouvernance sanitaire (gestion et prévention des risques), à la suite d’une concertation des différents acteurs, la DGAL devrait rapidement redéfinir une stratégie collective et ajuster, si besoin, les dispositifs actuels.

Enfin, un meilleur respect du bien-être animal, attente sociétale majeure, requiert la mise en place d’un « binôme fort éleveur-vétérinaire », selon Joël Limouzin. La SNGTV s’implique dans cette mission par sa coopération (proposition de formations), avec la première chaire de formation sur le bien-être animal mise en place cette année à VetAgro Sup.

Un réseau de vétérinaires ruraux

Le dernier grand enjeu, évoqué par le sous-directeur de la santé et de la protection animale à la DGAL, Laurent Rivière, est d’assurer un maillage vétérinaire sur tout le territoire. Le constat a été fait dans les premières conclusions du rapport Vetfuturs : le monde rural se renouvelle peu. Des territoires français sont désertés par les populations et les services de l’État, il est donc difficile de motiver les vétérinaires à y aller. Pour faire face à cela, le gouvernement a élaboré une feuille de route pour 2018-20204 présentant les huit axes de réflexion autour desquels les différents intervenants du monde rural, dont la SNGTV, doivent se réunir pour trouver des solutions nouvelles.

La SNGTV est un acteur majeur de ce projet. En effet, l’association pilote trois de ces axes stratégiques concernant les relations professionnelles éleveurs-vétérinaires et intervient dans les actions menées. C’est notamment le cas avec le renforcement de ses activités de formation continue, mais aussi de formation initiale. Le développement des stages tutorés longs en rural pour les étudiants des écoles nationales vétérinaires en est un exemple. Ces derniers, financés chaque année par la DGAL, rencontrent un succès grandissant avec, pour la troisième édition, le nombre de 50 stages atteint.

Par ailleurs, la relation qui se noue entre les divers acteurs de la filière production animale, dont les vétérinaires, et le milieu agricole sera étudiée dans cette feuille de route. La contractualisation éleveur-vétérinaire, sur laquelle Joël Limouzin a insisté lors de son intervention, et la détermination des données technico-économiques d’élevage, intéressantes pour les vétérinaires, sont des pistes évoquées. Des solutions pour rendre le territoire plus attractif, pérenniser l’activité des vétérinaires et des éleveurs et rendre l’économie vétérinaire agricole durable doivent aussi être étudiées. Enfin, le rôle du vétérinaire en épidémiosurveillance sera évalué dans le cadre de la plateforme d’épidémiosurveillance en santé animale (ESA).

La SNGTV, acteur majeur pour l’avenir de la profession

La feuille de route suivie par l’OIE à l’échelle internationale ainsi que les thématiques abordées par le ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation résonnent au niveau national avec les grandes missions lancées par la SNGTV. Ainsi, l’association, par son implication importante dans des missions techniques, dans ses fonctions de représentation des vétérinaires de terrain, dans sa stratégie de formation, mais aussi dans les questionnements sur l’avenir de notre profession, a pris conscience des grands enjeux à venir pour notre profession et, selon Christophe Brard, président de la SNGTV, « poursuivra ses missions en ce sens avec constance et pragmatisme pour avancer ensemble vers un avenir ».

1 Projet de loi pour l’équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et alimentaire et une alimentation saine et durable, présenté par le ministre Stéphane Travert, le 31 janvier dernier.

2 bit.ly/2JhE92V.

3 Observatoire et suivi des causes d’avortement chez les ruminants.

4 « Réseau de vétérinaires dans les territoires ruraux et en productions animales ».

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