Contrefaçon : un sujet qui mobilise ! - La Semaine Vétérinaire n° 1758 du 06/04/2018
La Semaine Vétérinaire n° 1758 du 06/04/2018

MÉDICAMENTS VÉTÉRINAIRES

ACTU

Auteur(s) : MICHAELLA IGOHO-MORADEL 

Les trois académies – médecine, pharmacie et vétérinaire – et les trois Ordres respectifs réitèrent leur appel solennel aux pouvoirs publics afin de lutter contre la contrefaçon de produits de santé.

Plus meurtrier que le paludisme, plus rentable que la drogue, le trafic criminel des médicaments falsifiés est un drame sanitaire et économique d’ampleur mondiale », indiquent les trois académies – médecine, pharmacie et vétérinaire – et les trois Ordres respectifs, dans un communiqué de presse1 conjoint publié en mars dernier. La contrefaçon est une problématique qui les inquiète particulièrement. En décembre 2015, un rapport de l’Académie nationale de médecine, cosigné par l’Académie nationale de pharmacie et l’Académie vétérinaire de France, alertait sur les conséquences sanitaires dramatiques de la falsification des médicaments. En avril 2016, elles signaient un manifeste afin de sensibiliser les pouvoirs publics aux conséquences de ces trafics tant sur la santé humaine que sur la santé animale.

Plus qu’un mythe, une réalité

Le médicament vétérinaire n’est pas plus épargné par la contrefaçon et la falsification que le médicament à usage humain. « L’arnaque thérapeutique que constituent les médicaments falsifiés alimente la défiance envers les systèmes de santé, freine le développement économique des pays et contribue à l’augmentation des résistances aux traitements antibiotiques, antipaludiques et antirétroviraux, risquant de compromettre des décennies de progrès contre des pathologies majeures », dénoncent les trois académies. Un rapport2, publié en 2016 par l’Institut de recherche anti-contrefaçon de médicaments (IRACM), sur les faux médicaments vétérinaires révélait que « depuis quelques années, les saisies se multiplient, attestant d’une intensification du trafic sur un marché caractérisé par une grande liberté tarifaire appliquée à des produits non remboursés ». Plus qu’un mythe, les trafics illicites de spécialités vétérinaires tendent donc à se développer. La France reste encore épargnée par ce phénomène car aucun produit vétérinaire contrefait n’a été détecté. Mais ce n’est pas le cas pour d’autres pays. En février 2018, le service espagnol de contrôle des médicaments du ministère de la Santé a annoncé avoir retiré du marché, l’an dernier, 552 produits alimentaires et 16 médicaments vétérinaires en raison d’un manque de qualité, de problèmes d’étiquetage ou de publicités susceptibles d’induire en erreur. En juin 2017, des antiparasitaires vétérinaires illicites étaient saisis en Irlande. En janvier 2018, les autorités argentines démantelaient un laboratoire clandestin fabriquant de faux médicaments vétérinaires.

Une lutte qui s’organise

La contrefaçon ou les trafics illicites de spécialités vétérinaires constituent un danger pour les animaux, victimes des contrefacteurs, mais aussi une tromperie pour les propriétaires, qui ne se procurent pas des produits de qualité. Jean-Pierre Orand, directeur de l’Agence nationale du médicament vétérinaire (ANMV), indiquait en septembre dernier collaborer avec des agences de pays tiers afin de détecter en amont des médicaments vétérinaires falsifiés vendus notamment sur Internet. L’agence milite afin de lancer une opération internationale de lutte contre le trafic de faux médicaments vétérinaires. Du côté des laboratoires, la lutte s’organise également. Le Syndicat de l’industrie du médicament et réactif vétérinaires (SIMV) collabore avec les autorités compétentes, telles que l’Office central de lutte contre les atteintes à l’environnement et à la santé publique (Oclaesp). Il signale également à l’ANMV des sites internet, généralement basés à l’étranger, qui proposent à l’importation des médicaments vétérinaires interdits en France. Par ailleurs, le projet de règlement européen sur le médicament vétérinaire devrait permettre de garantir qu’un site de vente est bien licite.

1 bit.ly/2GyF39z.

2 bit.ly/2IobZCa.

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