- La Semaine Vétérinaire n° 1758 du 06/04/2018
La Semaine Vétérinaire n° 1758 du 06/04/2018

REVUE DE PRESSE

PRATIQUE MIXTE

Formation

EFFICACITÉ DE LA DÉCONTAMINATION DES CAISSES ET DES VÉHICULES DE TRANSPORT DE CANARD

Lors de l’épizootie d’influenza aviaire à H5N8 de 2016-2017, les chercheurs de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) se sont penchés sur l’efficacité des procédures de nettoyage/désinfection (N&D) des véhicules et des caisses de transport. L’objectif était de comparer la fréquence d’isolement du génome viral d’influenza aviaire (IA) avant et après décontamination. Ainsi, les chercheurs ont procédé à des prélèvements, dans quatre abattoirs situés dans le Gers (2), les Landes (1) et les Pyrénées-Atlantiques (1) : extérieur du camion, cabine, roues, caisses et aire de déchargement et de lavage des véhicules. Les protocoles de N&D étaient variables d’un abattoir à l’autre, en particulier pour les caisses de transport. Quatre des visites impliquaient des lots infectés.
Sur les 340 prélèvements réalisés avant N&D, 86 sont revenus positifs après RT-PCR1 gène M (25 %), avec une forte disparité entre les sites. Sur les 86 résultats positifs, 74 concernaient les caisses de transport (86 %). Sur les 18 camions prélevés, sept sont revenus positifs pour les prélèvements extérieur et intérieur, sachant que ces sept véhicules transportaient des caisses contaminées. Le gène H5 a été détecté dans 15 prélèvements parmi les 86 positifs, la majorité de la positivité étant le fait d’un seul site de prélèvement sur une même journée.
Sur les 350 prélèvements réalisés après N&D, 56 sont revenus positifs (16 %), et concernaient surtout les caisses de transport. De plus, huit camions sur 18 étaient positifs. Deux étaient positifs pour les prélèvements effectués dans la cabine2. Dans un abattoir, une contamination de deux caisses de deux chargements différents a été détectée alors que l’analyse était revenue négative avant N&D, suggérant une contamination croisée, à relier à une étape de trempage insuffisamment maîtrisée. Si la positivité ne permet pas de rendre compte du potentiel infectieux du virus, l’étude a montré qu’il est possible de réduire fortement une contamination initiale. De plus, le chiffonnage-écouvillonnage, utilisé pour réaliser les prélèvements de l’étude, et associé à une RT-PCR gène M, apparaît comme une méthode efficace pour contrôler l’efficacité du N&D.


1 Reverse transcription-polymerase chain reaction.
2 Participation des chauffeurs au déchargement des canards.
Huneau-Salaün A., Scoizec A., Thomas R., Le Bouquin S. Efficacité de la décontamination des caisses et des véhicules de transport de canard : observations de terrain durant l’épizootie d’influenza aviaire H5N8 en France en 2017. Bull. épidémiologique, santé animale et alimentation. 2017;80(2):6-9.

LE RÔLE DE LA FAUNE SAUVAGE DANS L’ÉPIZOOTIE D’INFLUENZA AVIAIRE 2016-2017

Le bilan de la surveillance de l’avifaune sauvage durant l’épizootie d’influenza aviaire hautement pathogène (IAHP) H5N8 de 2016-2017 a révélé un faible nombre d’animaux atteints. Les résultats ont été fondés sur trois types de surveillance. La première consiste en une surveillance événementielle de la mortalité des oiseaux sauvages, via le réseau Sagir1. Au total, 90 oiseaux ont été trouvés positifs en H5 HP, la plupart étant des cas sporadiques, représentés majoritairement par les anatidés2. Une surveillance supplémentaire a été mise en œuvre au début de la crise, dans dix zones critiques (carte). Plus de 400 000 oiseaux vivants ont été observés, 20 oiseaux morts détectés, dont quatre analysés tous négatifs. Enfin, une surveillance active impliquait de prélever huit espèces d’oiseaux de décembre 2016 àjanvier 2017, commensaux de 29 foyers domestiques d’IAHP. Sur 324 oiseaux capturés, tous se sont révélés négatifs. À la différence de l’Allemagne, de la Suisse ou des Pays-Bas, où un grand nombre d’oiseaux migrateurs étaient infectés, la France a été moins concernée par des cas d’influenza en avifaune sauvage. Ces résultats pourraient être liés au fait que le pays est éloigné des zones de reproduction des oiseaux sauvages situées dans le nord-est de l’Europe. Pour autant, l’hypothèse admise est que les oiseaux migrateurs ont introduit le virus en Europe de l’Ouest, qui a trouvé, selon les pays, « un relais particulièrement favorable à son développement ».


1 Surveiller les maladies de la faune sauvage pour agir.
2 Oies, cygnes, canards.
Van De Wiele A., Humeau A., Bronner A. et coll. Épisode H5N8 d’influenza aviaire en France en 2016-2017 : quel rôle pour la faune sauvage ? Bull. épidémiologique, santé animale et alimentation. 2017;79(7):27-31.
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