Où est le spécialiste ? - La Semaine Vétérinaire n° 1757 du 30/03/2018
La Semaine Vétérinaire n° 1757 du 30/03/2018

Edito

Auteur(s) : TANIT HALFON 

En France, on dénombre 19 vétérinaires spécialistes membres du collège européen1 sur 1 000 praticiens. Un bon ratio ? Bien qu’au-dessus de la moyenne européenne (16,1/1 000), la France est nettement distancée par le Royaume-Uni (58/1 000), la Suède (48/1 000), les Pays-Bas (44/1 000), l’Autriche (37/1 000) ou encore la Belgique (29/1 000). Pour les auteurs du dernier rapport du Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux (CGAAER), François Gerster et Vincent Steinmetz, que La Semaine Vétérinaire a pu se procurer, ce ratio est insuffisant, face à des propriétaires « de plus en plus enclins à mobiliser des moyens (incluant la médecine spécialisée) pour le bien-être de leur animal ». Si ce retard est préoccupant, il ne doit pas masquer une problématique de taille, et objet du rapport : l’insuffisance du développement de la médecine vétérinaire spécialisée des animaux de compagnie et de sport dans les écoles nationales vétérinaires (ENV). Selon les auteurs, elles « n’ont plus le monopole du diplôme de vétérinaire spécialiste, sur le plan tant de la formation initiale que de la formation continue ». « Plus inquiétant », les vétérinaires spécialistes membres du collège européen désertent les écoles. En 2017, ils n’étaient que 30 % à exercer dans le secteur académique. En comparaison, en Belgique, le ratio public-privé s’élève à 63/37. De plus, quand les deux facultés vétérinaires belges totalisent 53 spécialistes, les quatre écoles françaises en comptent 52… Avec une grande disparité de répartition, certains collégiens n’étant représentés que dans une seule école. Ainsi, Alfort a l’exclusivité de la cardiologie, de l’ophtalmologie et de la neurologie. Certaines spécialités, comme l’imagerie médicale, le comportement et la dentisterie, sont absentes. Face au budget limité de l’État, le rapport pose la question de la capacité des ENV à « prendre en compte le développement de la médecine vétérinaire spécialisée en matière de formation initiale, de formation continue, de recherche et d’activités cliniques dans les centres hospitaliers universitaires vétérinaires ». Aucun doute ne doit subsister, car la présence de spécialistes « contribue à tirer vers le haut le niveau de la science vétérinaire dans tous les domaines : médecine et chirurgie pratiques, enseignement, recherche ». Mais… où sont les diplômés d’études spécialisées vétérinaires ? Ce sont les grands absents du rapport, alors que le diplôme d’études spécialisées vétérinaires (DESV) permet de se prévaloir du titre de spécialiste. Les auteurs rappellent d’ailleurs que 193 DESV au total ont été délivrés par les ENV. De 2014 à 2016, 39 vétérinaires l’ont obtenu, soit une moyenne de 13 diplômés par an. L’avenir de la spécialisation vétérinaire française serait-il déjà écrit ?●

1 Toutes spécialités confondues.

Abonné à La Semaine Vétérinaire, retrouvez
votre revue dans l'application Le Point Vétérinaire.fr