Alternatives à l’antibiothérapie chez les NAC - La Semaine Vétérinaire n° 1757 du 30/03/2018
La Semaine Vétérinaire n° 1757 du 30/03/2018

CONFÉRENCE

PRATIQUE CANINE

Formation

Auteur(s) : PIERRE DUFOUR 

Dans un contexte de manque de présentations adaptées, d’une diminution de l’utilisation des antibiotiques et d’une demande des propriétaires de solutions alternatives, la phytothérapie est tout indiquée. L’aromathérapie, médecine utilisant les huiles essentielles (HE), est particulièrement intéressante car ses nombreux composants lui confèrent des propriétés, notamment une action antibactérienne. La phytothérapie, au sens strict du terme, a, quant à elle, une action indirecte, dans la mesure où elle agit sur les fonctions émonctoires et immunitaires. Il est intéressant de les combiner.

Indications de l’aromathérapie

L’association d’HE issues du thym, de l’origan, du clou de girofle, de la cannelle feuille est particulièrement efficace sur les Escherichia coli de la poule et sur les entérites colibacillaires du lapin. Peuvent y être associées, pour le coryza mycoplasmique de la poule, des HE expectorantes, comme celles de l’eucalyptus globuleux ou du pin sylvestre. Une formule à base de cannelle de Chine, d’origan compact, de thym et d’eucalyptus globuleux donne de bons résultats sur des formes respiratoires de pasteurellose sur des rongeurs. Les HE issues du ravintsara ou de l’arbre à thé sont des antiviraux efficaces sur l’influenza ou des herpèsvirus. Complétée par de la phytothérapie, l’aromathérapie peut être utilisée contre les parasites internes : les HE d’ail ou d’arbre à thé sont intéressantes contre les ascaris. L’association d’au moins trois HE à base de thym, d’origan compact, de sarriette des montagnes et de romarin officinal est intéressante contre la coccidiose chez le lapin et la poule et les surinfections fréquentes. Le clou de girofle, le géranium rosat, la citronnelle et la lavande officinale sont intéressants dans la lutte contre la gale (des oreilles pour les lapins, et de la face ou des pattes pour les poules). Pour le traitement des mycoses, les HE d’arbre à thé, de clou de girofle et de lemongrass, diluées dans de l’huile végétale ou dans un solubilisant, peuvent être administrées dans l’eau de boisson.

Indications de la phytothérapie

L’extrait de cyprès a une action virucide. Il est également utilisé à titre préventif. L’échinacée pourpre, comparable à l’HE d’arbre à thé, a une action antibactérienne, antivirale, antifongique et antiparasitaire. La tanaisie sous forme d’extrait a une action vermifuge en partie sur les ascaris. L’armoise est active sur les oxyures. Le noyer riche a des propriétés antibactériennes et antiparasitaires, antidiarrhéiques, utiles sur les candidoses digestives ou dans le cas d’entérite infectieuse chez le lapin. Dans des cas graves, comme celui d’une pneumonie à pasteurelles, le cyprès et l’HE d’eucalyptus globuleux peuvent être associés à une antibiothérapie.

Doses et aromatogramme

Pour un aliment complémentaire, les extraits et/ou les HE utilisés sont dilués dans des excipients, dans l’eau de boisson, et sont associés à des additifs et au moins à deux matières premières alimentaires.

La posologie habituelle est de 1 à 2 ml/l (ou 1 à 2 ml/10 kg), avec au maximum 20 % d’HE dans la préparation. Pour les extraits de plantes fraîches standardisés (EPS), la dose est de 2 ml/10 kg, pour les HE elle est de 1 goutte/10 kg (avec une demi-dose pour les HE réputées caustiques avec des phénols, comme le thym, l’origan et le clou de girofle, ou des aldéhydes aromatiques, comme la cannelle), pour la teinture mère, compter 2 ml/10 kg, pour les poudres de plantes, 200 mg/10 kg, les extraits secs, 20 mg/10 kg et les macérâts glycérinés 1D, 1 goutte/10 kg.

Le surdosage peut être toxique, c’est l’association des composants et non la dose qui produira l’effet. Enfin, certains laboratoires d’analyses peuvent réaliser un aromatogramme pour sélectionner les HE les plus bactéricides vis-à-vis du germe responsable et réaliser sa préparation extemporanée, ou bien un Phytogramme®, qui permet de choisir le bon mélange d’huiles essentielles présentes dans un aliment complémentaire vis-à-vis du germe incriminé.

Bibliographie

Boucher S., Mauvisseau T. Sensibilité de Pasteurella multocida et de Staphylococcus aureus isolés sur des lapins de chair (Oryctolagus cuniculus) à des solutions phyto-aromathérapiques à l’aide de la technique du Phytogramme. Journée de la Recherche Cunicole. 2016.

Goetz P., Ghedira K. Phytothérapie anti-infectieuse. Collection Phytothérapie pratique. Springer. 2012.

Lans C., Turner N. Organic parasite control for poultry and rabbits in British Columbia, Canada. J. Ethnobiol. Ethnomed. 2011:7-21.

May P. Guide pratique de phyto-aromathérapie pour les animaux de compagnie. Med’com. 2014.

Tanghort M. Action oocysticide des huiles essentielles et leurs composés majoritaires in vitro/application in vivo sur la coccidiose sévère de la dinde. Faculté des sciences et techniques, Fès, Maroc. 2013.

Thierry Mauvisseau Praticien en volailles et lapins pour Labovet Conseil (Vendée).

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