Principales causes d’avortement chez les ruminants en France en 2017 - La Semaine Vétérinaire n° 1756 du 23/03/2018
La Semaine Vétérinaire n° 1756 du 23/03/2018

DISPOSITIF OSCAR

PRATIQUE MIXTE

L'ACTU

Auteur(s) : CLOTHILDE BARDE  

L’Observatoire et suivi des causes d’avortement chez les ruminants (Oscar), dispositif visant à recueillir et à valoriser les résultats du diagnostic différentiel des avortements, a présenté ses conclusions début mars sur la plateforme ESA.

Le bilan des principales causes d’avortement rencontrées chez les ruminants en France en 2017 a été annoncé début mars par la plateforme d’épidémiosurveillance en santé animale (ESA)1. Il présente les données saisies par les groupements de défense sanitaire (GDS) de 23 départements français (infographie) engagés dans le dispositif Oscar pour la période du 1er janvier au 19 décembre 20172. Porté de manière multipartenariale3 et animé par GDS France, ce projet de surveillance a été créé en 2016 afin d’améliorer les connaissances sur les causes infectieuses des avortements et d’adapter le diagnostic, la prévention et la lutte contre celles-ci en s’appuyant sur des protocoles de diagnostic harmonisés à l’échelle nationale. Il peut être proposé à tout cheptel confronté à une série abortive, que ces avortements soient rapprochés dans le temps ou non.

Des agents abortifs multiples

Il existe un grand nombre d’agents infectieux potentiellement abortifs chez les ruminants en France. Dans le cadre d’Oscar, ce sont les données concernant les maladies abortives dont la prévalence ou les conséquences économiques et/ou sanitaires sont fortes à l’échelle nationale qui sont concernées, mais aussi celles pour lesquelles des outils de diagnostic sont disponibles et dont les moyens de prévention et de lutte spécifiques peuvent être mis en œuvre après leur diagnostic. Concernant les bovins, les investigations portent systématiquement sur la fièvre Q, la diarrhée virale bovine (BVD) et la néosporose, tandis que pour les ovins et les caprins, la fièvre Q, la chlamydiose et la toxoplasmose sont systématiquement recherchées. Et, selon le contexte épidémiologique, l’historique de l’élevage et le tableau clinique, les GDS s’intéressent aux mycoses (notamment liés à Aspergillus), aux salmonelloses, aux chlamydioses (Chlamydia), à la listériose (Listeria monocytogenes), aux leptospiroses, aux campylobactéroses (Campylobacter fetus fetus et C. fetus venerealis), à l’anaplasmose (Anaplasma marginale) ou à l’ehrlichiose (Anaplasma phagocytophilum) chez les bovins. Chez les ovins et les caprins, les avortements dus à Listeria monocytogenes d’origine mycosique (notamment liés à Aspergillus), occasionnés par le virus de la Border disease, ainsi que ceux dus à des salmonelles (plus particulièrement Salmonella abortus ovis) peuvent éventuellement être aussi recherchés.

Des résultats prédictibles

En ce qui concerne les bovins, l’analyse des données a porté sur 434 séries abortives investiguées. Les causes infectieuses les plus fréquemment diagnostiquées étaient toujours la néosporose (14,7 % en moyenne), la fièvre Q (10,4 % en moyenne) et la BVD (7,6 % en moyenne). En moyenne, 18,2 % des cas impliquent au moins deux agents infectieux de façon concomitante et l’association la plus fréquemment rencontrée implique la BVD avec d’autres agents abortifs. En ateliers ovins, la chlamydiose (34,2 % en moyenne), la toxoplasmose (30,1 % en moyenne) et la fièvre Q (11 % en moyenne) ont encore été les principales pathologies retrouvées sur les 73 séries abortives investiguées. Et dans 26,7 % des cas, au moins deux agents infectieux sont retrouvés, l’association la plus fréquemment rencontrée étant l’implication de la chlamydiose avec la toxoplasmose. Enfin, pour les caprins, sur les 15 séries abortives investiguées, la chlamydiose, la fièvre Q et la toxoplasmose ont été diagnostiquées en majorité, mais ces résultats sont difficilement interprétables au vu du faible nombre de dépistages effectués.

Des conseils spécialisés pour les éleveurs

Cette démarche de surveillance joue un rôle important pour permettre d’améliorer la connaissance des causes infectieuses d’avortement, d’augmenter le taux d’élucidation, mais aussi de gagner en spécificité dans le diagnostic des maladies abortives, ce qui est un préalable à la mise en place de moyens de maîtrise pertinents. En effet, grâce à ces nouvelles connaissances, le vétérinaire et l’éleveur peuvent discuter des moyens de contrôle les plus appropriés pour les pathologies des animaux de l’élevage et, après évaluation du rapport coût-bénéfice, établir une stratégie de contrôle pertinente. De même, à l’échelle départementale ou régionale, ces données peuvent servir de base au développement ou à la mise en place d’actions collectives.

1 plateforme-esa.fr.

2 bit.ly/2FReQCD.

3 Plateforme ESA et représentants de la Direction générale de l’alimentation (DGAL), de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses), de l’Association française des directeurs et cadres de laboratoires vétérinaires publics d’analyses (Adilva), de la Société nationale des groupements techniques vétérinaires (SNGTV), de l’Institut de l’élevage, de Coop de France et d’Oniris.

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