Le cheval connecté accélère le pas - La Semaine Vétérinaire n° 1756 du 23/03/2018
La Semaine Vétérinaire n° 1756 du 23/03/2018

JOURNÉE DE LA RECHERCHE ÉQUINE

PRATIQUE MIXTE

L'ACTU

Auteur(s) : MARINE NEVEUX 

La journée de la recherche équine du 15 mars, outre ses sujets techniques, a mis l’accent sur le cheval connecté, avec une session spéciale “Cheval de précision”.

Les objets connectés sont un véritable phénomène de société. La filière équine n’échappe pas à cette tendance, tous les secteurs sont concernés. Plusieurs applications sont possibles : suivi du cheval au repos pour prévenir en cas de comportement anormal, lors de l’entraînement, pour améliorer les performances, le bien-être, la rentabilité de la structure, etc. Associer les professionnels et les chercheurs est primordial, il convient de raisonner en matière d’usage : des notions martelées au cours de la session spéciale “Cheval de précision” , organisée lors de la journée de la recherche équine du 15 mars.

Les objets connectés ne sont pas là pour prendre la place de l’homme, mais pour l’aider. Ils ne remplaceront jamais l’expertise du vétérinaire, le ressenti du coach, etc. Patrick Galloux, écuyer du Cadre noir de Saumur (Maine-et-Loire), agent de l’Institut français du cheval et de l'équitation (IFCE), ingénieur de projet et développement, explique que « dans le cadre de la formation, il faut convaincre des gens qui ont leurs propres habitudes et usages. Il est parfois difficile de le faire sans disposer de valeurs. Ces outils permettent de s’appuyer sur des valeurs ».

De multiples utilisations

Notre consœur Claire Leleu, présidente de la société Equi-Test, est venue présenter des exemples d’application chez le cheval.

Première technique de précision : l’identification électronique, qui pourra bientôt être couplée à d’autres fonctions.

Arrivent aussi dans les écuries de course des distributeurs de concentrés et le contrôle de la consommation d’eau grâce à des abreuvoirs connecté. « Le suivi du poids de forme fournit des informations très intéressantes, si ces données sont numérisées de façon automatique, de manière à déterminer un poids de forme. Cela permet d’éviter le surentraînement », poursuit notre consœur.

La puce électronique sert à assurer le suivi de la température corporelle et détecte les variations sans prise de température rectale.

Pour l’analyse du geste sportif, les systèmes accélérométriques développés permettent de récupérer des données biomécaniques. Sur le plan pathologique, les systèmes connectés présentent l’intérêt de détecter et de quantifier des boiteries.

Chez les chevaux de course, la vitesse est un élément basique de suivi. La mesure de la fréquence cardiaque (FC) est importante, car elle est corrélée à la performance. La société Polar a, par exemple, développé des systèmes utilisables sur le terrain (sangle sur laquelle se fixe un système Bluetooth).

Arrivent de nouveaux acteurs et start-up, comme la société Arioneo et son équimètre : un boitier recueille des données de vitesse, de FC ou encore de locomotion. La société Waook s’intéresse aussi à la mesure, grâce aux nouvelles technologies, de la FC et des lactates, notamment.

Des « moyens et non des fins »

Les conditions pour en bénéficier sont nombreuses : en plus de la connectivité du milieu rural, la qualité des données est fondamentale. Pour que celles-ci soient utiles, elle doit être vérifiée au niveau des capteurs, des algorithmes, de l’utilisateur final. C’est la clé de l’appropriation de l’utilisateur et des professionnels.

« Ces objets connectés sont vraiment des moyens et non des fins, ce ne sont que des aides à la décision », explique Claire Leleu, qui préconise aussi une clarification quant à l’utilisation des data et à la confidentialité, indispensable pour gagner la confiance des utilisateurs.

Aude Caussarieu, du laboratoire de physique de l’école normale supérieure de Lyon (Rhône), s’interroge également sur la fiabilité des mesures : « Pour comparer deux valeurs, il faut connaître l’incertitude sur les mesures ». S’agissant des podomètres à usage humain, il peut y avoir jusqu’à 30 % d’erreurs dans les relevés des produits ; pour la fréquence cardiaque au poignet, jusqu’à 50 % d’erreurs ; donc « il faut s’interroger sur le matériel ». Aude Caussarieu recommande d’utiliser du matériel certifié ou validé, de répéter les mesures pour se rendre compte de la variabilité et de ne pas faire des mesures par deux appareils différents.

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