Le medical training chez le cheval - La Semaine Vétérinaire n° 1754 du 09/03/2018
La Semaine Vétérinaire n° 1754 du 09/03/2018

THÈSE

PRATIQUE MIXTE

Formation

Auteur(s) : MARINE NEVEUX 

Le travail de thèse vétérinaire de Léa Gély s’intéresse au medical training, une approche que nos confrères des zoos connaissent bien depuis plusieurs années, mais qui ne s’ancre que progressivement dans les cliniques vétérinaires, qu’elles soient canines ou mixtes.

Les bénéfices dans la relation avec l’animal, mais aussi pour la protection du vétérinaire, sont pourtant intéressants. D’autant que les praticiens – en particulier équins1– sont souvent exposés à un haut risque d’accident, comme l’a rappelé récemment une étude au Royaume-Uni. Ce travail de thèse arrive ainsi à point nommé pour la filière équine.

Notre consœur a d’abord étudié la cognition du cheval pour comprendre l’optimisation de l’apprentissage. Complètes, ses investigations intègrent aussi le comportement du cheval, l’utilisation des renforcements positif, négatif, etc., et elles montrent notamment que non seulement le renforcement positif est plus favorable au bien-être du cheval, mais qu’il facilite aussi la mémoire à long terme et les interactions positives avec l’homme.

Léa Gély fait ensuite le tour des méthodes de contention physiques et médicales : harnachements (par exemple, le chifney), pli de peau, tord-nez, contention chimique, etc. Mais la contention physique n’abaisse pas la peur et le stress du cheval, et elle l’intensifie même, en engendrant la mémorisation d’une expérience négative de l’intervention vétérinaire. La contention chimique est largement utilisée par les praticiens et a le double avantage de limiter les réactions de l’animal et sa conscience, mais son utilisation peut être limitée par des effets secondaires ou des contre-indications.

Le clicker training

Le clicker training est du conditionnement. Il associe un stimulus, le son du clicker, à un autre stimulus, la récompense sous forme de nourriture. L’objet utilisé peut être un clicker ou tout autre signal neutre (claquement de langue, message verbal, etc.). « Le clicker training est un conditionnement opérant et repose sur l’utilisation d’un renforçateur secondaire (clic) annonciateur d’un renforçateur primaire (nourriture) », détaille notre consœur. C’est la motivation pour le renforçateur qui pousse le cheval à apprendre le comportement désiré.

Cette mouvance pour les méthodes d’entraînement “positives” se retrouve également dans les techniques actuelles d’équitation, qui se veulent plus douces, fondées non pas sur la contrainte, mais sur des interactions positives.

De multiples bénéfices

Il est intéressant aussi d’observer que le clicker training peut être utilisé pour accroître la communication entre le cavalier et le cheval. Les bénéfices sont donc multiples, entre le bien-être animal, une meilleure relation homme-animal, une diminution du stress chez ce dernier, ainsi que chez l’homme qui gravite autour du cheval et dont la sécurité des interventions comme leur durée sont améliorées.

Une mise en place réfléchie

Cette technique nécessite du temps et de la régularité. Si l’entraînement quotidien est conseillé, quelques séances par semaine peuvent suffire. Mais c’est un gain de temps dans les soins quotidiens et les examens vétérinaires. « Pour utiliser la méthode du medical training en toute sécurité, il faut tout d’abord veiller au respect de l’équilibre entre motivation et frustration », rappelle Léa Gély. Des règles sont en effet à respecter pour éviter des comportements indésirables, comme l’impatience, des investigations orales, l’agressivité.

Enfin, notre consœur fournit dans sa thèse des exemples d’exercices précis, avec les étapes à respecter, les erreurs à ne pas commettre et les critères de réussite. Un travail pionnier et donc riche d’enseignements pratiques selon l’objectif fixé : soins aux yeux ou aux oreilles, injections et prises de sang, vermifugation per os, etc.

1 Voir La Semaine Vétérinaire n° 1728 du 15/7/2017, page 30.

Source : Léa Gély. « Intérêt de l’utilisation de l’entraînement aux soins (medical training) chez les chevaux ». Thèse de doctorat vétérinaire, ENVA, 2018.

Abonné à La Semaine Vétérinaire, retrouvez
votre revue dans l'application Le Point Vétérinaire.fr