La Belle et la Bête a quatique - La Semaine Vétérinaire n° 1751 du 10/02/2018
La Semaine Vétérinaire n° 1751 du 10/02/2018

FILM

DITES-NOUS TOUT

Auteur(s) : MICHEL BERTROU 

Lion d’or à Venise et multinominé pour la prochaine cérémonie des Oscars (le 4 mars), La Forme de l’eau illustre le meilleur du cinéma de Guillermo del Toro (réalisateur en 2006 du Labyrinthe de Pan) et d’Hollywood. Sa forme inspirée est un hommage à l’âge d’or du cinéma américain et transfigure le chef-d’œuvre de Jack Arnold : L’Étrange Créature du lac noir (1954).

1962. Capturé en Amérique du Sud, un énigmatique animal amphibie (forme humaine, écailles et yeux de poisson) est transféré dans un laboratoire ultrasecret de l’armée américaine pour faire l’objet d’expériences aussi obscures que brutales, sous la houlette d’un agent fédéral zélé, pur produit de l’arrogance et de la paranoïa de l’Amérique à l’apogée de la guerre froide. Une jeune femme muette, agent d’entretien du laboratoire, découvre la créature et, fascinée, parvient à nouer contact avec elle. L’éveil alors d’un désir sensuel partagé donnera à Elisa l’audace d’imaginer un plan pour libérer l’amphibien de ses bourreaux. Mêlés au contexte historique tendu, la romance et le fantastique, en exacerbant les meilleures et les pires attitudes, questionnent le monstrueux, thème cher au réalisateur. Alors que le subtil travail des décors et des couleurs, la virtuosité du récit et la belle intimité entre la jeune femme et l’être surnaturel nous immergent dans un univers onirique et aquatique envoûtant, la cruauté du conte dénonce la discrimination et le cynisme d’une Amérique d’hier… qui gangrène aussi celle d’aujourd’hui.

La Forme de l’eau de Guillermo del Toro, avec Sally Hawkins, Michael Shannon, Richard Jenkins, Octavia Spencer, Michael Stuhlbarg, Doug Jones (l’amphibien), 2 h 03, sortie le 21 février.

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