Comment valorisez-vous vos actes ? - La Semaine Vétérinaire n° 1751 du 10/02/2018
La Semaine Vétérinaire n° 1751 du 10/02/2018

FORUM

@... VOUS !

FORUM

Auteur(s) : CLÉMENTINE KERVINIO 

À L’AIDE DE FORFAITS ANNUELS DE SUIVI

En rurale, nous avons historiquement sous-valorisé nos actes, puisque notre revenu était compensé par la vente de médicaments. Il est difficile de faire marche arrière, car les éleveurs sont habitués à ne pas nous payer à notre juste valeur, même s’ils en sont conscients. Dans notre structure, nous travaillons sur la mise en place de forfaits annuels de suivi d’élevage pour valoriser nos actes, englobant des visites régulières d’optimisation des performances et tous les actes. Il a fallu lancer cette offre et, progressivement, nous avons motivé une demande. Les visites d’élevage sortent du contexte de la médecine individuelle et cette approche est appréciée des jeunes éleveurs et des grands élevages, qui y voient une façon d’optimiser leurs gains et de gérer leur entreprise : fini le rôle unique de “vétérinaire pompier”. Il faut oser facturer ces forfaits, qui exigent des compétences et du temps, et que cet investissement soit rentable pour les éleveurs. En contrôlant les paramètres sanitaires du cheptel, beaucoup de troubles métaboliques et de maladies sont évités ; la reproduction, la quantité et la qualité du lait sont optimisées. Par ailleurs, les problèmes à traiter étant moindres, nous vendons moins de médicaments.


Christian Huaux

AIDER LE PROPRIÉTAIRE À COMPRENDRE NOS ACTES

Nos actes sont valorisés par une information permanente sur ce que nous faisons en pratique. Des devis et des factures détaillés sont systématiquement édités afin que les propriétaires comprennent ce qui va être entrepris. Par exemple, le terme “ovariectomie” y est remplacé par “pose de cathéter, anesthésie, chirurgie, injections”. Nous faisons signer des contrats de soins, qui permettent d’obtenir une visibilité et une meilleure compréhension de ce qui va être réalisé, ainsi que l’engagement et l’implication du propriétaire. Plus il aura d’explications sur ce qui est mis en place pour soigner son animal, mieux il comprendra et respectera notre travail. Notre site internet et une brochure explicative permettent de donner des informations sur notre fonctionnement et notre plateau technique. Nous sommes ouverts 24 h/24, avec un vétérinaire sur place en permanence. Nous expliquons à nos clients que leur animal est surveillé et que pour garantir nos soins, un tarif d’hospitalisation est appliqué. Si certains propriétaires trouvent nos honoraires élevés par rapport à ceux pratiqués en province, nous leur expliquons que notre clinique est grande et adaptée au bien-être des animaux. Or chacun sait que les loyers sont bien plus onéreux à Paris qu’en province.

Jean-Marc Schaller

LA VALORISATION DES ACTES EST NOTRE AVENIR

Je valorise mes consultations de comportement grâce à mon diplôme interécoles (DIE) de vétérinaire comportementaliste, qui justifie un certain tarif. Il est cependant plus difficile de facturer une prestation intellectuelle qu’un acte concret, comme une chirurgie. Pour les consultations d’urgence, je facture le double du prix normal, de la fermeture de la clinique à minuit, puis le triple durant la nuit. Je n’hésite pas à proposer des actes (radiographies, bilans sanguins, etc.), sans en abuser. Ils font partie de nos compétences et sont nécessaires à un travail de qualité et reconnu. Je conseille d’aller au bout de la démarche diagnostique lorsque les propriétaires sont demandeurs. Pour être convaincant, je me montre sûr de moi. J’ose dire : « Votre chien doit être détartré » et obtiens de meilleurs résultats que lorsque je disais : « Il faudrait détartrer votre chien ». Je n’ai pas peur d’opérer lorsque le traitement de choix est chirurgical. Concernant mes tarifs de chirurgie, je ne fais plus de forfait, mais facture selon le temps passé (40 à 50 € par tranche de 10 minutes). Mes devis sont donc donnés sous la forme d’une fourchette de prix. Réaliser des consultations gratuites pour vendre un médicament sur ordonnance à un client de passage est aberrant. Mieux vaut l’inviter à revoir son vétérinaire traitant ou lui proposer une consultation payante. Nous gagnerions tous à faire cela !

Vincent Coupry
Abonné à La Semaine Vétérinaire, retrouvez
votre revue dans l'application Le Point Vétérinaire.fr