Stephan Mahler : « Il est possible d’opérer en supprimant toute nociception péri-opératoire » - La Semaine Vétérinaire n° 1750 du 03/02/2018
La Semaine Vétérinaire n° 1750 du 03/02/2018

ENTRETIEN

PRATIQUE CANINE

L'ACTU

Auteur(s) : PROPOS RECUEILLIS PAR VALENTINE CHAMARD  

Notre confrère Stephan Mahler est un pionnier de l’anesthésie locorégionale, qu’il a développée dans le contexte plus large d’une activité dédiée à la chirurgie, à la recherche et à l’enseignement. Un parcours récompensé par l’obtention récente d’un titre délivré par l ’International Veterinary Academy of Pain Management.

Après un exercice exclusif en chirurgie, notre confrère Stephan Mahler (N 90) s’est peu à peu consacré à la lutte contre la douleur, jusqu’à s’y dédier pleinement. Il vient d’obtenir le titre – le premier en France – de “praticien de la douleur” (Certified Veterinary Pain Practitioner) de l’International Veterinary Academy of Pain Management (encadré), récompensant son implication depuis une quinzaine d’années dans ce domaine. Son credo est la lutte contre la douleur chirurgicale, qui, selon lui, peut encore être améliorée.

Quel est votre parcours ?

J’ai toujours voulu travailler autour de trois axes : la pratique de la chirurgie, la recherche et l’enseignement. Mes emplois successifs ont cherché à développer ces thèmes. La mise en place de la spécialisation étant postérieure à ma sortie de l’école, j’ai néanmoins entamé un cursus universitaire1 pour prétendre à une carrière académique. Puis j’ai obtenu un poste d’enseignant à l’université de Trinité-et-Tobago en 2003 : l’apothéose pour moi, puisque je pouvais enfin exercer de concert mes trois passions.

Que vous a apporté votre expérience à l’étranger ?

J’ai été confronté à l’indisponibilité des morphiniques et ai cherché une solution pour pouvoir opérer dans ce contexte. Or la bupivacaïne était facilement accessible. M’appuyant sur mes différents contacts, j’ai cherché à développer l’anesthésie locorégionale, qui me permet d’opérer sans aucune douleur un animal sédaté. Ce fut le point de départ de mon aventure en lien avec la douleur ! De retour en France, j’ai exercé la chirurgie en itinérant, puis dans une clinique, tout en continuant à développer ce mode d’anesthésie (photos), jusqu’à me consacrer à la prise en charge de la douleur.

Comment vous impliquez-vous dans la recherche et l’enseignement ?

Les laboratoires (privés, Inserm2) sont demandeurs d’experts scientifiques pour les conseiller dans leurs modèles expérimentaux en recherche et développement, mission que j’accomplis grâce à mon statut d’expert scientifique agréé par le ministère et mon CEAV3 de sciences et médecine des animaux de laboratoire. Pour la valence enseignement, j’ai créé Vet’Training4, un organisme de formation en anesthésie, analgésie, urgences et soins intensifs (agréé par le comité de la formation continue vétérinaire) et je collabore au réseau CAP douleur.

Comment la prise en compte de la douleur est-elle perçue par les praticiens ?

L’analgésie et l’anesthésie sont encore trop peu reconnues en France, où elles ne permettent souvent que de valoriser des actes chirurgicaux. L’anesthésie locorégionale, en particulier, fait souvent figure de science-fiction, alors qu’elle est à la portée de tous ! Les avantages sont spectaculaires et les complications suffisamment rares pour que l’effort de les intégrer soit fait. Aujourd’hui, je dispense plus souvent mes formations dans d’autres pays européens, en Chine, aux États-Unis, en Afrique du Sud et en Grande-Bretagne… en espérant un jour pouvoir être entendu en France.

1 DEA en sciences chirurgicales, DU de microchirurgie, DU de cœliochirurgie, DU de formation des professionnels de la santé à la prise en charge de la douleur, doctorat de 3e cycle universitaire.

2 Institut national de la santé et de la recherche médicale.

3 Certificat d’études approfondies vétérinaires.

4 vet-training.com.

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