Le “sans-antibiotique” : bientôt la norme ? - La Semaine Vétérinaire n° 1750 du 03/02/2018
La Semaine Vétérinaire n° 1750 du 03/02/2018

SOCIÉTÉ

ACTU

Auteur(s) : MICHAELLA IGOHO-MORADEL 

Pour rassurer les consommateurs, le Cese encourage l’utilisation du label Sans antibiotique comme gage de qualité.

Pour renforcer la compétitivité de l’agriculture et de l’agroalimentaire français, le Conseil économique, social et environnemental (Cese) recommande de favoriser le label Sans antibiotique. Dans son avis1 publié le 24 janvier, il dit vouloir répondre aux attentes des consommateurs en matière de traçabilité des produits qu’ils consomment. Le “sans-antibiotique” devient un mode de production, au même titre que le “sans-pesticide”, quitte à donner une image négative de ces médicaments.

Une allégation trompeuse

En plus des leviers économiques et politiques, le Cese préconise de s’attarder sur les enjeux sociaux pour redynamiser les filières déficitaires. Pour s’en sortir, l’agriculture « doit s’engager vers des pratiques plus respectueuses de l’environnement et du bien-être animal ». Pour cela, l’autorité administrative veut promouvoir des labels qui valorisent les atouts des produits français. Ainsi, la production “sans antibiotique” devient un gage de qualité. Le Cese estime, en effet, qu’il convient « d’aider les acteurs à promouvoir ensemble un petit nombre de labels valorisant des atouts des produits français comme le contrôle sanitaire, la traçabilité intégrale, l’absence d’antibiotiques, de promoteurs de croissance, et le respect de l’environnement ou du bien-être animal ». Et pourtant le ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation semble plus mesuré. « L’utilisation de cette allégation est controversée et tend à être mieux encadrée », rappelait Olivier Debaere, chef du bureau des intrants et de la santé publique en élevage au sein de la Direction générale de l’alimentation (DGAL), en novembre 2017 face aux vétérinaires2. Par ailleurs, la Commission européenne s’est clairement prononcée à ce sujet en indiquant qu’il s’agissait d’une allégation trompeuse. Quant à la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF), elle planche depuis 2014 sur un projet de décret visant à encadrer la mention “Élevé sans antibiotique”. Ce texte devrait préciser, selon l’espèce, les durées minimales de non-utilisation d’antibiotiques pour recourir à cette allégation. Affaire à suivre…

1 bit.ly/2rWl1mo.

2 Voir La Semaine Vétérinaire n° 1743 du 8/12/2017, pages 54 à 59.

Abonné à La Semaine Vétérinaire, retrouvez
votre revue dans l'application Le Point Vétérinaire.fr