La perspective de nouveaux outils diagnostiques au congrès des dermatologues vétérinaires européens - La Semaine Vétérinaire n° 1750 du 03/02/2018
La Semaine Vétérinaire n° 1750 du 03/02/2018

DERMATOLOGIE

PRATIQUE CANINE

L'ACTU

Auteur(s) : THOMAS BRÉMENT 

Le congrès de l’ESVD et de l’ECVD a permis de présenter les nouveautés diagnostiques et l’arrivée de nouvelles molécules de pointe pour le traitement d’affections cutanées.

Le 29e congrès européen de dermatologie vétérinaire organisé par l’European Society of Veterinary Dermatology (ESVD) et l’European College of Veterinary Dermatology (ECVD) s’est tenu du 7 au 9 septembre derniers à Lausanne (Suisse). Il a rassemblé plus de 700 participants, dont plus de 90 vétérinaires français, spécialistes en dermatologie ou praticiens soucieux de se perfectionner dans cette discipline. De nombreux thèmes ont été abordés par une quinzaine de conférenciers, tous spécialistes reconnus dans leur discipline : l’allergologie, les nouvelles procédures diagnostiques, la leishmaniose et les maladies génétiques.

La dermoscopie promise à un essor pour le diagnostic

Patrick Hensel, praticien spécialiste en dermatologie à Bâle (Suisse), a fait le point sur les nouveautés diagnostiques. Après un retour sur les nombreux avantages du microscope, il a souligné la place croissante de la dermoscopie, une technique non invasive permettant de visualiser et d’apprécier certaines anomalies des structures cutanées (poil, vascularisation, tumeurs, etc.). En dermatologie vétérinaire, cette technique est utilisée lors de dermatophytose et dans certains cas d’alopécie non inflammatoire. L’intérêt de la polymerase chain reaction (PCR) dans la recherche et le diagnostic de dermatoses génétiques héréditaires (ichtyose, hyperkératose plantaire du dogue de Bordeaux, etc.) et infectieuses (dermatophytose, leishmaniose, certaines dermatoses virales) ont également été abordés. La fiabilité de cette technique dépend en partie de la qualité du prélèvement et les résultats doivent être interprétés à la lueur d’autres méthodes diagnostiques, notamment lors d’atteintes infectieuses, pour confirmer le diagnostic.

Le diagnostic de leishmaniose reste une gageure

Deux membres du groupe Leishvet, association de spécialistes dédiée à l’étude de la leishmaniose, sont revenus sur les méthodes diagnostiques, la clinique et le contrôle de cette maladie. Ils soulignent que le diagnostic reste difficile en raison de la variabilité des signes cliniques et biologiques associés. Il repose sur l’anamnèse, les signes cliniques et la combinaison de nombreux examens complémentaires : cytologie, histologie, sérologie et biologie moléculaire (PCR). La vaccination peut interférer avec ces résultats, rendant la démarche parfois plus complexe encore. Le pronostic et le traitement dépendent du stade clinique et des complications organiques. L’évolution reste imprévisible et nécessite un suivi régulier. Le contrôle de la maladie fait appel à la lutte antiparasitaire contre les leishmanies (antimoniate de méglumine, miltéfosine et allopurinol) et contre les insectes vecteurs (perméthrine), l’immunothérapie (dompéridone) et l’immunoprophylaxie (vaccination).

L’arrivée des anticorps monoclonaux en médecine vétérinaire

Ce congrès a également été marqué par le lancement d’une nouveauté thérapeutique dans la prise en charge de la dermatite atopique canine : le lokivetmab, premier anticorps monoclonal ciblant l’interleukine 31, développé pour le traitement du prurit, aux résultats encourageants1. Par ailleurs, Tim Nuttall, chef du service de dermatologie vétérinaire de l’université de Liverpool (Royaume-Uni), est longuement revenu sur les nouveautés thérapeutiques et a présenté une synthèse des traitements immunomodulateurs en vue de diminuer prurit et inflammation lors de dermatite atopique canine.

Les promesses de la génomique

Enfin, l’intérêt de la génomique dans l’étude et le diagnostic des maladies génétiques a été évoqué. L’étude de l’héritabilité des caractères phénotypiques et des lignées est de plus en plus complétée par l’identification, le séquençage et l’analyse des interactions entre les gènes impliqués dans l’expression de ces maladies. Certains tests sont disponibles pour diagnostiquer une anomalie génétique, mais ne sont fiables que pour des maladies déterminées par un unique variant génétique ayant une héritabilité mendélienne. Le diagnostic de maladies polygéniques complexes reste un challenge. Ces tests auraient l’avantage de permettre de repérer les animaux à risque, de prévenir la dissémination de la maladie et de développer, pour les animaux malades, des mesures thérapeutiques ciblées et individualisées.

1 Voir La Semaine Vétérinaire n° 1732 du 22/9/2017, page 28.

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