La filière cunicole française cherche un second souffle - La Semaine Vétérinaire n° 1750 du 03/02/2018
La Semaine Vétérinaire n° 1750 du 03/02/2018

ÉLEVAGE

PRATIQUE MIXTE

L'ACTU

Auteur(s) : SAMUEL BOUCHER 

Face à une consommation de viande de lapin en berne, l’interprofession de la filière cunicole, le Clipp, a publié un pacte d’avenir 2018-2025, centré notamment sur le bien-être en élevage et la réduction de l’usage des antibiotiques.

Second pays producteur de lapins en Europe derrière l’Espagne, la France possède un millier d’éleveurs et produit 54 000 tonnes de viande par an. Pourtant, la consommation alimentaire française de viande de lapin baisse1. En 2000, elle était estimée à 1,42 kg/hab/an pour arriver à 0,72 kg/hab/an en 2016, soit une diminution de 49,3 % en 16 ans. En cause, pour la filière, le manque de visibilité dans les rayons des grandes surfaces (71 % des débouchés), comme pour le veau et l’agneau. En réaction, l’interprofession, le Comité lapin interprofessionnel pour la promotion des produits français (Clipp), a publié en juin 2017 un pacte d’avenir2 2018-2022. Ce plan, suggéré par Stéphane Le Foll lorsqu’il était ministre en charge de l’agriculture, a pour objectif de dessiner le futur de la filière. Dans son discours de clôture des journées de la recherche cunicole (JRC), en novembre 2017 au Mans (Sarthe), Guy Airiau, président du Clipp, a d’ailleurs rappelé que « la filière veut répondre aux défis sociétaux, notamment en matière de bien-être animal et d’usage des antibiotiques ». Deux sujets qui concernent de près la profession vétérinaire.

Améliorer le logement des animaux

L’un des engagements forts du pacte sera de proposer d’ici deux ans une évolution du logement des lapins, en abandonnant la cage individuelle, issue du clapier ancestral et encore utilisée à plus de 95 % dans les élevages, au profit d’un logement dit alternatif, plus acceptable sur le plan sociétal. Pour ce faire, une étude est actuellement conduite pour développer de nouveaux concepts d’élevage, avec la participation d’organisations non gouvernementales de protection animale. L’objectif est de passer en cinq ans de 1 à 25 % de viande de lapin issue soit d’élevages alternatifs ou sous cahier des charges Label rouge sinon bio. Cette évolution est primordiale pour la filière, qui estime que 30 % des exploitations pourraient disparaître en cinq ans sans une adaptation de son mode d’élevage. Cependant, « cela nécessitera encore des efforts financiers et un nécessaire accompagnement des éleveurs », précise Serge Lefèvre, président de la Fédération nationale des groupements de producteurs de lapin (Fenalap). Cette proposition s’inscrit dans un contexte tendu. Cet été, la Commission européenne a réalisé une enquête sur les conditions d’élevage des lapins, à la demande du Parlement européen qui souhaite que les cuniculteurs soient encouragés à éliminer progressivement les cages traditionnelles.

Maîtriser l’usage des médicaments en élevage

Lors des JRC de novembre 2017, Dominique Le Cren, animatrice nationale du Clipp, a rappelé que « la filière a pour objectif d’aboutir à une réduction de 50 % de l’indice d’exposition Alea 3 , entre 2010 et 2020 ». Elle avait déjà atteint une baisse de 29 % entre 2010 et 2015. Pour cela, des efforts continuent à être déployés : amélioration de la conception des élevages et de l’ambiance en leur sein, augmentation de la biosécurité, recherches en nutrition et génomique, recours à des traitements alternatifs. Pour pallier la recrudescence de la maladie virale hémorragique du lapin (Rabbit viral haemorrhagic disease, RVHD), les éleveurs souhaiteraient avoir un vaccin dont le coût est compatible avec leurs bénéfices, afin de pouvoir vacciner tous les lapins en phase de croissance. En effet, actuellement, seuls les adultes en bénéficient, son prix de production dépassant les bénéfices reçus pour la vente d’un lapin de chair. La maladie avait contraint les éleveurs à arrêter l’export des peaux de lapin vers l’Asie en 2014. De plus, en 2015-2016, une forte épizootie à virus RHDV (dit variant 2010) avait vu le jour et, depuis, la maladie peine à être enrayée, faute de moyens financiers suffisants.

1 Note Itavi, « Situation de la production et des marchés cunicoles », bit.ly/2E4ajfr, bit.ly/2BYdYt3.

2 bit.ly/2nAa98h.

3 Animal level of exposure to antimicrobials : indice d’exposition des animaux aux antibiotiques utilisé par l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses).

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