La borréliose de Lyme : une maladie surmédiatisée ? - La Semaine Vétérinaire n° 1750 du 03/02/2018
La Semaine Vétérinaire n° 1750 du 03/02/2018

ACADÉMIE VÉTÉRINAIRE

ACTU

Auteur(s) : MYLÈNE PANIZO  

Selon des infectiologues, la surmédiatisation de la maladie de Lyme chez l’homme n’est pas justifiée et l’interprétation des résultats sérologiques doit être réalisée avec beaucoup de précaution.

L’Académie vétérinaire de France a organisé une journée d’information sur la leptospirose et la borréliose de Lyme, le 18 janvier, à l’École nationale vétérinaire d’Alfort (ENVA). La borréliose de Lyme est une maladie infectieuse causée par des bactéries du genre Borreliella (récemment séparé taxonomiquement des Borrelia). En Europe, Ixodes ricinus est le vecteur principal de cette maladie. Chez l’homme, plus de 1 million de cas par an sont référencés dans le monde, avec une mortalité inférieure à 1 %. En France, en 2016, l’incidence est estimée à 54 647 cas, le double de celle de 2014 (source : réseau Sentinelle).

Le contexte épidémio-clinique prime sur la sérologie

La recrudescence de cette maladie est controversée, certains experts dénonçant une surmédiatisation récente par le biais des médias, des réseaux sociaux et de certaines associations. C’est le cas du Pr François Bricaire (service des maladies infectieuses et tropicales de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris), qui constate une revendication de plus en plus importante chez les patients, qui peut aboutir à un diagnostic surévalué de la borréliose de Lyme. Or, pour l’infectiologue, le diagnostic est souvent aisé grâce au contexte épidémio-clinique. En effet, chez l’homme, l’érythème migrant est une lésion précoce présente dans 80 % des cas, très évocatrice de cette maladie. En phase débutante, une fièvre, une fatigue et une arthralgie sont généralement présentes.

Une chronicité non établie

L’infection devient systémique dans 10 à 20 % des cas, les symptômes sont alors peu spécifiques et variés (signes principalement neurologiques, articulaires et cutanés) et ils peuvent persister pendant plusieurs années. Cependant, selon François Bricaire, il n’y a pas de preuve scientifique de l’existence d’une maladie de Lyme chronique. Une possible co-infection (la tique transmettant d’autres agents infectieux) peut expliquer certaines symptomatologies atypiques.

Chez le chien, la plupart des infections sont asymptomatiques, rappelle Henri-Jean Boulouis, de l’unité biologie moléculaire et immunologie parasitaires et fongiques de l’ENVA. Lorsque des symptômes apparaissent, il s’agit, en phase précoce, d’une fièvre, d’une anorexie, d’une léthargie, puis, principalement, d’arthrite. Une glomérulonéphrite souvent mortelle a été également décrite dans de rares cas. Exceptionnellement, d’autres atteintes ont été constatées : myosite, myocardite et symptômes neurologiques.

95 % des chiens séropositifs sont asymptomatiques

Le diagnostic hors contexte épidémio-clinique évocateur est difficile à établir. Chez l’homme comme chez les animaux, la bactériémie est fugace et les spirochètes sont peu abondants dans les tissus. Le diagnostic, en général sérologique, est réalisé en deux temps (un Elisa, puis un immunoblot). Cependant, une sérologie positive indique uniquement un contact avec les bactéries en cause, mais la plupart des séropositifs ne développeront aucun symptôme en rapport avec une borréliose.Chez le chien, par exemple, 95 % des séropositifs sont asymptomatiques.

La réponse au traitement antibiotique (doxycycline) est très satisfaisante, que ce soit chez l’homme ou chez l’animal, soulignent les conférenciers.

Pour l’homme, la prévention passe par une protection individuelle (port de vêtements longs et de chaussures) et la vérification, au retour des promenades, de la présence d’éventuelles tiques. En ce qui concerne le chien, l’utilisation d’antiparasitaires externes actifs contre les tiques est la prévention la plus efficace. Il existe également un vaccin, dont l’efficacité reste difficile à prouver.

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