L’ American Animal Hospital Association publie des recommandations sur le diabète sucré - La Semaine Vétérinaire n° 1750 du 03/02/2018
La Semaine Vétérinaire n° 1750 du 03/02/2018

ENDOCRINOLOGIE

PRATIQUE CANINE

L'ACTU

Auteur(s) : ALEXIS LECOINDRE 

Le guide de l’AAHA dévoile les lignes directrices sur la gestion du diabète chez les chiens et les chats, avec une réflexion globale sur le diagnostic, la prise en charge et le dialogue avec les propriétaires.

Un groupe d’experts réunis par l’American Animal Hospital Association a élaboré un guide1 qui reprend les éléments importants dans la prise en charge des patients diabétiques. Le diabète sucré a une étiologie multifactorielle qui oblige les praticiens à évaluer les rôles possibles du score corporel de l’animal, de son régime alimentaire, des affections concomitantes, des médicaments, du statut de stérilisation et de la prédisposition génétique. Lorsque les facteurs déterminants du diabète ont été identifiés, un plan de traitement bien défini et spécifique au cas peut être élaboré. Le diabète sucré clinique est diagnostiqué sur la base d’une glycosurie persistante associée à une hyperglycémie persistante et de la présence de signes cliniques caractéristiques. La documentation d’une concentration élevée de fructosamine sérique peut être nécessaire pour confirmer le diagnostic chez les chats, en raison de l’hyperglycémie de stress pouvant être suffisamment importante pour dépasser le seuil de réabsorption rénale du glucose (250 à 300 mg/dl). Les taux de fructosamine doivent cependant être interprétés comme faisant partie d’une évaluation complète.

Insuline glargine ou protamine zinc recommandée chez le chat

L’approche initiale de la prise en charge du chat diabétique consiste à mettre en place une insulinothérapie avec de l’insuline glargine (Lantus©2) ou de l’insuline protamine zinc recombinante humaine (Prozinc©) à une dose initiale d’une à deux unités (U) par chat toutes les 12 heures. La plupart des chats sont bien régulés par l’insuline à une dose moyenne de 0,5 U/kg toutes les 12 heures. Les médicaments hypoglycémiants oraux ne sont pas jugés appropriés pour une utilisation à long terme. Celle-ci est considérée comme temporaire et seulement en association avec une modification diététique si le propriétaire refuse l’insulinothérapie ou envisage l’euthanasie de l’animal.

Insuline lente d’origine porcine pour le chien

Le traitement du diabète chez le chien nécessite toujours une insulinothérapie exogène. L’insuline lente d’origine porcine (Caninsulin©) reste la première recommandation à une dose initiale de 0,25 U/kg toutes les 12 heures, arrondie à l’unité la plus proche. La majorité des chiens sont bien contrôlés avec une dose moyenne de 0,5 U/kg deux fois par jour, avec une gamme de 0,2 à 1 U/kg. L’insuline protamine zinc peut avoir une durée d’action trop prolongée chez le chien, mais peut être envisagée selon un schéma posologique d’une injection unique quotidienne, afin de minimiser les risques d’hypoglycémie et/ou d’effet Somogyi.

Contrôler les symptômes et éviter l’hypoglycémie

L’objectif primordial de la surveillance des chiens et des chats diabétiques est de contrôler les signes cliniques de diabète, tout en évitant l’hypoglycémie. Contrairement à la médecine humaine, l’objectif chez l’animal n’est pas nécessairement de normaliser la glycémie, mais de la maintenir sous le seuil rénal (200 mg/dl chez le chien et 250 à 300 mg/dl chez le chat) et d’éviter l’hypoglycémie. Dans les faits, la maladie peut être considérée comme contrôlée en l’absence de polyuro-polydipsie (PUPD) et si le poids reste stable.

La décision de surveiller la glycémie le premier jour du traitement par l’insuline est à la discrétion du vétérinaire. L’objectif du premier jour de surveillance est uniquement d’identifier l’hypoglycémie. Les doses d’insuline ne doivent pas être augmentées plus souvent que toutes les une à deux semaines. Par la suite, les contrôles ponctuels ne peuvent être considérés comme fiables. La surveillance passe par la réalisation de courbes de glycémie, de préférence à la maison.

Un diabète est considéré comme non équilibré lors d’un mauvais contrôle des signes cliniques. Il peut s’agir d’animaux hypo- et hyperglycémiques, lors d’une insulino-résistance3 (diminution de la réponse à l’insuline, qui se traduit par le recours à des doses supérieures à 1,5 U/kg chez le chien et à 5 U chez le chat) ou de modifications fréquentes des doses d’insuline.

1 Behrend E., Holford A., Lathan P. et coll. 2018 AAHA diabetes management guidelines for dogs and cats. J. Am. Anim. Hosp. Assoc. 2018;54:1-21.

Article consultable en ligne : bit.ly/2nqLd3N.

2 Pharmacopée humaine.

3 Maladies concomitantes communes impliquées dans la résistance à l’insuline : obésité, hypothyroïdie, hyperthyroïdie, maladie dentaire, infection (par exemple des voies urinaires), hypertriglycéridémie, hyperadrénocorticisme, maladie rénale, acromégalie, pancréatite, gestation-diestrus.

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