« L’apithérapie constitue une alternative à l’utilisation des antibiotiques » - La Semaine Vétérinaire n° 1749 du 27/01/2018
La Semaine Vétérinaire n° 1749 du 27/01/2018

ENTRETIEN AVEC PHILIPPE GARCIA

ACTU

Auteur(s) : PROPOS RECUEILLIS PAR LORENZA RICHARD 

L’utilisation des produits de la ruche, ou apithérapie, pourrait devenir une nouvelle médecine naturelle, alternative aux antibiotiques, à la portée de tous. Entretien avec Philippe Garcia, praticien à Saint-Martin-de-Crau (Bouches-du-Rhône) et vice-président de l’Association francophone d’apithérapie (AFA).

Qu’est-ce que l’apithérapie ?

Le Dr Becker, médecin généraliste et président de l’Association francophone d’apithérapie (AFA), définit l’apithérapie comme « le traitement préventif ou curatif des maladies humaines ou animales par les produits biologiques issus ou extraits du corps même de l’abeille, sécrétés par elle ou récoltés et transformés par elle ». J’ai été convaincu des bienfaits de cette médecine naturelle en utilisant les produits de la ruche dans mon exercice quotidien, puis en suivant la formation médicale proposée par l’AFA. Désormais, je suis le vice-président de l’association, qui rapproche plus de 200 professionnels de la santé (médecins, infirmiers, entre autres), dont une dizaine de vétérinaires.

Quels sont les produits de la ruche utilisables en médecine vétérinaire et pour quelles indications ?

Les indications sont nombreuses et ce, dans toutes les espèces. La plus connue est l’utilisation du miel (source d’énergie de la ruche) sur les plaies, pour ses propriétés cicatrisantes et antiseptiques, notamment. Les pelotes de pollen (riches en acides aminés essentiels et en probiotiques) peuvent être utilisées en soutien nutritionnel. La propolis (antiseptique de la ruche) dispose de propriétés anti-infectieuses, antioxydantes, anti-inflammatoires et antimitotiques : on pourrait presque penser que les abeilles ont découvert la panacée. La gelée royale est un booster hormonal et immunitaire, qui agit sur le stress et les diminutions des fonctions cognitives, mais elle est contre-indiquée lors de tumeurs hormono-dépendantes. D’autres produits sont intéressants, mais leur utilisation en pratique courante est plus difficile, comme le venin, aux propriétés antimitotiques, soit par piqûre d’abeille directement sur la zone à traiter, soit par l’utilisation d’apitoxine. Cela soulève toutefois des problèmes éthiques (mort de l’abeille avec piqûre directe ou récolte par stimulation électrique). Les broyats de larves d’abeilles, l’air de la ruche et d’autres produits sont en cours d’étude. Les premiers résultats sont d’ailleurs très encourageants.

Quel est l’intérêt de l’apithérapie pour la filière ?

Les principaux avantages de l’apithérapie sont de valoriser les remèdes naturels aux propriétés thérapeutiques remarquables – dont certaines encore inconnues – et qui peuvent être utilisés comme alternatives aux antibiotiques. La filière apicole subit une crise sans précédent. En France, elle ne produit quasiment que du miel de bouche : inciter les apiculteurs à orienter une partie de leur production vers des produits d’apithérapie médicale à forte valeur ajoutée permettrait de diversifier la production.

Tous les produits se valent-ils ?

Le problème majeur est l’accès à des produits de qualité médicale, sous une forme galénique adaptée à la pratique vétérinaire. Très peu de fabricants sont capables de fournir l’origine géographique, la provenance dans la ruche (propolis de grattage ou de grille), la technique de récolte et de conservation (absence de chauffage du miel), les concentrations en métaux lourds, en pesticides, en polyphénols, etc. L’une des priorités de l’AFA est de définir des critères de qualité auxquels les utilisateurs peuvent se référer pour choisir leurs produits. Elle souhaite également développer la recherche clinique sur les produits de la ruche, dont leurs propriétés anti-infectieuses, en thérapeutique alternative aux antibiotiques. Il existe en effet peu de publications ou d’observations cliniques en conditions de terrain, de mentions de doses et de modes d’emploi pratiques, mais les aides financières manquent pour ces travaux.

Existe-t-il des formations pour les confrères intéressés ?

L’AFA propose une formation médicale. Un module vétérinaire est en projet. Des conférences sont également prévues1.

1 https://apitherapiefrancophone.com ou afacontact@gmail.com.

Conférence apithérapie vétérinaire : 2 février 2018 à Lyon (Rhône) ; 7 février 2018 à l’École nationale vétérinaire de Toulouse.

Congrès international d’apithérapie : 25 octobre 2018 à Rouen (Seine-Maritime) ; Congrès Apimondia en 2019 à Montréal (Québec).

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