Les chevaux sont les ailes de l’homme - La Semaine Vétérinaire n° 1748 du 19/01/2018
La Semaine Vétérinaire n° 1748 du 19/01/2018

FILM

DITES-NOUS TOUT

Les Kirghizes font partie de ces peuples nomades d’Asie centrale qui ont entretenu durant des millénaires une relation fusionnelle avec leurs chevaux. Une tradition mise à mal par l’ère soviétique, l’avènement ensuite d’une économie libérale (favorisant l’enrichissement personnel et la corruption) et un islam qui s’est radicalisé. Ce déracinement culturel du Kirghizistan est au cœur du sixième long métrage d’Aktan Arym Kubat (déjà connu pour Le Fils adoptif et Le Voleur de lumière). Loin des clichés folkloriques et plus subtil qu’en opposant trop simplement le chaos moderne à l’harmonie du passé, le cinéaste nuance son vague à l’âme avec l’humour et la poésie de son regard.

Centaure (surnom donné par les villageois) mène une vie paisible avec sa femme sourde et muette et leur jeune fils. Hanté par les vieilles légendes de son peuple, il est persuadé que celui-ci, autrefois fort et uni grâce aux chevaux, fut maudit quand il se mit à considérer le noble animal comme une simple marchandise. Tentant de conjurer le sort, l’ancien projectionniste du village (le cinéma ayant été transformé en mosquée) vole la nuit (aux nouveaux riches locaux) les meilleurs pur-sang pour les chevaucher à bride abattue… avant de les relâcher. L’affaire se complique quand il est arrêté.

Un film élégiaque qui, à l’effondrement culturel qu’il décrit (dont la marchandisation du cheval est le symbole), n’oppose que la résistance à la fois humble et tragique d’un héros ordinaire (interprété par le cinéaste).

Centaure de et avec Aktan Arym Kubat, Nuraly Tursunkojoev, Zarema Asanalieva, Taalaïkan Abazova, Kirghizistan-France-Allemagne-Pays-Bas, 1 h 29, sortie le 31 janvier.

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