Valorex confirme les bienfaits de ses graines de lin “maison” - La Semaine Vétérinaire n° 1747 du 13/01/2018
La Semaine Vétérinaire n° 1747 du 13/01/2018

NUTRITION

PRATIQUE MIXTE

L'ACTU

Auteur(s) : FRÉDÉRIC THUAL   

Quel est l’impact de la graine de lin extrudée dans l’alimentation du bétail en élevage laitier ? Pendant trois ans, le fabricant d’aliment Valorex, l’école vétérinaire nantaise Oniris et l’Inra ont passé au crible 5 000 élevages français pour mesurer les performances techniques et l’impact économique de la graine de lin extrudée dans l’alimentation des troupeaux de vaches laitières.

On a trouvé une aiguille dans une botte de foin », résument les auteurs de la première étude épidémiologique mondiale en nutrition animale consacrée à l’influence de la graine de lin extrudée dans la production et la reproduction du bétail dans les élevages laitiers. Si les premières études sur ce sujet remontent à 1993 avec, dans la foulée, le dépôt d’un premier brevet sur la cuisson du lin, « jamais les performances techniques et économiques de la graine de lin n’avaient été prouvées de façon scientifique », s’accorde Guillaume Chesneau, directeur de la recherche et de l’innovation du groupe breton Valorex, spécialisé dans la fabrication d’aliments et de noyaux extrudés à base de graines entières de lin, lupin, pois, colza, féverole, etc. Sa production annuelle atteint 185 000 tonnes, dont 60 000 tonnes pour les seules graines de lin. Encadrée par un cahier des charges strict, leur culture s’étend sur 12 000 hectares. Les aliments à base de graines de lin comptent pour 65 des 80 millions d’euros de chiffre d’affaires réalisés en 2016 par Valorex. D’où un certain intérêt pour ce produit riche en α-linolénique (oméga 3), dont les qualités nutritionnelles affirmées restaient à démontrer.

L’intérêt de la graine de lin confirmé…

Il aura fallu trois ans pour venir à bout de ce travail de bénédictin, orchestré par le doctorant Thomas Meignan, sous la houlette de Valorex et de l’UMR1 Bioepar (Oniris-Inra2). En raison de défaut de numéros d’EDE3, de contrôle laitier ou de faibles livraisons, seuls 1 204 troupeaux ont été retenus sur un panel de 5 000 choisis pour avoir consommé des aliments à base de graines de lin. Et pour des raisons d’homogénéité des résultats, l’étude n’a retenu que les élevages de prim’holsteins. Les bases de données obtenues ont été analysées pour savoir si la graine de lin apportait une amélioration des résultats de reproduction des bovins. L’évaluation a aussi concerné les effets sur la quantité et la composition du lait avec un tel type d’alimentation. « Les quantités de graines de lin quotidiennes par animal ont été estimées au regard des quantités livrées », explique Thomas Meignan. Quatre types de dosages ont ainsi pu être observés avec des rations allant de 27, 173, 427 ou 789 g par jour en moyenne. Ces données ont été croisées avec les informations fournies par une vingtaine de partenaires (Terrena, Lactalis, Sodiaal, Atrial, Unicor, Coralis, etc.) et les résultats obtenus au cours des huit années d’études sur les effets de cette alimentation menées entre 2008 et 2016. L’étude conduite ici a ainsi révélé qu’une vache nourrie à la graine de lin produisait entre 13 et 22 g de matières grasses et 18 et 32 g de matières protéiques par jour de plus qu’un animal nourri sans graine de lin, et, surtout, que la variation des quantités distribuées n’avait que peu d’impact. Si l’influence des doses n’est pas retrouvée en reproduction, il a été montré que l’apport d’une petite quantité de graines de lin dans la ration des vaches laitières permettait de réduire l’intervalle entre le vêlage et l’insémination fécondante de 3 à 5 jours (au lieu de 20 habituellement). « Quelle que soit la dose administrée, la graine de lin améliore la fécondité et la production laitière jusqu’à 1,3 kg de lait par vache et par jour », assure l’étude.

… mais le dosage doit être optimisé

De manière à pouvoir faire varier les paramètres d’intervention, l’étude économique a été menée avec le concours d’un simulateur développé depuis 20 ans par l’UMR Bioepar (Oniris-Inra). Un outil enrichi avec les données récoltées sur le terrain où chaque type d’élevage a été modélisé. Les résultats obtenus sur une dizaine d’années ont ainsi pu être observés, en faisant varier les périodes de distribution des graines de lin, pour mesurer les marges réalisées. Il apparaît ainsi que pour un troupeau de 50 vaches laitières, un faible dosage (27 g de lin) générerait un bénéfice de 79 € par an, tandis qu’une quantité plus importante (173 g) conduisait à 1 505 € de gain. Au regard du prix élevé de la graine de lin (540 € par tonne), un surdosage semble, en revanche, contreproductif, et conduirait à des pertes d’exploitation. D’où une optimisation des dosages conseillée par le spécialiste de la nutrition animale. « Nous menons une réflexion marketing sur ce sujet et serons sans doute amenés à revoir certains positionnements de nos gammes de produits », admet Béatrice Dupont, directrice du développement de Valorex.

1 Unité mixte de recherche.

2 Institut national de la recherche agronomique.

3 Établissement départemental de l'élevage.

Abonné à La Semaine Vétérinaire, retrouvez
votre revue dans l'application Le Point Vétérinaire.fr