Une avancée vaccinale contre Campylobacter chez le poulet - La Semaine Vétérinaire n° 1747 du 13/01/2018
La Semaine Vétérinaire n° 1747 du 13/01/2018

RECHERCHE

PRATIQUE MIXTE

L'ACTU

Auteur(s) : TANIT HALFON  

L’unité hygiène et qualité des produits avicoles et porcins de l’Anses de Ploufragan développe un vaccin par vaccinologie inverse contre Campylobacter chez le poulet. Les expérimentations ont permis de mettre en évidence deux antigènes fortement immunogènes. Un travail sur la galénique reste encore à faire.

Démarré il y a deux ans à l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) de Ploufragan-Plouzané (Côtes-d’Armor), un programme de recherche se penche sur les moyens de lutte en élevage avicole contre Campylobacter. Aujourd’hui, la campylobactériose représente la première zoonose alimentaire au sein de l’Union européenne, avec près de 250 000 cas recensés en 2016, dont environ 7 000 en France (rapport de l’EFSA, l’Autorité européenne de sécurité des aliments1). La bactérie en cause est transmise principalement par la consommation de viandes de volaille contaminées à l’abattoir.

Un fort pouvoir immunogène

Gilles Salvat, directeur de l’Anses de Ploufragan-Plouzané, explique : « Les équipes de recherche travaillent sur une approche basée sur la vaccinologie reverse. Après un test in vivo de plusieurs antigènes, quatre d’entre eux se sont révélés de bons candidats, avec l’induction d’une réaction immunitaire marquée, ainsi qu’une réduction de la charge bactérienne du tube digestif de l’oiseau vacciné. » Selon les antigènes candidats, une diminution de la colonisation intestinale d’un minimum de 2 à 4 log10 unités formant colonie (UFC)/g a été observée. Un résultat encourageant. En effet, une baisse de 2 à 3 log réduirait l’incidence des cas humains de 76 à 100 %. Le protocole vaccinal testé, consistant en une primo-injection d’ADN suivie d’un rappel boost avec la protéine synthétisée à partir de cette même séquence, n’est pas envisageable en l’état. « Une prochaine étape sera d’essayer d’optimiser la galénique afin d’obtenir un vaccin à administrer par voie orale. »

Un modèle économique à trouver

Se posera ensuite la question du coût. En effet, la bactérie n’a presque aucune répercussion sur la santé des volailles, l’éleveur ne retire donc aucun bénéfice zootechnique d’une telle vaccination. Néanmoins, la nouvelle réglementation européenne2 va peut-être changer la donne. Elle introduit des critères microbiologiques pour Campylobacter dans les denrées alimentaires. Ainsi, au 1er janvier 2018, un dénombrement de Campylobacter spp. dans les carcasses de poulets de chair à l’abattoir est rendu obligatoire, la limite fixée par la réglementation étant de 1 000 UFC/g.

1 bit.ly/2nVPTS8.

2 bit.ly/2EMXbLz.

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