Les drains thoraciques actuels - La Semaine Vétérinaire n° 1747 du 13/01/2018
La Semaine Vétérinaire n° 1747 du 13/01/2018

CONFÉRENCE

PRATIQUE CANINE

Formation

Auteur(s) : MYLÈNE PANIZO 

Les drains thoraciques sont utilisés en cas d’épanchement. Ils sont à privilégier par rapport à des thoracocentèses répétées qui engendrent de la douleur pour l’animal et des risques de pneumothorax iatrogènes. Le choix d’un drain thoracique est à adapter en fonction de l’affection et de sa chronicité. Les drains actuels offrent davantage de confort et de facilité tant pour l’animal que pour le praticien.

L’Easy drain®

L’Easy drain ® (Vygon) est un tube multifenestré. Les étapes de sa mise en place sont les suivantes :

- apporter de l’oxygène à l’animal ;

- préparer le thorax de façon aseptique (avec champ stérile) ;

- sédater l’animal : fentanyl à 5 µg/kg en intraveineux ;

- anesthésier localement : injecter 0,5 à 1 ml de xylocaïne par voie sous-cutanée en regard de la 11e côte, et le long du passage de l’aiguille jusqu’au 8e ou 9e espace intercostal (point d’entrée dans le thorax) ;

- vérifier la longueur du drain : mesurer la longueur du manubrium au site d’entrée cutanée du drain (repérer ce site sur le drain) ;

- placer le drain à l’aide de gants stériles : entrer l’aiguille en regard de la 11e côte (partie caudale), la diriger à 45 degrés, entrer dans la cavité thoracique, puis retirer l’aiguille et avancer le drain dans le thorax jusqu’au repère préalablement noté. Mettre en place le robinet trois voies et utiliser une seringue de 10 ou 20 ml pour ponctionner ;

- fixer le drain à la peau par une suture au lacet chinois ;

- protéger le drain : bétadine gel au point d’entrée cutanée et bandage entourant le thorax. Mettre une collerette à l’animal ;

- contrôler radiographiquement le positionnement du drain.

Il convient de vider le tube jusqu’à pression négative (la dépression ne doit pas excéder 5 ml, ce qui correspond à la pression négative de l’espace pleural). Il est nécessaire de le vider toutes les heures, puis de diminuer progressivement la fréquence des vidanges au fur et à mesure que la production du drain baisse. En moyenne, ce dernier est retiré lorsqu’une production de 3 ml/kg/j est obtenue chez le chien et de 5 ml/kg/j chez le chat1). Un contrôle radiographique est recommandé au préalable afin de s’assurer de l’absence d’air ou de liquide thoracique (sonde non coudée). En moyenne, le drain est retiré au bout de 4 et 6 jours2. Sept à 22 % de complications sont rapportées (suintement cutané, obstruction, infection, etc.).

La valve d’Heimlich

La valve d’Heimlich (Vygon, Mila) est une valve unidirectionnelle, qui se raccorde au drain thoracique, génère une pression négative constante, ce qui permet d’obtenir une aspiration continue de la cavité pleurale. Elle est notamment indiquée en cas de pneumothorax sous tension. Elle présente des inconvénients : elle ne permet pas de quantifier l’air ou le liquide évacué par le drain, ne peut pas être utilisée en cas de sécrétions importantes, et fonctionne surtout sur les chiens de moyens et grands formats.

Le pleuralport ou pleuroport

Le pleuralport (Advetis medical, Norfolk medical) est un drain thoracique multifenestré, monté sur une chambre d’implantation vasculaire fixée au niveau de la dernière côte. Il s’agit d’un système entièrement sous-cutané, ce qui limite les risques d’infection et permet de le conserver longtemps (entre 6 et 723 jours3). Sur animal vigile, l’opérateur ponctionne la chambre d’implantation à travers la peau à l’aide d’une aiguille spécifique (aiguille de Huber). Le pleuralport est utilisé en cas d’épanchement chronique, principalement pour la gestion des chylothorax non résolus après chirurgie. Les complications possibles restent le risque d’infection et d’obstruction, le déplacement de la chambre et la création d’un pneumothorax (en cas de fibrose pulmonaire).

1 Marques A. I., Tattersall J., Shaw D. J., Welsh E. Retrospective analysis of the relationship between time of thoracostomy drain removal and discharge time. J. Small Anim. Pract. 2009;50(4):162-166.

2 Hung G. C., Gaunt M. C., Rubin J. E. et coll. Quantification and characterization of pleural fluid in healthy dogs with thoracostomy tubes. Am. J. Vet. Res. 2016;77 (12):1387-1391.

3 Brooks A. C, Hardie R. J. Use of the pleuralport device for management of pleural effusion in six dogs and four cats. Vet. Surg. 2011;40(8):935-941.

Jean-Philippe Billet Diplômé ECVS, spécialiste en chirurgie des tissus mous au centre hospitalier vétérinaire Atlantia (Nantes, Loire-Atlantique). Article rédigé d’après une présentation faite à l’Afvac à Nantes, en novembre 2017.

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