Les activités vétérinaires toujours dynamiques - La Semaine Vétérinaire n° 1747 du 13/01/2018
La Semaine Vétérinaire n° 1747 du 13/01/2018

PROFESSION

ACTU

ÉVÉNEMENT

Auteur(s) : CLARISSE BURGER  

La profession devrait continuer à tirer parti d’une demande soutenue, en particulier dans le secteur canin urbain. Par ailleurs, une nouvelle offre de services 2.0 devrait aider les vétérinaires canins ruraux à répondre à une clientèle devenue plus technophile et exigeante, selon le rapport Astarès.

En France, le secteur vétérinaire bénéficie d’une demande dynamique depuis plus de dix ans. Mais tout le monde n’en profite pas de la même manière. L’activité canine en milieu urbain a été dopée par une demande soutenue de soins vétérinaires (pour la période de 2006 à 2016). Le nombre de praticiens pour animaux de compagnie a bondi de 20 % en cinq ans (soit 69 % des effectifs inscrits au tableau de l’Ordre), alors que celui des ruraux (23 % des inscrits à l’Ordre) a baissé de 3 %, compte tenu d’une demande très dépendante des pressions financières du monde agricole.

Pour autant, la demande en santé animale devrait se maintenir, ces dix prochaines années, dans ce secteur d’activité en pleine mutation : les vétérinaires pourront s’appuyer sur de nouveaux outils digitaux (applications numériques pour les propriétaires, objets connectés, intelligence artificielle pour l’analyse de données, robots, etc.) pour exercer et innover en matière de services. « À l’instar de la médecine humaine, la médecine animale du futur sera, grâce à ces innovations et aux initiatives des vétérinaires, plus prédictive, préventive, personnalisée et participative » : c’est ce que souligne le dernier rapport du cabinet Astarès sur l’activité vétérinaire française, réalisé en 2017 à la demande du Conseil national de l’Ordre des vétérinaires (CNOV) et du Syndicat national des vétérinaires d’exercice libéral (SNVEL).

L’exercice de demain

Dans les années à venir, l’exercice vétérinaire prendra sans aucun doute diverses formes. D’abord, la profession se féminise et les jeunes diplômés privilégient, s’ils le peuvent, l’équilibre vie professionnelle et vie privée (salariat, temps partiel, journées de travail allégées, exercice en ville, etc.). Ensuite, le développement des nouvelles technologies (nanotechnologies, biotechnologies, informatique et sciences cognitives, connues sous le sigle NBIC), dans tous les secteurs d’activité, continue à bouleverser les pratiques, les offres de services et la relation client.

Toute la difficulté sera d’évaluer et de mettre en place le bon modèle économique et l’organisation adéquate.

L’étude Astarès a décelé une douzaine d’évolutions socioéconomiques (regroupées en trois catégories), qui pourront impacter la demande des propriétaires d’animaux en matière de santé.

Les Français devraient posséder davantage d’animaux de compagnie, mais moins de chiens. La population canine a décliné de 10 % entre 2006 et 2014, pour se stabiliser en 2016. En revanche, celle des félins a augmenté de 35 % (tableau). Son taux de médicalisation est toutefois moins élevé, comme pour celui des nouveaux animaux de compagnie (NAC), ce qui peut impacter le nombre de consultations et les honoraires des cabinets urbains. En 2011, la dépense annuelle moyenne dédiée aux soins vétérinaires (incluant “autres services”) d’un chien était deux fois supérieure à celle d’un chat (120 € versus 61 €), selon l’Insee1.

Une clientèle plus technophile

Demain, la clientèle canine ou mixte sera davantage connectée, plus technophile, plus exigeante vis-à-vis des praticiens. Sans oublier les changements d’habitudes alimentaires, avec la tendance du bio et de la réduction de consommation de viande, l’attachement des Français à l’environnement et au bien-être animal.

Par ailleurs, les vétérinaires auront à affronter une nouvelle concurrence multiforme, source de risques aussi, incluant aussi bien le low cost que les plateformes numériques qui investissent le secteur de la santé (comparateurs de prix, ubérisation des activités vétérinaires, etc.).

Dans le monde agricole, les vétérinaires ruraux assistent à la stagnation de la population d’animaux de rente et à la décroissance des cheptels laitiers (- 19 % entre 2005 et 2015). Les élevages de bovins (soit 47 % du cheptel total des animaux de rente en 2016), comme ceux de poules (83 % des élevages avicoles), ne progressent plus depuis 2000. Mais les éleveurs disposent aujourd’hui d’exploitations plus importantes et modernisées. Devenus de meilleurs gestionnaires et connaissant mieux la santé animale, ils exigent davantage des vétérinaires, qui ne s’appuieront plus seulement sur leur expertise, mais aussi sur de nouvelles technologies pour les accompagner, notamment dans la prévention des risques sanitaires, et pour offrir des services à valeur ajoutée, tels que la formation des éleveurs en matière de prévention. La pratique de la médecine animale à distance va se développer, à condition d’être encadrée. Sans oublier que la branche rurale pourrait, selon l’étude Astares, manquer de praticiens ruraux ou mixtes dans 5 à 10 ans, dans certaines localités du pays.

1 Institut national de la statistique et des études économiques.

LE POIDS DES ACTIVITÉS VÉTÉRINAIRES

Les dépenses vétérinaires en hausse
En France, les activités vétérinaires et la consommation d’aliments pour animaux sont en hausse depuis 2000, selon l’Insee1. Les soins vétérinaires ont progressé de 19 % en dix ans (entre 2005 et 2015). Au cours des dix dernières années, le prix des services vétérinaires et autres services pour animaux de compagnie a augmenté deux fois plus vite que l’indice des prix à la consommation (IPC). Pour les structures urbaines, la revalorisation des tarifs vétérinaires n’a pas baissé, du moins sur la période 2010-2015. Ce phénomène s’explique, entre autres, par l’essor de services vétérinaires plus techniques, d’offres de chirurgie plus onéreuses, de visites plus fréquentes. Le budget alloué par les Français aux soins vétérinaires avoisine actuellement les trois milliards d’euros : il a été en hausse de 49 %, au cours des dix dernières années. En 2015, les soins vétérinaires ont représenté 2,8 % des dépenses de loisirs et culturelles du pays (versus 1,8 % en 2000).

Le chiffre d’affaires vétérinaire en progression
L’activité vétérinaire progresse en moyenne de 3,7 % par an depuis 2010, selon l’Insee. Avec l’augmentation des tarifs, le chiffre d’affaires du secteur augmente de 4,5 % par an. Plus en détail, la vente des médicaments représente près d’un tiers du chiffre d’affaires, les actes de soins plus de la moitié (55 %), alors que les ventes d’aliments pèsent 15 %. Les structures se développent, passant de 3,5 salariés à 3,8 (entre 2010 et 2015).
De meilleurs revenus en société
Les revenus des praticiens libéraux ne sont pas forcément à envier : ils sont dans la moyenne basse des professions libérales. L’écart des revenus nets médians avec les médecins généralistes et spécialistes s’expliquerait par le poids des coûts d’exploitation supporté par les vétérinaires, ainsi qu’une demande non solvabilisée par les contrats d’assurances animales et des temps de travail moins importants.
Avec la vente de médicaments, les praticiens ruraux dégagent un revenu moyen 30 % supérieur à celui de leurs confrères canins (selon l’Agaps2).
Les vétérinaires exerçant en société (canins, mixtes ou ruraux) gagnent mieux leur vie que leurs confrères indépendants. Par exemple, les bénéfices annuels moyens d’un canin en 2011 s’élevaient à 55 000 €, versus 64 000 pour un canin en société. Enfin, l’écart de revenus entre hommes et femmes demeure : le revenu annuel moyen d’un vétérinaire libéral est de 78 400 € versus 51 900 pour une consœur (selon la CARPV3). Exercer en canine et en temps partiel serait une des explications possibles.

1 Institut national de la statistique et des études économiques.
2 Association de gestion agréée des professions de santé.
3 Caisse autonome de retraites et de prévoyance des vétérinaires.
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