Médicaments : bilan d’une année dense - La Semaine Vétérinaire n° 1746 du 06/01/2018
La Semaine Vétérinaire n° 1746 du 06/01/2018

RÉGLEMENTATION

DOSSIER

Auteur(s) : MICHAELLA IGOHO-MORADEL  

2017 a été une année particulièrement riche pour le médicament vétérinaire. Tour d’horizon des principaux changements.

L’année 2017, marquée par une réglementation plus contraignante et une implication constante de la profession dans la lutte contre l’antibiorésistance, a été significative pour le médicament vétérinaire.

Concernant les antibiotiques, plusieurs évolutions importantes ont ponctué l’année. En application de la loi d’avenir, un décret oblige les praticiens à télédéclarer leurs ventes d’antibiotiques survenues au mois d’avril 2017, par exemple, entre le 1er avril et le 31 mai 2017, au plus tard. Le Syndicat national des vétérinaires d’exercice libéral (SNVEL) et le Syndicat national des vétérinaires conseil en entreprise (SNVECO) ont annoncé vouloir déposer un recours en annulation contre ce décret. À noter que faute d’arrêté précisant les modalités concrètes de déclaration, cette obligation n’est toujours pas mise en œuvre. Le débat sera certainement relancé en 2018, en raison de la naissance, en novembre 2017, de l’association Adelie. Celle-ci a été créée afin de mettre en place un système permettant la remontée d’informations relatives aux antibiotiques cédés par les ayants droit.

Par ailleurs, l’année 2017 est synonyme de réussite en matière de lutte contre l’antibiorésistance. En mars, la phase pilote de vétérinaires référents en antibiothérapie est lancée : le site internet Antibio-ref.fr est en ligne. Un mois plus tard, le ministère de l’Agriculture publie le second plan ÉcoAntibio, qui fait la part belle aux alternatives, quand les résultats définitifs du premier plan ÉcoAntibio sont enfin dévoilés en octobre 2017. L’exposition des animaux aux antibiotiques a baissé de 37 % sur la période 2012-2016, dépassant ainsi l’objectif initial de réduction de 25 %.

Autre évolution importante, les conditions de prescription des antibiotiques critiques évoluent quelque peu. Les tests rapides d’antibiosensibilité, validés par l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses), font désormais partie des méthodes utilisables pour prescrire des critiques, en plus des procédés prévus par les normes Afnor NF U47-106 et 107.

Pour les autres médicaments vétérinaires, le début d’année semblait marqué par un tournant positif. En février, six médicaments sont ajoutés à la liste positive des médicaments vétérinaires accessibles aux coopératives et aux groupements agréés. Parallèlement, l’utilisation des autovaccins chez les ruminants est de nouveau possible sous conditions. Mais en avril, le couperet tombe. La kétamine injectable est classée comme stupéfiant. En plus des conditions de stockage, les praticiens seront tenus d’inscrire sur un registre spécifique, à conserver 10 ans, les entrées et les sorties des médicaments à base de kétamine reçus et administrés, mais aussi de délivrer au propriétaire de l’animal une ordonnance sécurisée, bien que celle-ci ne soit pas destinée à être remise à un pharmacien. Ils réalisent également une balance mensuelle et un inventaire annuel. Dans le même temps, le SNVEL dénonce au travers d’une pétition les risques de détournement liés à la remise de l’ordonnance sécurisée pour la kétamine. Quelques mois plus tard, le glucose administré par voie injectable est classé sur la liste I des substances vénéneuses. Il est désormais soumis à prescription vétérinaire obligatoire. Le praticien est tenu de remettre une ordonnance au propriétaire de l’animal sur lequel le produit a été administré. Cette obligation vaut pour la délivrance au détail, à titre gratuit ou onéreux, et concerne aussi bien les animaux de compagnie que les animaux de rente, même si le temps d’attente est égal à zéro.

ENBREF


L’ANNÉE DU BREXIT

L’année du Brexit
En novembre 2017, l’Agence européenne des médicaments (EMA) annonce qu’elle ne s’installera pas à Lille (Nord), mais à Amsterdam (Pays-Bas). L’agence souhaite limiter au minimum les conséquences du Brexit en se concentrant sur des activités telles que l’antibiorésistance, considérées comme prioritaires. À partir de 2018, d’autres activités seront temporairement suspendues. Par ailleurs, l’Agence nationale du médicament vétériniare (ANMV) veut faire du Brexit une opportunité. Elle a annoncé en septembre 2017, lors d’une rencontre avec les parties prenantes, vouloir renforcer son positionnement au niveau européen.


LA VALSE DES LABORATOIRES

La valse des laboratoires
Au 1er janvier 2017, Merial appartient officiellement à Boehringer Ingelheim. Avec cette acquisition, le laboratoire allemand devient le nouveau leader sur le marché français et le second sur le marché mondial de la santé animale. Dans la foulée, Ceva Santé animale rachète plusieurs gammes de Merial. En octobre, Boehringer Ingelheim dévoile sa volonté de vendre Merial-Coophavet quand MSD Santé animale annonce fermer un centre de recherche situé près d’Angers (Maine-et-Loire).


DES LIENS TRANSPARENTS

Des liens transparents
Au 1er juillet 2017, obligation est faite aux laboratoires de transmettre pour avis à l’Ordre les seules conventions ayant pour objet une prestation de services en lien avec des activités de recherche ou d’évaluation scientifique (tels les essais cliniques) ou d’hospitalité. En juin 2017, le Syndicat de l’industrie du médicament et réactif vétérinaires (SIMV) et le Conseil national de l’Ordre des vétérinaires (CNOV) dévoilent les barèmes témoignant d’un niveau raisonnable d’hospitalité. Une convention signée entre les deux acteurs prévoit, par exemple, que la rémunération horaire des études précliniques, cliniques, épidémiologiques ou consécutives à une autorisation de mise sur le marché est raisonnable jusqu’à 200 € TTC.


DES NOUVEAUTÉS DISCIPLINAIRES

Des nouveautés disciplinaires
Au 1er juin 2017, les régions ordinales sont désormais au nombre de 12, comprenant chacune une chambre régionale de discipline présidée par un magistrat de la cour d’appel. Un vétérinaire ne saurait désormais être poursuivi devant une chambre dont un ou plusieurs assesseurs sont issus de sa région d’exercice. Autre nouveauté, le président du conseil régional de l’Ordre peut défendre, face au vétérinaire poursuivi, des principes d’indépendance, de moralité et de probité et de l’ensemble des règles déontologiques.

ÉPIDÉMIOLOGIE  

EXTENSION DU BTV4 EN CORSE

Les sérotypes 2, 8 et 16 de la fièvre catarrhale ovine (FCO) ne circulent plus en Corse, mais la région n'a pas encore été reconnue indemne au sens de la réglementation de l’Union européenne. Par ailleurs, la Corse est considérée comme zone réglementée pour les sérotypes 1 et 4 (enzootiques). Au cours de l’année 2017, une extension importante des foyers de FCO de sérotype 4 a été observée et leur émergence en France métropolitaine, en novembre dernier, a conduit à un renforcement des mesures relatives aux mouvements de ruminants : vaccinations contre le sérotype 8 (depuis le continent vers la Corse) et contre les sérotypes 4 et 1 (depuis la Corse vers le continent), analyses par polymerase chain reaction (PCR) – dont les résultats doivent être négatifs – et désinsectisation des animaux.


Clothilde Barde

ÉPIDÉMIOLOGIE  

LE SÉROTYPE 4 DE LA FCO ÉMERGE EN FRANCE CONTINENTALE

En novembre 2017, la France métropolitaine a vu émerger de façon inédite le sérotype 4 de la fièvre catarrhale ovine (FCO), alors que, jusqu’à présent, seuls les sérotypes 1 et 8 étaient considérés comme endémiques. Des mesures réglementaires ont rapidement été prises et ont évolué régulièrement avec l’apparition de nouveaux cas : définition de différentes zones réglementées et vaccination BTV4 obligatoire dans le périmètre interdit (PI) et dans la zone de protection (ZP) au cours des mois de novembre et de décembre derniers. Cependant, dans son arrêté du 28 décembre, le ministère de l’Agriculture a finalement décidé d’étendre la zone réglementée à tout le territoire français. En parallèle, au cours de l’année 2017, la FCO de sérotype 8 a continué sa progression en France métropolitaine. La zone réglementée a été étendue en juin dernier et la vaccination est devenue volontaire.

Clothilde Barde

ÉPIDÉMIOLOGIE  

UNE SURVEILLANCE RENFORCÉE DES MALADIES ÉMERGENTES AU SEIN DE L’UNION EUROPÉENNE

Le 11e congrès Epizone, organisé par l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) à Paris, du 19 au 22 septembre 2017, proposait à de nombreux chercheurs en épidémiologie animale européens de se réunir autour d’un thème d’actualité, « Crossing barriers », avec de redoutables viroses en point de mire. En effet, outre des maladies bien présentes en France (fièvre catarrhale ovine, virus de Schmallenberg, tuberculose, etc.), les scientifiques ont évoqué la survenue potentielle d’autres périls sanitaires étrangers tels que la fièvre de la vallée du Rift et la lumpy skin disease.

Clothilde Barde

EN BREF 

NOUVELLES RECOMMANDATIONS DE L’EFSA SUR LE RESPECT DES CONDITIONS D’ABATTAGE DES BOVINS GRAVIDES

En juin dernier, les experts de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) ont émis des recommandations afin de réduire le nombre de femelles abattues en fin de gestation (développement des tests rapides de gestation en élevage, par exemple). En effet, la réglementation européenne actuellement en vigueur interdit le transport vers l’abattoir de femelles ayant passé au moins 90 % de la période de gestation prévue ou ayant mis bas depuis moins d’une semaine. Or les experts ont constaté, dans une étude menée cette année, qu’en moyenne 3 % des vaches laitières, 1,5 % des bovins de boucherie, 0,5 % des porcs, 0,8 % des moutons et 0,2 % des chèvres dans l’Union européenne sont actuellement abattus au cours du dernier tiers de la gestation.

NUTRITION 

HARO SUR LES CROQUETTES ET RETOUR AU “NATUREL”

Ration ménagère, régimes Barf1 (à base de viande crue), “sans” (gluten, amidon, céréales, viande, dérivés de produits animaux, etc), bio : chiens et chats n’échappent pas à une volonté de plus en plus prégnante de retour aux sources de leurs maîtres et de leur défiance vis-à-vis des industriels, voire à une transposition anthropomorphique de leur régime. Certains médias grand public et des maisons d’édition ont flairé le filon et émaillé l’année 2017 de sorties à sensation sur les dangers des croquettes, qui seraient responsables de tous les maux des animaux, et des associations de consommateurs se sont emparées du sujet, oubliant par là même que si les aliments industriels ne sont pas toujours parfaits, ils sont aussi en lien avec la disparition des maladies liées aux carences et préservent les animaux de risques sanitaires. Reste que les rations ménagères bien conduites constituent le gold standard nutritionnel, que la demande des propriétaires est là et que les vétérinaires sont à leurs yeux les référents santé de leur animal. La nutrition animale : un domaine où la profession a plus que jamais sa carte à jouer.



1 Biologically appropriate raw food.
Valentine chamard

ÉTHIQUE 

HYPERTYPES : LA PROFESSION DIT NON

La problématique des hypertypes (en particulier chez les brachycéphales) a fait l’objet d’une session lors du congrès commun de la World Small Animal Veterinary Association (WSAVA) et de la Fédération européenne des associations de vétérinaires canins (Fecava), en septembre dernier. L’engouement pour les conformations extrêmes, notamment à “face plate”, est ainsi dénoncé par ces associations vétérinaires, qui proposent des mesures de lutte (information et sensibilisation des acquéreurs et des éleveurs, registre sur les chiens ayant subi une chirurgie en lien avec ces conformations, etc.). De son côté, la Société centrale canine a rappelé que « les hypertypes nuisent au bien-être et à la santé des chiens et ne reflètent en rien les standards des races considérées ».

Valentine chamard

NUMÉRIQUE 

L’E-SANTÉ VÉTÉRINAIRE N’EST PLUS DE LA SCIENCE-FICTION

Jamais il n’aura été autant question de l’e-santé vétérinaire qu’en 2017, comme en témoigne le thème du dernier congrès de l’Afvac, « Vétos 2.0, la mutation », ou la création du think tank Vet in Tech dédié à la réflexion sur ce sujet. À côté de la présence déjà effective de la profession sur le net via les sites de cliniques, les pages Facebook, entre autres réseaux sociaux, la prise de rendez-vous en ligne, les trackers d’activité, les puces électroniques dotées de biocapteurs intégrés pour le suivi de température, les outils pour le suivi à distance de paramètres biologiques, la téléconsultation, etc., les technologies digitales s’implantent peu à peu dans les structures vétérinaires et sont promises à un essor dans les mois et les années à venir. La naissance du vétérinaire “augmenté” est ainsi annoncée.

Valentine chamard

VACCINATION 

UNE RÉVISION DES PROTOCOLES VACCINAUX

À la suite de la publication, en 2016, du guide de bonnes pratiques de la World Small Animal Veterinary Association (WSAVA), les distributeurs de vaccins ont communiqué en 2017 sur ces nouvelles recommandations. Parmi elles, un protocole de primovaccination pour les valences CHP1 chez le chien et RCP2 chez le chat incluant une injection à 16 semaines (soit trois injections pour une vaccination commencée à 7 à 8 semaines) pour pallier les éventuelles interférences avec les anticorps maternels. Le premier rappel annuel est indispensable. Pour les valences CHP pour le chien et panleucopénie pour le chat, un rappel tous les trois ans est possible, tandis que pour les autres valences, la fréquence s’adapte au contexte épidémiologique.



1 Maladie de Carré, hépatite de Rubarth, parvovirose.
2 Rhinotrachéite infectieuse, calicivirose, panleucopénie.

Valentine chamard

DROIT 

RÉFORME DU CODE DU TRAVAIL

Parmi les grandes réformes du quinquennat d’Emmanuel Macron, celle du Code du travail aura été un des faits marquants de l’année 2017. Les ordonnances relatives à la réforme du Code du travail, parues au Journal officiel du 23 septembre 2017, entreront en vigueur progressivement, dès la publication des décrets d’application. Elles vont modifier le monde du travail, bouleverser certaines normes sociales, notamment ce qui relève de la loi, des accords de branche et des accords d’entreprise.
À partir de janvier 2018, l’accord d’entreprise peut primer sur l’accord de branche dans certains cas. Mais la convention collective et l’accord de branche doivent s’appliquer pour les salaires minima, les classifications, l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes, la durée minimale du travail à temps partiel, entre autres.
Aussi, des mesures ont été mises en place pour les chefs de petites entreprises, comme le dialogue social dans les très petites entreprises (TPE) sans syndicat et le plafonnement des dommages et intérêts aux prud’hommes.

Clarisse Burger

ENBREF


LA LISTE DES VÉTÉRINAIRES PRATIQUANT LES ÉVALUATIONS COMPORTEMENTALES EST DÉSORMAIS GÉRÉE PAR L’ORDRE

La liste des vétérinaires pratiquant les évaluations comportementales est désormais gérée par l’Ordre
La demande d’inscription doit être adressée au conseil régional de l’Ordre. Le vétérinaire qui n’enregistrerait pas ses évaluations au fichier central risque la radiation des listes.


LES CENTRES HOSPITALIERS VÉTÉRINAIRES (CHV) METTENT EN PLACE UN INTERNSHIP

Les centres hospitaliers vétérinaires (CHV) mettent en place un internship
Depuis septembre 2017, une trentaine de jeunes vétérinaires suivent un “internat privé”, avec contrat de travail, dans quatre CHV. Il repose sur un référentiel élaboré par le Syndicat national des centres hospitaliers vétérinaires (SNCHV) et soumis à l’Ordre.


VÉTHIQUE, POUR LE RESPECT DE L’ANIMAL

Véthique, pour le respect de l’animal
Cinq vétérinaires sensibles à la cause animale et convaincus que la « vocation de soigner inclut aussi le devoir de protéger » sont à l’origine de cette association.



UNE ASSOCIATION DE VÉTÉRINAIRES PHYTOTHÉRAPEUTES

Une association de vétérinaires phytothérapeutes
L’AFVP a été créée pour dynamiser la promotion de la phytothérapie et de l’aromathérapie au sein de la profession vétérinaire.

EN BREF 

COMPTABILITÉ-PAIE

Les bulletins de paie de 2018 seront simplifiés pour être, selon le gouvernement, plus lisibles pour le salarié (avec mention des allègements de cotisations et exonérations, et nombre de lignes réduit) et faciliter la gestion de la paie.

À partir de 2018, les entreprises assujetties à la TVA ont l’obligation de détenir un logiciel de caisse certifié, pour enregistrer le paiement de leurs clients.

EUROPE 

BRUXELLES ET LES PROFESSIONS RÉGLEMENTÉES

La Commission européenne, qui veut redynamiser la croissance du marché des services au sein de l’Union, a de nouveau soulevé, l’an dernier, la délicate question des barrières « proportionnelles et raisonnables » des professions libérales réglementées. Les États membres, même s’ils conservent leurs prérogatives en la matière, ont été sommés en 2017 d’évaluer la proportionnalité de leurs règles nationales applicables aux services, notamment les conditions d’accès à certaines activités réglementées, alors qu’elles sont encadrées par la directive “services” de 2006 et la directive “qualifications professionnelles” de 2013. La stratégie de la Commission, qui veut enlever des obstacles à la croissance du marché unique des services, représente un danger pour la qualité des services aux yeux d’experts économistes.

Clarisse Burger

POLITIQUE AGRICOLE  

LES ÉTATS GÉNÉRAUX DE L’ALIMENTATION

L’été 2017 a été marqué par le lancement, par le gouvernement, des états généraux de l’alimentation. Ils visaient à regrouper tous les acteurs (distributeurs, transformateurs, producteurs et agriculteurs) pour réfléchir à comment relancer la création de valeur en matière de modèle d’alimentation, permettre aux agriculteurs de vivre dignement, transformer les modèles de production et promouvoir une alimentation saine et durable. Des milliers de contributions en ligne ont été effectuées l’an dernier. Des synthèses sont en cours. Des mesures (la formation du prix partant du coût de production, par exemple) seront intégrées dans une loi qui sera présentée et adoptée sous forme d’ordonnance, à la rentrée 2018. Emmanuel Macron veut une transformation du secteur, avec une feuille de route pour les agriculteurs et un plan de restructuration des filières sur cinq ans.


Clarisse Burger

EN BREF 

FISCALITÉ

- La loi de finances pour 2018 modifie le taux de l’impôt sur les sociétés (IS), qui passe cette année de 33 % à 28 % pour les entreprises dont les bénéfices sont inférieurs à 500 000 € (33 % au-delà) pour atteindre 26,1 % en 2021, puis 25 % en 2022. Le taux de 28 % concernera toutes les entreprises pour leurs 500 000 premiers euros de bénéfices (31 % au-delà de ce montant en 2019). Le taux réduit de 15 % concerne les petites et moyennes entreprises réalisant un chiffre d’affaires de moins de 7,63 millions d’euros et des bénéfices n’excédant pas 38 120 €.

- Pour les entreprises soumises à l’impôt sur le revenu (IR) : jusqu’au 31 décembre 2017, pour bénéficier du régime simplifié de la microentreprise, les entrepreneurs fournissant des prestations de services et relevant des bénéfices non commerciaux (BNC) ou industriels et commerciaux (BIC) devaient réaliser un chiffre d'affaires annuel inférieur au plafond de 33 200 €. En 2018, ce plafond peut être doublé jusqu’à 70 000 € pour les prestations de services.

- Le crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (Cice), dont le taux était fixé à 7 % de la masse salariale en 2017 (jusqu’à 2,5 Smic), sera abaissé à 6 % au titre des rémunérations versées en 2018, selon le projet de loi de finances. Puis le dispositif sera supprimé en 2019, remplacé par un allègement de cotisations patronales de six points sur les bas salaires inférieurs à 2,5 Smic.

- Le prélèvement à la source de l’impôt sur le revenu (IR), après avoir été décalé d’un an, entrera en vigueur en janvier 2019. L’année fiscale 2018, dite blanche, ne signifie pas que les contribuables ne paieront pas d’impôts. Ils devront déclarer leurs revenus 2017 et les paieront en 2018. L’an prochain, l’impôt sur les revenus de 2019 sera prélevé à la source, directement sur le salaire, et par le biais d’acomptes pour les indépendants. Les crédits d’impôts seront maintenus.

- L’impôt sur la fortune (ISF) sera remplacé par l’impôt sur la fortune immobilière (IFI) basé sur la valeur du patrimoine immobilier (le patrimoine financier exclu).

EN BREF 

PROTECTION SOCIALE.

- La suppression du régime social des indépendants (RSI) se fera sur une période transitoire de deux ans, la protection sociale des indépendants est confiée au régime général de la Sécurité sociale : il n’y aura plus d’affiliations au RSI à compter du 1er janvier 2018, les nouveaux indépendants étant directement affiliés à la Caisse primaire d’assurance maladie (CPAM) de leur lieu de résidence, qui deviendra en 2020 leur interlocuteur unique. Le régime de cotisations reste distinct de celui des salariés. Les prestations sociales spécifiques aux indépendants le resteront.

- Les cotisations salariales d’assurance chômage et maladie seront supprimées en 2018, et la cotisation sociale généralisée (CSG) augmentera de 1,7 point. Les indépendants vont bénéficier d’une d’exonération dégressive des cotisations d’assurance maladie et maternité. La baisse de la cotisation famille de 2,15 points serait prévue pour les travailleurs indépendants.

- La réforme de l’assurance chômage propose l’ouverture de l’indemnisation à tous les actifs, sous conditions. Le gouvernement propose en effet d’indemniser les salariés démissionnaires, comme les indépendants, et de contrôler les chômeurs et la gouvernance de l’Unedic1. Ce projet de loi devrait être présenté d’ici fin mars, après les négociations avec les partenaires sociaux, pour une adoption définitive par le Parlement avant la fin de l’été.

1 Union nationale pour l’emploi dans l’industrie et le commerce

MÉDICAMENTS VÉTÉRINAIRES  

LA CRISE DU FIPRONIL, LE FEUILLETON DE L’ÉTÉ

La saison estivale aura été quelque peu bousculée par la crise du fipronil. Partie des Pays-Bas et de Belgique, cette dernière s’est étendue à une dizaine de pays européens, ainsi qu’en Suisse et à Hong Kong. Une entreprise avait commercialisé un produit pour lutter contre Dermanyssus gallinae, appelé communément pou rouge, un acarien fréquemment rencontré dans les élevages avicoles. Le problème : elle y avait incorporé de manière frauduleuse du fipronil, molécule interdite dans les médicaments vétérinaires pour les animaux d’élevage destinés à la consommation humaine. Si l’impact sanitaire de la fraude s’est révélé inexistant, il en est autrement de l’impact médiatique, qui a mis en lumière les carences en matière de communication entre les États membres. Car dès le début du mois de juin, une teneur anormale en fipronil dans des œufs avait été notifiée à l’agence sanitaire belge. Ce n’est finalement que le 20 juillet que les autorités belges ont communiqué l’information via le réseau d’alerte européen RASFF1. Et seulement le 5 août que la France a été identifiée comme concernée par la crise, via une alerte émise à son intention par les Pays-Bas.


1 Rapid alert system for food and feed.
tanit halfon

AVICULTURE 

UN NOUVEL ÉPISODE D’INFLUENZA AVIAIRE

Pour la deuxième année consécutive, la filière avicole est touchée par le virus de l’influenza aviaire hautement pathogène (IAHP), réapparu dès la fin de l’année 2016 dans le Tarn, le Lot-et-Garonne et les Hautes-Pyrénées. Au 31 mars 2017, 485 foyers étaient recensés, dont 85 % d’élevages de palmipèdes, majoritairement liés au sous-type viral H5N8. Avec pour conséquence un abattage préventif de plus de quatre millions d’animaux. L’épizootie prendra fin dès le mois de mai 2017 avec un territoire de nouveau considéré comme à risque épidémiologique négligeable d’IAHP. Face à cette deuxième crise, un nouvel arrêté ministériel1, publié le 13 juillet 2017, a renforcé les obligations en matière de biosécurité dans les exploitations aviaires, via, notamment, un contrôle plus strict et mieux formalisé des déplacements des véhicules, ou encore l’instauration de mesures spécifiques pour les élevages de palmipèdes (dépistage obligatoire avant certains déplacements, par exemple). Depuis le 27 octobre 2017, la France est reconnue indemne, en raison de l’assainissement de tous les foyers identifiés entre fin juin 2016 et juin 2017, et de la non-détection de nouveaux foyers depuis plus de trois mois.


1 bit.ly/2CMwvty.
tanit halfon

APICULTURE  

L’ÎLE DE LA RÉUNION TOUCHÉE PAR VARROA

Le jeudi 4 mai et pour la première fois, le parasite Varroa destructor est identifié à La Réunion, dans un rucher sentinelle de Saint-Denis. Face à l’extension de l’acarien sur l’île, les autorités sanitaires abandonnent l’objectif initial d’éradication du parasite. La lutte s’organise alors autour d’une feuille de route précisant les recherches et expérimentations à mener, élaborée avec le concours de l’Itsap, Institut de l’abeille. De plus, le groupement de défense sanitaire obtient l’agrément PSE (programme sanitaire d’élevage) pour la filière apicole, permettant la mise en œuvre des traitements pour endiguer au mieux la mortalité des abeilles. À ce jour, il reste encore cinq zones indemnes de Varroa : le cirque de Cilaos, le cirque de Salazie, le cirque de Mafate, la forêt de Bébour-Bélouve et la zone de Grand-Bassin.

tanit halfon

PROFESSION 

DE NOUVELLES COMPÉTENCES POUR LES ASV ?

La question de la délégation de certaines pratiques au personnel non vétérinaire est en cours de réflexion au sein des organisations professionnelles (Afvac, Avef, SNGTV, SNVEL1 et Ordre national). Il est ainsi envisagé la mise en place d’un certificat de qualification professionnelle (CQP) accessible aux auxiliaires spécialisés vétérinaires (ASV) diplômés et associé à une hausse de la rémunération de l’ordre de 2 à 3 %. Un CQP relatif aux soins porterait sur les actes d’injection et de prélèvement, ou encore la réalisation de clichés radiographiques ou l’usage d’automates d’analyse. Un CQP concernant spécifiquement le conseil en clientèle vétérinaire est également en cours de préparation.



1 Association française des vétérinaires pour animaux de compagnie, Association vétérinaire équine française, Société nationale des groupements techniques vétérinaires, Syndicat national des vétérinaires d’exercice libéral.

tanit halfon

APICULTURE  

LANCEMENT DE L’OBSERVATOIRE DES MORTALITÉS ET DES AFFAIBLISSEMENTS DE L’ABEILLE MELLIFÈRE

Une expérimentation de deux ans est lancée en régions Bretagne et Pays de la Loire afin de suivre l’état sanitaire du cheptel apicole. En pratique, un guichet unique régional est mis à la disposition des apiculteurs (ou d’un intermédiaire, tel que le vétérinaire) pour la déclaration de tout événement de santé constaté sur un rucher, quels que soient sa nature et le nombre de colonies touchées. À terme, l’objectif de cet outil est de pouvoir alerter précocement les pouvoirs publics en cas d’augmentation anormale d’anomalies touchant le cheptel apicole français. De plus, l’idée serait aussi de le coupler au dispositif de visite sanitaire apicole, afin de suivre les autres troubles de santé des abeilles.

tanit halfon

MALADIE ÉMERGENTE 

LA PPA CONTINUE SON EXTENSION

Arrivée en Europe continentale en 2007 via la Géorgie, la peste porcine africaine (PPA) a continué de s’étendre en Europe de l’Est en 2017. Circulant notamment aux pays baltes, en Russie, en Pologne et en Ukraine, la maladie a été détectée pour la première fois en République tchèque au mois de juin chez des sangliers, et en Roumanie en juillet chez des porcs appartenant à un particulier. Globalement, une augmentation du nombre de déclarations dans la faune sauvage est notée (334 en 2014, 1 715 en 2015, 2 466 en 2016 et 3 208 au 29 novembre 2017). Selon l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), le risque d’émergence de la maladie sur le territoire français est modéré (modèle d’évaluation des risques basé sur la transmission vectorielle).


tanit halfon
Abonné à La Semaine Vétérinaire, retrouvez
votre revue dans l'application Le Point Vétérinaire.fr