La stérilisation féline juvénile est encore peu pratiquée - La Semaine Vétérinaire n° 1746 du 06/01/2018
La Semaine Vétérinaire n° 1746 du 06/01/2018

ENQUÊTE

PRATIQUE CANINE

L'ACTU

Auteur(s) : ANNE-CLAIRE GAGNON  

Courante dans les pays anglo-saxons, la stérilisation de jeunes chats (entre 2 et 4 mois) a encore du mal à convaincre les praticiens français, malgré de multiples avantages et une attente des éleveurs.

La stérilisation féline juvénile (prépubertaire) est largement pratiquée dans les pays anglo-saxons. Mais peu de données étaient disponibles en France jusqu’au sondage réalisé avec le concours de La Semaine Vétérinaire, début septembre, auquel 609 praticiens ont répondu. Cet état des lieux des pratiques françaises en la matière a été effectué préalablement à une table ronde organisée les 18 et 19 octobre derniers à Paris, sous le parrainage du Conseil national de la protection animale, en collaboration avec SantéVet et Vétoquinol.

41 % des vétérinaires généralistes la pratiquent parfois

Un questionnaire, avec des formulations distinctes selon les publics, a été adressé à des vétérinaires praticiens généralistes, à des éleveurs et à des vétérinaires félins, mettant en évidence des attentes et des freins différents. Très peu de vétérinaires généralistes recourent à la stérilisation féline juvénile, avec 41 % qui la réalisent parfois (entre 3 et 4 mois essentiellement) et 2 % qui la mettent en œuvre systématiquement. C’est à la demande des refuges ou des éleveurs que ces praticiens s’y sont mis, avec un niveau de satisfaction important : l’intervention est plus rapide, tout comme le réveil. Cependant, les praticiens généralistes qui pratiquent parfois la stérilisation juvénile la font aussi chez les chatons de compagnie.

Un manque d’informations et de formation

La raison principale invoquée pour ne pas stériliser les chats avant la puberté tient à la remise en cause de l’intérêt d’une telle pratique. Interrogés sur leurs craintes et leurs freins à réaliser cet acte, les praticiens allèguent majoritairement un manque d’informations et de formation à ces techniques1, notamment initiale dans les écoles vétérinaires. En tête des sujets d’interrogation, les protocoles analgésiques et anesthésiques chez le jeune chaton, et les éventuels effets délétères sur la croissance, l’incidence de l’obésité et le bon déroulement du développement comportemental.

La stérilisation du chaton au cœur de la médecine préventive

Chez les praticiens félins, l’état des lieux est plus contrasté, avec néanmoins 40 % qui ne réalisent pas l’intervention précocement. Pour les autres, elle est proposée systématiquement aux propriétaires d’un chaton dans le programme de médecine préventive, lors des injections de primo-vaccination. Le critère des praticiens félins est moins l’âge du chaton que son poids, en moyenne entre 900 g et 1,2 kg a minima. Beaucoup ont été sollicités par les éleveurs ou les refuges pour mettre en place cette technique, comme en clientèle généraliste.

Malgré des publications scientifiques de référence, l’expérience et les initiatives des Anglo-saxons en la matière, beaucoup d’idées reçues restent à démystifier sur cette pratique fiable, particulièrement adaptée en refuge, et qui répond non seulement à des attentes des propriétaires mais également à des attentes sociétales en favorisant la pérennité et l’harmonie de la relation homme-chat.

1 Surveillance accrue de l’hypoglycémie (jeûne court et réalimentation rapide) et de l’hypothermie, manipulation douce des tissus, plus fragiles, mise en œuvre possible d’une technique consistant à nouer les cordons spermatiques ou les pédicules vasculaires, le nœud étant sur le cordon, sans fil. Voir aussi pages 24 et 25 de ce numéro.

UNE FORTE DEMANDE DES ÉLEVEURS

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