L’impact de la graine de lin dans les élevages laitiers - La Semaine Vétérinaire n° 1746 du 06/01/2018
La Semaine Vétérinaire n° 1746 du 06/01/2018

ANALYSE

PRATIQUE MIXTE

Formation

Auteur(s) : FRÉDÉRIC THUAL 

Pendant trois ans, le fabricant d’aliments Valorex, l’école vétérinaire nantaise Oniris et l’Institut national de la recherche agronomique (Inra) ont passé au crible 5 000 élevages français pour mesurer les performances techniques et l’impact économique de la graine de lin extrudée dans l’alimentation des troupeaux de vaches laitières.

Dépositaire de 13 brevets (notamment d’un procédé de thermo-extrusion inédit des graines entières oléagineuses et protéagineuses entrant dans l’alimentation animale) et de 360 publications scientifiques, le groupe breton Valorex a fait de la recherche et de l’innovation en nutrition animale son cheval de bataille.

Vingt-cinq ans après sa création, le fournisseur d’aliments pour le bétail signe la première étude épidémiologique mondiale en nutrition animale consacrée à l’impact d’une alimentation à base de graines de lin dans les élevages laitiers. Un travail confié au doctorant Thomas Meignan, soutenu par l’unité mixte de recherche Bioepar (Oniris/Inra), avec deux objectifs. Premièrement, évaluer l’impact de la graine de lin sur les performances laitières, de reproduction et sur la santé des animaux ; deuxièmement, mesurer le rapport coût/bénéfice au regard de différents apports de graines de lin.

« Jusque-là, jamais l’épidémiologie n’avait cherché à évaluer le rôle préventif de la nutrition animale », dit-on chez Valorex. À cet effet, l’étude a pu bénéficier d’une ampleur exceptionnelle grâce au fait que Valorex récolte une très grande quantité de graines de lin : 60 000 tonnes de graines de lin par an, produites selon un strict cahier des charges. Si, dans les élevages, l’intérêt économique d’acheter des noyaux extrudés reposait beaucoup sur de l’intuition, il s’agissait, cette fois, de prouver scientifiquement les argumentaires commerciaux mis en avant par Valorex. Les données alimentaires et zootechniques de 1 204 troupeaux de prim’holstein entre 2008 et 2016 et près de deux millions de contrôles laitiers ont été analysés. Au même titre que 423 605 inséminations artificielles (IA). « Nous avons beaucoup écrémé pour fiabiliser les données. Nous voulions des élevages avec au moins quatre livraisons de graines par an et au moins dix vêlages annuels, alors on a éliminé les IA au-delà du rang 2 », explique Thomas Meignan.

L’approche épidémiologique

D’abord, les doses à étudier (doses absorbées par vache et par jour) ont été déterminées. Elles se situent très en dessous des quantités liées aux expéditions dans l’exploitation (de 1 à 1,5 kg) ou aux expérimentations menées en général (780 g). À partir de ces données, ont été estimés les apports reçus par vache et par jour, au vu des quantités fournies entre deux livraisons et du nombre de vaches en lactation sur la période. Si les résultats sont affinés en fonction des dates des contrôles laitiers, de la lactation et des zones géographiques concernées, quatre doses d’apport de graines de lin ont été établies. À savoir, la dose 1 (27 g en moyenne), la dose 2 (173 g), la dose 3 (427 g) et la dose 4 (789 g). C’est une manière d’homogénéiser les apports dont les proportions pouvaient atteindre, selon les exploitations, de 2 à 70 % et de fiabiliser le calcul d’exposition.

L’impact sur les performances d’élevage

Premier enseignement de l’étude : plus les doses sont élevées, plus la quantité de lait produit est importante. Celle-ci pouvant aller jusqu’à 1,3 kg de lait en plus par apport à une vache de référence. Cette augmentation est aussi sensible au regard du nombre de vêlage.

Si le taux de matières grasses suit les tendances observées, en revanche, les taux protéiques demeurent relativement stables, et ce quelle que soit la dose apportée. Comparées à une vache nourrie sans graine de lin, les matières grasses produites s’élèvent de 13 à 22 g/j et de 18 à 32 g/j pour les matières protéiques. Quant aux performances de reproduction, l’étude montre qu’une dose réduite (27 g) de graines de lin réduirait de 5 jours l’intervalle entre le vêlage et l’insémination fécondante. En revanche, la variation des doses n’a quasiment pas eu d’effets sur ce point.

Répercussions économiques

L’autre volet de l’étude porte sur l’impact économique pour les élevages. Outre les éléments perçus par l’étude épidémiologique (taux de matières grasses, protéinique, augmentation de la production laitière), de nombreux paramètres (période, type de distribution, etc.), ont été intégrés à un simulateur conçu par Bioepar (Oniris/Inra) où il apparaît que, quelle que soit la dose, les marges brutes de l’élevage sont plus importantes que celle attribuée à une vache de référence. Comparé à une alimentation à base de tourteaux de soja ou de blé, et en tenant compte de subtiles analyses intégrant les valeurs nutritionnelles des aliments, le surcoût des graines de lin atteindrait 38 €/kg et 0,27 € par animal. D’après les marges brutes étudiées (entre 126 000 et 128 000 €) sur dix exercices, et selon les quatre dosages appliqués sur une exploitation de 50 vaches, les résultats sont, finalement, très variables. En définitive, seule la dose 4, la plus élevée, ne semble pas rentable. À l’inverse, les bénéfices des trois autres sont indéniables. Mais avec des rapports très variables : 79 € pour la dose 1 340 € pour la dose 3 et 1 505 € pour la dose 2. Au vu de ces résultats, Valorex ne peut que conseiller d’écouter ses conseils d’optimisation…

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