Bilan et prospectives pour l’Ordre des vétérinaires - La Semaine Vétérinaire n° 1746 du 06/01/2018
La Semaine Vétérinaire n° 1746 du 06/01/2018

VŒUX

ACTU

ÉVÉNEMENT

Auteur(s) : PIERRE DUFOUR 

Ce 9 janvier, Jacques Guérin, président du Conseil national de l’Ordre des vétérinaires, a présenté ses vœux pour l’année 2018.

Jacques Guérin a commencé son discours de début d’année par un bilan de l’activité de l’Ordre en 2017, avec ses « 189 conseillers et 32 collaborateurs, 51 440 courriers envoyés et reçus, 140 000 courriels envoyés et reçus, 500 signalements reçus, 50 dossiers d’aides sociales traités, 107 affaires disciplinaires jugées au niveau régional et 50 en chambre nationale, 100 jours de session de conseil, et, pour le Conseil national, 90 réunions internes et 190 externes ». Comme le montrent ces chiffres, une année chargée, donc.

La réforme de l’Ordre

2017 a été l’année d’une réforme majeure de l’Ordre et du changement de son équipe, qu’il a su mener grâce à « la pleine mobilisation de ses capacités fonctionnelles et opérationnelles ». Et Jacques Guérin de le souligner, lors de ses vœux du 9 janvier : « Je veux vous rassurer, la maison tient bon. » Les objectifs principaux de cette réforme étaient multiples. Il s’agissait, tout d’abord, de mieux dissocier les fonctions administrative et disciplinaire, l’Ordre remplissant cinq missions distinctes : administrative, réglementaire, disciplinaire, de représentation et sociale. Étaient également à l’ordre du jour l’adoption d’un règlement intérieur et l’introduction dans la loi de la possibilité pour l’Ordre de participer à toute action liée à l’amélioration de la santé publique ou du bien-être animal, et, enfin, la promotion de la résolution amiable des différends.

L’action ordinale en quelques exemples

Après les élections du 30 mai 2017, 12 conseils régionaux ont été constitués et six ont fusionné deux et parfois trois anciennes régions, ce qui a demandé de nombreux efforts, même s’« il est évidemment trop tôt pour faire un bilan ».

Les vétérinaires exerçant en Nouvelle-Calédonie ont été rattachés au conseil régional de la Nouvelle-Aquitaine et des collectivités d’outre-mer, permettant ainsi l’application du Code de déontologie sur ce territoire.

Le dossier concernant les actes d’ostéopathie animale pratiqués par des personnes non vétérinaires « mobilise énergie et diplomatie, depuis plus de six ans ». Il a abouti à la création d’un jury d’examen composé de vétérinaires et de deux personnes non vétérinaires inscrites sur le registre national d’aptitude. La première session, qui s’est déroulé en décembre, a reconnu les compétences de six candidats sur dix.

L’Ordre a fait preuve de coopération, illustrée par la cogestion, avec les organismes professionnels, de projets comme Vetfuturs France, l’association Adelie, créateurs d’outils informatiques au service de la profession (remontée des cessions d’antibiotiques) et Calypso, qui succédera à Vet’élevage.

Deux rapports ont également été produits, l’un par Christian Rondeau et Michel Baussier, présidents d’honneur du Conseil national de l’Ordre des vétérinaires (CNOV), sur « l’adéquation de la réponse professionnelle à la commande publique, comprise comme la commande sociétale, faite à la profession vétérinaire » et l’autre par Nicolas Bouzou, économiste, intitulé Les Soins vétérinaires : vers le développement d’une offre 2.0. Tous deux sont en accès libre sur le site de l’Ordre.

Cette capacité de coopération a été saluée par les instances nationales et internationales pour la réussite du plan ÉcoAntibio 2012-2016 qui vient « fortement crédibiliser l’investissement des vétérinaires, mais aussi des éleveurs ».

Concernant le bien-être animal, le lien entre l’homme et l’animal et l’animal dans la ville, une commission Vétérinaire et bien-traitance animale produit des recommandations techniques et scientifiques. Cependant, Jacques Guérin a exprimé son sentiment d’« ambivalence » sur ces questions, car il rappelle que l’Ordre est mis sous pression par des associations « parfois militantes et non dépourvues d’arrière-pensées, afin de prendre position sur des questions polémiques selon un mode de réponse souhaité binaire et simpliste, en tout état de cause incompatible avec une réponse raisonnée et rigoureuse ». Il souhaite qu’une relation différente avec ces associations, organismes ou organisations non gouvernementales s’instaure.

Enfin, février 2017 aura été la date de la parité homme-femme dans notre profession.

2018 : consolider les acquis de 2017

Jacques Guérin souhaite trouver un consensus et des solutions au dossier complexe de la biologie vétérinaire, laquelle n’est toujours pas en mesure de « s’extraire des procédures contentieuses dans lesquelles elle est maintenue par des intérêts particuliers ». L’acte de biologie vétérinaire doit être correctement défini, comme celui de l’acte de biologie vétérinaire “augmenté”.

Un réseau de vétérinaires dans les territoires ruraux et en productions animales va être également préservé, porté par Stéphane Travert, nouveau ministre en charge de l’agriculture. « Je n’ai pas d’inquiétude sur la volonté exprimée », indique-t-il.

Il insiste toutefois sur la « fragilité du maillage vétérinaire et des vocations vétérinaires à exercer dans les territoires ruraux », comme le montrent les difficultés à réaliser les campagnes de prophylaxie dans certains territoires, invitant alors à s’intéresser au recrutement des étudiants vétérinaires.

Mais la grande cause de l’année 2018 sera la question prioritaire de la permanence et de la continuité des soins qu’attend la société. « Il n’est pas envisageable de demander l’impossible, l’inhumain, à un professionnel isolé (…) mais pour autant la profession vétérinaire doit assumer collectivement ce devoir éthique tout en considérant qu’il n’est pas acceptable que certains s’exonèrent sciemment de leurs obligations (…). L’Ordre des vétérinaires assumera son rôle de régulateur. »

2018 : place à l’innovation

La feuille de route pour 2018 suivra les recommandations du comité de pilotage de Vetfuturs France, dont l’action va se poursuivre bien au-delà de 2018. Ce dernier invite l’Ordre à faire preuve de créativité et d’initiatives pour montrer l’exemple et « inverser l’approche négative des vétérinaires quant au sentiment d’appartenance à leur corps professionnel ». En effet, il existe un décalage « insupportable » entre l’image que renvoie notre profession auprès du public et celle que nous nous faisons d’elle. Il convient alors de retrouver le sens de notre action « au service de la société, de la santé animale, publique et environnementale », à travers, par exemple, une journée événement annuelle transversale aux organisations professionnelles, aux écoles vétérinaires et aux administrations de tutelle.

Une rencontre entre l’Ordre et le ministère de la Transition écologique et solidaire sera prochainement sollicitée afin de créer un modèle économique de vétérinaires sentinelles sur le territoire, au cœur « des équilibres de la santé de l’écosystème animal-homme- environnement ».

Un comité d’éthique vétérinaire, à partir du CNOV, va être créé, qui sera composé « de personnalités représentantes de la société civile, des consommateurs et du milieu scientifique, dont des vétérinaires ».

Jacques Guérin a conclu son intervention en reprenant les mots de Jean d’Ormesson : « Tâchons de dépasser ce qui nous oppose et de multiplier ce qui nous unit. »

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