L’animal est-il (aussi) en marche ? - La Semaine Vétérinaire n° 1745 du 21/12/2017
La Semaine Vétérinaire n° 1745 du 21/12/2017

ACTU

Depuis plusieurs mois, la question de la condition animale fait régulièrement la Une de l’actualité. Le corps social espère une autre forme de gouvernance des politiques publiques en la matière. Cette demande sociétale n’est pas uniquement un déclaratif car elle se traduit par des changements de comportement. C’est ainsi que le marché s’adapte et préempte parfois la modification des usages en accélérant la mise en place d’une nouvelle offre. L’exemple des œufs est éclairant en la matière, comme celui du développement des produits manufacturés végétariens proposés, actuellement, par des géants de l’industrie de la transformation de matières carnées.

De la parole aux actes

Lors des dernières élections présidentielles et législatives, les candidats et les partis ont été interrogés par rapport aux engagements qu’ils prenaient sur le terrain de la condition des animaux. Si les réponses ont été, comme à l’habitude, diffuses, certains sont allés plus loin en développant un véritable argumentaire programmatique. Par ailleurs, le tout nouveau Parti animaliste a réussi une véritable percée. Et, dès l’été 2017, à l’ouverture de la législature, des députés fraîchement présents dans l’hémicycle ont joint les actes à la parole au travers d’un amendement, lors de l’élaboration de la loi portant sur la transparence de la vie publique, en proposant l’interdiction d’accès à des fonctions électives ou gouvernementales à toute personne condamnée pour des faits de mauvais traitement ou des actes de cruauté envers un animal. Dès la rentrée parlementaire, les états généraux de l’alimentation n’ont pas échappé aux revendications portées par les associations de protection d’une meilleure prise en compte de la souffrance animale. Puis, cet automne, certains députés ont demandé la création d’un groupe d’études au bureau de l’Assemblée nationale, qui aborderait les problématiques de la condition animale.

L’animal, objet politique ?

Les enjeux économiques et sociaux immédiats guidant l’élaboration du droit de façon de plus en plus vive, il convient de faire percevoir les attentes du corps social en faveur de la condition animale auprès de la représentation nationale et de l’exécutif. L’exercice d’un mandat électif national requiert une capacité à intégrer de multiples informations, à les hiérarchiser pour ensuite les concevoir comme un enjeu. La prise en compte politique de l’animal et la nécessité de construire un ensemble cohérent, harmonieux et efficace de textes législatifs reposent essentiellement sur le niveau de perception de cette problématique par les parlementaires.

Améliorer le portage politique de la cause animale

Il semble évident de remarquer qu’il y a une nécessité indispensable d’organisation des ONG1 de protection animale afin d’abonder à une démarche de lobbying “positif”. Il paraîtnécessaire, à l’image de démarches conduites dans d’autres pays, que le mouvement de défense des animaux se rassemble pour constituer une force de propositions vers les décideurs. Puis de construire une argumentation avec des éléments de langage qui mettront en avant des questions économiques, sociales, environnementales et sanitaires. Devenir, donc, audibles par les politiques, puis aider les alliés à élaborer des positions et les défendre.

Pour faire évoluer le droit, les mouvements de protection des animaux ont un travail nécessaire à accomplir en direction des parlementaires, afin de modifier leur regard en faisant progresser leur degré de perception.

La fabrication d’“intelligence collective” entre protecteurs des animaux, députés et sénateurs est une voie de passage obligée. En débutant par l’identification des parlementaires “alliés” pour constituer un réseau actif, puis en élargissant le spectre de conquête.Leur mise en relation, ensuite, crée une convergence des actions menées en prônant la stratégie des petits pas. La politique n’entendra la demande sociétale de respect de l’animal qu’à condition que les énergies positives se fédèrent !

1 Organisations non gouvernementales.

JEAN-LUC VUILLEMENOT

est observateur de la place de l’animal et de sa condition dans la société au travers d’activités de presse, de conseil et de direction d’associations. Attaché parlementaire sous la dernière législature, en charge du groupe d’études sur la protection des animaux, il est le cofondateur de Convergence-Animaux-Politique.
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