Otites externes du lapin et des rongeurs - La Semaine Vétérinaire n° 1744 du 14/12/2017
La Semaine Vétérinaire n° 1744 du 14/12/2017

CONFÉRENCE

PRATIQUE CANINE

Formation

Auteur(s) : ADELINE LINSART  

Les otites externes du lapin et des rongeurs sont le plus souvent associées à des otites moyennes. Cependant, il existe quelques entités spécifiques qui doivent être connues.

Rappels anatomiques

Le pavillon auriculaire du lapin représente environ 12 % de la surface corporelle totale. C’est un site d’échanges thermiques importants. Le conduit auditif externe (CAE) possède une orientation verticale oblique, ainsi qu’un petit diverticule en position rostro-médiale. La portion horizontale du CAE, telle qu’elle existe chez les carnivores domestiques, est absente dans cette espèce. Chez les lapins béliers, l’anatomie de l’oreille est génétiquement modifiée : les anneaux cartilagineux de la base de l’organe sont moins rigides et ne permettent pas un port droit. Il s’ensuit une sténose du conduit et une accumulation de cérumen, qui prédisposent ces individus à de nombreuses affections de l’oreille externe et moyenne.

Origine parasitaire

Les otites parasitaires sont parmi les plus fréquemment diagnostiquées. Elles concernent le lapin (Psoroptes cuniculi). Chez les rongeurs, il n’existe pas de parasite vrai du conduit auditif externe, mais Notoedres muris est bien connu pour provoquer, entre autres lésions cutanées, des lésions verruqueuses sur le pavillon auriculaire des rats et des hamsters (photo). L’utilisation d’antiparasitaires sous la forme de spot on (sélamectine, association imidaclopride-moxidectine) ou l’utilisation d’ivermectine par voie transcutanée est pratique et efficace à condition de renouveler les traitements à trois ou quatre reprises en moyenne (tableau). L’application de topiques auriculaires antiparasitaires est possible. Cependant, l’application peut être difficile et/ou douloureuse, ce qui entraîne une mauvaise observance thérapeutique.

Origine infectieuse

- Les otites infectieuses sont rares chez les rongeurs. Elles sont plus fréquentes chez le lapin, notamment bélier, mais elles entraînent peu de symptômes. L’animal peut secouer la tête, se gratter la base des oreilles. Les otites externes infectieuses sont le plus souvent associées à une otite moyenne, qu’il convient de rechercher par des moyens d’imagerie appropriée (radiographie des bulles tympaniques, scanner). Il convient également de rechercher un facteur favorisant : sténose des conduits chez les lapins béliers, présence d’une rhinite concomitante, rétrécissement de la lumière du conduit auditif associé à une métaplasie, une masse (polype, tumeur, kyste sébacé, etc.). Le nettoyage du conduit auditif est difficile : ces animaux de petite taille bougent beaucoup, le conduit auditif sténotique ne permet pas une évacuation simple des sécrétions. Il est souvent nécessaire de recourir à une anesthésie flash pour irriguer les conduits sous contrôle endoscopique, notamment chez les lapins béliers.

Un abord chirurgical des otites infectieuses externes peut être nécessaire, une fois le diagnostic convenablement posé. Il consistera en la résection des masses identifiées ou en la résection de la paroi latérale du CAE chez le lapin bélier, afin d’éviter la complication fréquente d’empyème para-auriculaire.

- Chez le rat et la gerbille, des atteintes de l’oreille externe de nature tumorale peuvent apparaître assez fréquemment. Le cholestéatome est observé chez les gerbilles âgées, il correspond à une prolifération de l’épithélium pavimenteux qui desquame et se kératinise au niveau du tympan. Il entraîne une infection chronique et une destruction locale des structures osseuses. Des adénomes et des adénocarcinomes de la glande de Zymbal sont parfois identifiés chez le rat, sous la forme d’une masse ferme située en position sous-cutanée à la base de l’oreille. Une alopécie et une ulcération se développent secondairement. Ces tumeurs sont souvent confondues initialement avec un processus bénin, évoluant sous la forme d’un abcès chronique ou d’un kyste sébacé. La cytoponction à l’aiguille fine révèle un matériel amorphe éosinophilique, correspondant à une accumulation de kératine et de cellules dégénérées (neutrophiles, histiocytes, lymphocytes). L’ablation chirurgicale complète du conduit auditif externe est indispensable. La chirurgie est relativement risquée (risque anesthésique et hémorragique, lésions du nerf facial) et n’est satisfaisante que lors de prise en charge d’une tumeur récente peu étendue.

Origine allergique

L’otite allergique est décrite chez le lapin. Elle entraîne un prurit important avec un érythème du pavillon auriculaire et des lésions de grattage. Des proliférations fongiques (Malassezia sp.) peuvent être identifiées. Une hypersensibilité aux ectoparasites ou aux acariens de la maison est suspectée. Le diagnostic d’une otite allergique fait suite à l’exclusion des autres causes d’otite. Le recours à des corticoïdes sous la forme de topiques auriculaires est indiqué.

Jean-François Quinton Diplomate ECZM, praticien à la clinique Advetia (Paris). Article rédigé d’après une présentation faite au congrès du Genac, en septembre 2017.

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