Ça sent le sapin… - La Semaine Vétérinaire n° 1744 du 14/12/2017
La Semaine Vétérinaire n° 1744 du 14/12/2017

Edito

Auteur(s) : TANIT HALFON  RÉDACTRICE. , TANIT HALFON , TANIT HALFON  RÉDACTRICE. , TANIT HALFON 

Cen’est nouveau pour personne, notre abeille est en péril. Au rang des accusés, les pesticides, les monocultures, le changement climatique, les maladies émergentes et réémergentes, etc. Si les premiers sont bien volontiers, et à juste titre, pointés du doigt, il apparaît de plus en plus évident que certaines pratiques apicoles y sont aussi pour quelque chose. Nos abeilles fatiguent. Au chevet de ces nouveaux malades, le vétérinaire, qui réinvestit une filière apicole qu’il a longuement délaissée. Depuis une dizaine d’années, plus de 200 praticiens ont ainsi obtenu le diplôme interécoles en apiculture et pathologie apicole. Ces “jeunes” diplômés soignent en intervenant à différents niveaux. Ils peuvent être mandatés par la direction départementale de la protection des populations lors d’un danger sanitaire de catégorie 1 ou de mortalité massive aiguë, ou encore agir à la demande d’un apiculteur. Depuis novembre, ils endossent aussi un rôle de formateur auprès des apiculteurs1, afin de leur enseigner les bonnes pratiques de lutte contre le parasiteVarroa destructor. Il y a urgence. Pour l’abeille, certes, mais aussi pour l’apiculteur qui voit ses ressources financières diminuer. L’étude de l’Observatoire de la production de miel et gelée royale de FranceAgriMer2 a révélé un recul de 33,5 % du volume de miel produit pour l’année 2016, alors que le nombre total d’apiculteurs a augmenté d’environ 22 %. Selon le rapport, l’année est « exceptionnelle par sa faible production de miel » et s’annonce « comme l’une des plus mauvaises saisons ». La bonne santé de nos abeilles à miel se répercute aussi directement sur les autres pollinisateurs, comme le souligne le rapport de la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES)3 de 2016. Lutter contre les agents pathogènes de notre abeille, c’est réduire« la propagation des maladies dans l’ensemble des communautés des pollinisateurs, qu’ils soient domestiques ou sauvages ». Quand on sait que le volume de la production des cultures dépendant des pollinisateurs a augmenté de 300 % ces cinq dernières décennies, on comprend d’autant mieux l’urgence de sauver l’abeille.

Le vétérinaire a toute sa place dans cette approche écosystémique. L’Ordre vient d’ailleurs d’annoncer que les vétérinaires sont sous-exploités au ministère en charge de l’environnement4. ●

1 Lire page 33 de ce numéro.

2 bit.ly/2r5MfpV.

3 bit.ly/2ASCOvM.

4 Lire pages 10 et 11.

Lire aussi le dossier pages 44 à 49.

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