Le numérique au service du pâturage - La Semaine Vétérinaire n° 1743 du 07/12/2017
La Semaine Vétérinaire n° 1743 du 07/12/2017

CONFÉRENCE

PRATIQUE MIXTE

Formation

Auteur(s) : SERGE TROUILLET 

Les outils d’aide à la décision, les capteurs d’état du végétal, des animaux ou du milieu, les capteurs embarqués sur les machines agricoles, les robots, etc., procèdent de technologies qui promettent aux producteurs d’allier compétitivité, respect de l’environnement et meilleures conditions d’exercice de leur métier. Reste à en connaître l’intérêt en conditions réelles d’emploi, à en tester la valeur d’usage. Dans le concept global de la ferme du futur, un système pâturant automatisé est ainsi en cours de test en Irlande.

Une clôture virtuelle…

L’idée est d’associer une mesure de hauteur d’herbe avec un herbomètre équipé d’un GPS et l’allocation afférente d’une zone de pâturage pour les vaches. Elle s’adresse aux éleveurs pratiquant le pâturage tournant, lequel exige une main-d’œuvre abondante. L’installation d’une clôture virtuelle, que l’on déplacerait en fonction d’une cartographie de l’offre en herbe, supprimerait en effet l’obligation de modifier les clôtures réelles (fils électriques tendus sur piquets) et permettrait une plus grande flexibilité sur la taille des paddocks pâturés.

Plus précisément, l’objectif de la démarche consiste à développer un outil de décision qui fonctionne avec le système GPS de positionnement par satellite. Il mesure la hauteur d’herbe et calcule ainsi la masse d’herbe disponible sur l’ensemble des parcelles de pâturage, puis intègre ces informations pour proposer un ordre de parcelles à pâturer. La clôture virtuelle consiste en un appareil fixé au cou de chaque vache pour la maintenir, par un signal sonore ou électrique, dans une zone de pâturage qui est définie par des points GPS. L’étude irlandaise vise à mettre au point le système de transmission de données et le déclenchement des signaux d’abord acoustiques, puis tactiles dans un second temps, lorsque les animaux se rapprochent des limites virtuelles fixées par l’éleveur via l’application smartphone de gestion du pâturage.

… encore inapplicable sur des petites parcelles !

Les premiers résultats soulignent la nécessité d’un apprentissage progressif de la présence des barrières virtuelles par les vaches pour augmenter la réussite de ce système et diminuer l’état de stress des animaux. En effet, dans des conditions de contraintes minimales (vaches taries, aux besoins plus limités, absence de taureaux à proximité, barrière virtuelle réduite à un seul côté, vaches en petit nombre), trois des neuf vaches testées sur sept jours ne rebroussent pas chemin malgré le déclenchement des stimulus.

Par ailleurs, l’étude du comportement des vaches a montré une augmentation significative du temps passé “debout inactif” et une réduction de moitié de celui consacré à pâturer lorsque les barrières virtuelles sont activées. Il est donc encore, pour l’heure, plus aisé de mettre en place, sur de grands espaces, ce type de barrière associé à des éléments géographiques naturels ou bien marqués (cours d’eau, chemin, forêt, etc.), facilement identifiables par les animaux.

Un herbomètre numérique en attente de solutions plus élaborées

L’herbomètre numérique, équipé d’un télémètre et d’un GPS, qui coûte aux environs de 800 €, permet de faciliter grandement la notation des données et l’interprétation ultérieure. Communiquant avec une tablette smartphone et une application dédiée dans laquelle est enregistré le parcellaire, il permet d’obtenir directement la biomasse disponible sur celui-ci à partir des mesures effectuées sur place. L’interprétation des résultats est immédiate, l’outil est pratique, mais il faut encore se déplacer pour faire les mesures.

Une proposition alternative serait la bienvenue. L’usage des photos par satellite n’est pas encore pertinent. S’il est facile de repérer les surfaces de terre à nu, il l’est beaucoup moins d’interpréter les nuances de vert indiquant la densité de l’herbe d’une prairie pâturable. Des travaux de recherche sont menés sur ce type d’interprétation. Notamment à partir d’images fournies par des drones, au plus près de la parcelle. Mais là encore, cet usage nécessite de la main-d’œuvre.

Alexis Férard Arvalis, Institut du végétal. Article rédigé d’après une présentation faite lors du Sommet de l’élevage, le 6 octobre.

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