L’accueil des stagiaires : une dimension majeure du métier - La Semaine Vétérinaire n° 1743 du 07/12/2017
La Semaine Vétérinaire n° 1743 du 07/12/2017

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ÉCO GESTION

Auteur(s) : SERGE TROUILLET  

L’accueil de stagiaires issus d’horizons multiples est chronophage, parfois contraignant pour les structures vétérinaires. Mais il est ressenti, le plus souvent, comme vivifiant et surtout indispensable à l’entretien de leur carnet d’adresses en vue de recrutements ultérieurs.

Tout au long de l’année, des stagiaires défilent dans les structures vétérinaires. Ils viennent des collèges et lycées environnants, des écoles nationales vétérinaires ou de formation des auxiliaires spécialisés vétérinaires (ASV), pour des périodes allant de quelques jours à plusieurs mois. Ils sont même de plus en plus nombreux, à commencer par les élèves des classes de 3e. « Nous avons la réputation de bien les accueillir, de nous rendre disponibles à leur égard, aussi nous arrive-t-il souvent d’en refuser », doit en convenir Hugues François, de Vallon-en-Sully (Allier).

Qu’ils viennent en stage de découverte, pour les 3e, ou d’orientation, pour les lycéens, tous n’affichent pas la même motivation. « Il nous arrive de traîner des boulets, mais la plupart s’intéressent, posent des questions, sont bien élevés et se comportent correctement en clientèle », observe Sébastien Croo, de Luçon (Vendée). La désillusion est parfois au rendez-vous. « Certains, plongés d’un coup dans la réalité de notre métier, confessent ne pas reconnaître celui qu’ils ont fantasmé », rapporte Hugues François. Quoi qu’il en soit, attention et prudence sont toujours de mise à leurs côtés. Ainsi en témoigne Sébastien Croo : « Assistant à une chirurgie, une stagiaire s’est évanouie à la vue du sang. Elle est tombée en avant sur la table de chirurgie et s’est cassé plusieurs dents… »

Une vingtaine d’étudiants par an !

À Marcigny, en Saône-et-Loire, les stagiaires étudiants sont chouchoutés. La clinique peut en accueillir une vingtaine par an ! « Le bouche-à-oreille fonctionne. Un professeur d’une école vétérinaire m’a dit récemment qu’il nous connaissait bien. Non pas en raison de la brillance de nos études, mais parce que l’information lui avait été remontée que notre accueil séduisait les étudiants. Nous en sommes fiers, même s’ils nous coûtent… en cacahuètes ! », s’amuse Antoine Fichot. Tous sont en simple observation, mais ils peuvent aider sur des audits, à trouver de la bibliographie dans certains cas, à participer aux tâches subalternes. « S’il nous arrive de confronter nos points de vue, nous ne prenons pas des stagiaires pour qu’ils nous apportent quelque chose. Mais si leurs réflexions peuvent nous enrichir, nous nous en félicitons », fait valoir François Cotte, de Saint-Germain-Laval (Loire).

Du côté de Luçon, la proximité de l’école des Établières de la Roche-sur-Yon, qui forme des ASV pendant un an après le bac, s’avère bien pratique pour Sébastien Croo : « Nous en avons régulièrement. Elles sont prises en charge par nos secrétaires pour la gestion des commandes et des livraisons, la réception des appels téléphoniques, l’accueil des clients, etc. En recruter une n’est pas une source d’inquiétude pour nous. »

Un atout non négligeable

Le recrutement, voilà le maître mot concernant l’accueil des stagiaires, notamment en rurale. Si le stage, par le relationnel qu’il entretient, facilite la prospection le moment venu, il n’est pas pour autant un gage assuré de réussite. Hugues François en atteste : « Jusqu’à maintenant, cela ne nous a pas aidés. Cette année, nous cherchions pour mai un aide longue durée, et nous avons embauché un praticien roumain seulement en octobre. » Pour Sébastien Croo, ce ne fut qu’une question d’opportunité : « Quand notre dernière stagiaire tutorée est arrivée sur le marché du travail, nous ne pouvions l’embaucher, mais lorsque nous avons été demandeurs, c’était trop tard : elle avait été recrutée par des confrères auxquels nous l’avions recommandée. »

Reste que cette démarche d’accueil, surtout en milieu rural, demeure un atout non négligeable. François Cotte : « Notre cabinet est connu ; cela nous facilite le travail de recrutement des assistants. » Antoine Fichot : « Nous avons une liste de jeunes confrères qui postulent ; on n’est jamais en carence. » Samuel Legru, de Saint-Sauveur-en-Puisaye (Yonne), quant à lui, s’en félicite : « La consœur que nous avons embauchée récemment a été recrutée par l’intermédiaire d’un stagiaire qui était venu chez nous. »

Un hébergement non systématique…

La problématique du logement est toujours afférente à cet accueil. Les associés d’Hugues François ont opté pour l’indépendance : « Nous n’avons pas de studio pour loger les stagiaires. Soit ils ont de la famille ou des proches à proximité, soit nous les aidons à trouver un gîte, ou un logement temporaire. Nous en avons déjà hébergé, mais cela se révèle assez lourd pour les familles de vétérinaires. Nous préférons qu’ils soient autonomes à cet égard. »

C’est un peu le même principe pour Samuel Legru : « Il nous est arrivé de les accueillir directement chez nous, parce que nous n’avons pas de studio dans notre structure. Mais nous réservons cette possibilité aux élèves que l’on connaît ou qui nous ont été recommandés par des amis. Plusieurs fois, certains d’entre eux ont pu être hébergés à Champignelles, au centre d’application de l’école d’Alfort, juste à côté. Nous avons la chance, par ailleurs, de vivre dans une région touristique, pourvue de nombreux gîtes, de studios en location. L’hébergement n’a jamais été un souci pour nous. » Ni pour Antoine Fichot, dont la clinique dispose d’un petit appartement avec deux chambres : « Il nous permet aussi de loger notre prophylactisant, chaque année pendant un mois et demi. »

… mais parfois indispensable !

La clinique vétérinaire de François Cotte a inclus d’emblée un studio d’accueil des stagiaires : « Il nous arrive encore d’en loger un, mais nous devons reconnaître que nous sommes beaucoup moins forts que nos prédécesseurs à cet égard. Nous avons tous fait nos stages en étant logés chez nos confrères. Cela a été mon cas. Les anciennes générations n’avaient pas prévu de faire autrement. À l’époque, on ne se posait pas ce genre de question. Aujourd’hui, nous avons beaucoup plus scindé vie professionnelle et vie de famille. Et c’est mieux ainsi. »

Pour Christine Delnord, de La Voulte-sur-Rhône (Ardèche), proposer un hébergement relève de l’obligation. Pas tant pour des stagiaires, qu’elle accepterait volontiers s’ils le lui demandaient, que pour les remplaçants dont elle est souvent en quête. Pas facile, en effet, quand on habite dans une petite ville d’Ardèche, et que l’on souhaite s’assurer le concours d’une personne pour un petit mi-temps : une journée et demie par semaine et la moitié des vacances scolaires ! Elle a dû investir : « J’ai fait aménager une ancienne pièce de repos en studio tout confort, avec une mezzanine, pour en faire un logement agréable à vivre. » En son absence, elle laisse même son chez-elle à disposition…

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