Émergence d’une nouvelle souche de PCV2 en France - La Semaine Vétérinaire n° 1743 du 07/12/2017
La Semaine Vétérinaire n° 1743 du 07/12/2017

CIRCOVIRUS

PRATIQUE MIXTE

L'ACTU

Auteur(s) : TANIT HALFON  

Une étude de terrain, pilotée par Ceva France, s’est penchée sur les types de circovirus présents dans l’ouest du territoire. Le PCV2d a été mis en évidence dans plus de 50 % des cas.

Une enquête, conduite par Ceva France et le laboratoire de diagnostic Labocéa, installé à Ploufragan (Côtes-d’Armor), a voulu faire le point sur les souches virales de PCV2 présentes en France. Pour ce faire, plusieurs élevages, situés majoritairement en Bretagne, ont été sélectionnés, à partir de prélèvements (sérums et organes) qui avaient été reçus par le laboratoire en vue de rechercher la présence du circovirus. Les échantillons choisis, sur la période s’étalant du second semestre 2016 au premier semestre 2017, devaient présenter un titre viral supérieur ou égal à 107 copies par millilitre (sérum) ou gramme (organe). Au total, ce sont plus de 20 vétérinaires cliniciens et 37 élevages qui ont contribué à l’étude. Seuls 32 prélèvements ont pu faire l’objet d’un séquençage.

PCV2d est majoritaire

Deux types viraux ont été identifiés, les génotypes d et b représentant respectivement 56 et 44 % des cas. Le type b a été retrouvé majoritairement dans les prélèvements réalisés lors du second semestre 2016 et le type d, lors du premier semestre 2017. « Pour l’instant, personne n’a pu identifier les facteurs expliquant cette émergence. Une des hypothèses pourrait être que certaines souches développent une stratégie d’évitement face à la vaccinatio n , souligne Nathalie Capdevielle, responsable marketing et technique gamme porc chez Ceva France. Une autre question est celle de la virulence.« Actuellement, le D r Matthias Eddicks, de l’université de Munich, soupçonne une virulence accrue de ce génotype. Mais il n’est pas exclu que la charge infectieuse contribue aussi à une symptomatologie plus sévère. »

Identifier les facteurs de risque

Ces premiers résultats seront complétés par une enquête sur les pratiques d’élevage, incluant, entre autres, les protocoles vaccinaux, les types de vaccins utilisés ou encore les problématiques infectieuses concomitantes. « L’objectif sera de pouvoir identifier d’éventuels facteurs de risque, afin de mieux caractériser la maladie. De plus, nous cherchons aussi à savoir si les vétérinaires praticiens seraient intéressés par la caractérisation plus systématique de la souche incriminée. En effet, actuellement, le séquençage n’est pas utilisé en routine. Nous pourrions alors construire une sorte d’observatoire des souches. »

Une évolution similaire dans d’autres pays

Une publication, présentée lors du 9e symposium européen sur la gestion de la santé porcine (ESPHM), en mai dernier, avait déjà relaté la présence du PCV2d dans un élevage breton au début de l’année 2016. Mais la circulation de cette nouvelle souche remonte à plus loin. En témoignent les exemples présentés par notre confrère Matthias Eddicks, lors du symposium Ceva de septembre. Entre 2012 et 2017, sur 45 prélèvements transmis à l’université de Munich (Allemagne) pour rechercher le circovirus, 64 % correspondaient au type d, 29 % au type b et 7 % au type a. Aux États-Unis, une étude1 avait révélé 71,8 % de PCV2d, 29 % de PCV2b et 11,3 % de PCV2a sur 586 échantillons de poumons de porcs transmis en 2015.

Une vaccination efficace

« Lors de notre symposium de la rentrée, le D r Tanja Opriessnig, de l’université d’Edimbourg, avait présenté une étude montrant l’efficacité de notre vaccin Circovac ® contre le nouveau génotype PCV2d , explique Nathalie Capdevielle. La vaccination donne satisfaction dans la plupart des cas. »L’étude avait révélé une réduction de la virémie et de la charge virale en PCV2d dans les tissus des porcelets vaccinés puis “challengés” par le PCV2d, ainsi qu’une réduction de la transmission du virus depuis ces sujets vers des porcelets naïfs. À ce jour, tous les vaccins commercialisés sont basés sur le génotype a. « Peut-être faudra-t-il recadrer le protocole vaccinal. En fonction de la pression virale identifiée dans l’élevage, le vétérinaire pourrait revoir les protocoles de vaccination mis en place par l’éleveur. »

1 bit.ly/2ngMBZv.

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