Résavip dresse son bilan annuel - La Semaine Vétérinaire n° 1741 du 23/11/2017
La Semaine Vétérinaire n° 1741 du 23/11/2017

INFLUENZA A

PRATIQUE MIXTE

L'ACTU

Auteur(s) : TANIT HALFON  

Le bilan de l’activité du réseau de surveillance du virus de l’influenza A chez le porc, Résavip, a été présenté le mardi 14 novembre dernier. Depuis sa création, le nombre d’élevages positifs demeure stable. Tisser des liens plus étroits avec la santé humaine reste encore à faire.

À la suite de la pandémie de H1N1 de l’hiver 2009-2010, la France s’est dotée d’un dispositif de surveillance du virus de l’influenza A chez le porc, coordonnée par Coop de France. Les objectifs du réseau sont d’améliorer les connaissances en épidémiologie et en virologie, de surveiller de manière continue afin de pouvoir adapter les éventuelles mesures de lutte à appliquer, et enfin de pouvoir communiquer de manière appropriée sur le sujet. À ce jour, la France est le seul pays à disposer d’un tel système de surveillance.

Une organisation bien rodée

Le réseau regroupe 70 vétérinaires volontaires, 17 animateurs régionaux et sept laboratoires départementaux agréés (LDA) pour les analyses de 1re intention (RT-PCR1 gène M). En cas de positivité, l’échantillon est envoyé au laboratoire national de référence pour caractériser le sous-type moléculaire et le lignage génétique. À ce jour, l’Île-de-France, la Corse et l’Alsace n’ont pas encore été concernées par des visites, en raison de la faible densité en élevage et d’un nombre de vétérinaires porcins forcément réduits. Le réseau fonctionne bien, en témoigne l’analyse des indicateurs de fonctionnement mis en place en 2015 au niveau régional et national. Pour exemple, 95 % des résultats des analyses des LDA sont envoyés aux animateurs régionaux sous huit jours, un pourcentage semblable à 2015 et à 2016. Plusieurs axes d’amélioration de la qualité du réseau sont prévus, via la mise en place d’un bilan des indicateurs de fonctionnement au niveau régional, une gestion administrative et financière au niveau national (proposition en cours de validation par la DGAL2) et le lancement d’une enquête sérologique sur l’ensemble du territoire.

Un nombre d’élevages positifs stable depuis 2011

De 2011 à 2016, 1 495 visites d’élevages sont comptabilisées, dont la moitié atteints de grippe, surtout dans le Grand Ouest. Les virus circulent toute l’année, et H1avN1 (avian-like swine) est le type majoritairement identifié depuis le début de la surveillance. Cependant, la diversité virale croît, illustrant bien la cocirculation des virus. La forme récurrente de la maladie (forme persistante à l’échelle de l’élevage, se répétant sur chaque bande ou presque dans une gamme d’âges déterminée) est rencontrée dans 45 % des cas. Elle se manifeste plus fréquemment sur les sites avec reproducteurs et chez des animaux plus jeunes (autour de 7 semaines d’âge) que la grippe dite classique (forme épisodique à l’échelle de l’élevage pouvant se propager sur différentes classes d’âge au moment de l’épisode, sans caractère de récurrence à âge fixe). La forme récurrente se révèle aussi plus fréquente dans les élevages qui vaccinent. Les porcelets en post-sevrage sont les plus touchés. Dans 25 % des cas, les symptômes sont sévères. Aucun lien statistique entre l’intensité des symptômes et le type viral n’a pu être établi.

Des pistes pour le One Health ?

La fin de journée s’est soldée par une table ronde réunissant des acteurs de la santé animale et humaine, le but étant de pouvoir échanger afin d’améliorer la collaboration entre les deux secteurs. Si partager les expériences de chacun, en matière de recherche et de surveillance, est une première étape nécessaire selon Anne Bromer, cheffe de bureau de la santé animale à la DGAL, il importe de ne pas perdre de vue les enjeux et les objectifs à atteindre. « Attention toutefois à ne pas tout mélanger, chaque secteur ayant ses spécificités » , a-t-elle mis en garde. Côté santé humaine, les réseaux de surveillance s’intéressent peu au virus porcin, et davantage au virus aviaire. Pour Daniel Levy-Bruhl, responsable de l’unité maladies respiratoires et vaccination à Santé publique France, une collaboration ferait sens si Résavip menait une évaluation des risques, permettant d’alerter quand « un danger pour la santé humaine est fondé ». Autre piste de réflexion soulevée par Vincent Enouf, directeur adjoint du Centre national de référence des virus influenza à l’Institut Pasteur : disposer d’éléments sur l’état de santé des personnes au contact de l’élevage. Si récupérer des informations pertinentes pour la santé humaine semble encore compliqué, tous les invités se sont rejoints sur l’importance d’encourager la vaccination, notamment des éleveurs.

1 Real-time polymerase chain reaction.

2 Direction générale de l’alimentation.

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