Quel bilan dressez-vous des résultats du plan ÉcoAntibio 1 ? - La Semaine Vétérinaire n° 1740 du 16/11/2017
La Semaine Vétérinaire n° 1740 du 16/11/2017

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Auteur(s) : MICHAELLA IGOHO-MORADEL  

NOTRE ARSENAL THÉRAPEUTIQUE SE RÉDUIT COMME PEAU DE CHAGRIN

Le plan ÉcoAntibio a vu le jour parce qu’il n’y avait ni maîtrise ni contrôle de l’utilisation des antibiotiques dans la pratique vétérinaire. Même quand le prescripteur souhaitait la réduire, il était confronté à une forte réticence de la part de nos clients face aux solutions alternatives. L’antibiotique, c’est le traitement le plus efficace, le plus économique et le plus facile à mettre en œuvre. Il fallait donc une directive contraignante pour faire évoluer les mentalités et les pratiques. Les objectifs de départ ont été dépassés. Et nos clients sont aujourd’hui demandeurs de traitements alternatifs. Cependant, il ne faut pas que le balancier aille trop loin dans l’autre sens. Les antibiotiques restent irremplaçables dans notre pratique. Aujourd’hui, les laboratoires ne proposent aucune innovation, et entre l’allongement des délais d’attente, la quasi mise à l’index des antibiotiques critiques et la suppression de certaines spécialités, notre arsenal thérapeutique se réduit comme peau de chagrin. Il convient donc de trouver un bon compromis entre liberté et efficacité de nos prescriptions, d’une part, et réglementation et impératifs de santé publique, d’autre part. Ce qui est a priori l’esprit du prochain plan. A priori...

Alain Mathon (T 77)

NOUS N’Y AVONS PRESQUE PLUS RECOURS

Sur le principe, le premier plan ÉcoAntibio est une bonne chose, nous avons plus qu’atteint les objectifs sur la réduction de l’usage des antibiotiques et particulièrement des critiques. Dans notre clinique, cela faisait déjà pas mal de temps que nous les avions mis de côté et les utilisons uniquement en cas d’extrême urgence. Actuellement, nous n’y avons presque plus recours. Ces bons résultats n’auraient pas été atteints sans le cadre réglementaire qui a été mis en avant. Malheureusement, il était nécessaire de se faire taper un peu sur les doigts, bien que nous nous privions de molécules intéressantes. Toutefois, si le plan ÉcoAntibio 1 est une vraie réussite en France, à l’étranger, la plupart des autres pays n’appliquent pas des plans aussi stricts, ce qui est décevant. Je pense notamment à la consommation des antibiotiques.

Olivier Raoux (N 11)

NOUS AVONS ÉTÉ DE BONS PETITS SOLDATS !

Le travail globalement effectué par la profession vétérinaire est assez remarquable, surtout si on le compare aux mauvais résultats des médecins. Nous avons été de bons petits soldats et avons marché dans la direction qui nous a été indiquée, mais cela ne s’est pas fait sans douleur et sans difficultés. Tous les objectifs fixés dans le plan ÉcoAntibio, en particulier ceux pilotés par la Société nationale des groupements techniques vétérinaires (SNGTV), ont été atteints. D’autres partenaires n’ont pas été aussi efficaces que les vétérinaires. Les praticiens ont vraiment changé leur façon de travailler, que ce soit en canine ou encore en élevage industriel. Ils ont joué le jeu, en particulier sur les aspects réglementaires et le recours aux antibiotiques critiques. D’autres filières ont beaucoup évolué et cela se voit dans les résultats définitifs. Toutefois, aujourd’hui, l’utilisation d’autres antibiotiques (notamment macrolides, aminosides, colistine), inscrits sur des listes internationales, génère des interrogations et pourrait, à terme, poser un problème. Il y a donc encore du travail à faire, y compris dans les écoles vétérinaires.

Frédéric Collot (N 85)
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