La prise en charge des tumeurs du foie - La Semaine Vétérinaire n° 1740 du 16/11/2017
La Semaine Vétérinaire n° 1740 du 16/11/2017

CONFÉRENCES

PRATIQUE CANINE

Formation

Auteur(s) : JULIEN MICHAUT-CASTRILLO 

Du diagnostic clinique et biologique à la gestion chirurgicale des tumeurs hépatiques, résumé de la démarche à entreprendre pour optimiser leur prise en charge.

Des signes cliniques et biologiques peu spécifiques

Les tumeurs hépatiques primitives sont peu fréquentes chez le chien et le chat. Lors de l’examen clinique, des signes généraux et non spécifiques sont présents chez 75 % des chiens et 50 % des chats : dysorexie ou anorexie, amaigrissement, abattement, hyperthermie, vomissements ou diarrhée, polyuro-polydypsie, parfois ictère ou distension abdominale. Lors du bilan sanguin, la numération et formule sanguines met en évidence une leucocytose et une anémie discrète à modérée, normocytaire, normochrome et non régénérative. Une augmentation des paramètres hépatiques (Alat et Asat1 témoignant d’une cytolyse hépatique, PAL et GGT2 d’une cholestase) est souvent observée, mais sans corrélation entre l’amplitude d’élévation des paramètres et la sévérité des lésions hépatiques. Une augmentation des temps de coagulation (Quick, thrombine et céphaline activée) est également souvent rencontrée, mais est rarement clinique. Enfin, une hypoglycémie et une hypoalbuminémie sont souvent observées. Tous ces signes sont peu spécifiques, mais cependant à ne pas négliger et à compléter par des examens d’imagerie que sont l’échographie et le scanner.

Choisir entre cytoponction et biopsie

Le choix entre cytoponction et biopsie varie selon l’affection hépatique suspectée, dont le diagnostic cytologique est impossible pour certaines d’entre elles. Lors d’une cytoponction, une aiguille de diamètre 23 G (hypodermique ou spinale, selon la profondeur du lobe à atteindre), sur laquelle est montée une seringue de 5 ml, est utilisée. L’animal est vigile (ou sédaté en cas d’agitation) et la zone cutanée est préalablement tondue, nettoyée et désinfectée. La cytoponction est réalisée sous échoguidage et le matériel est prélevé par capillarité ou par aspiration (lors de lésions à forte cohésion cellulaire). Lors d’une biopsie, une aiguille à biopsie de diamètre 16 G, de longueur adaptée, montée sur un pistolet à biopsie, est employée. L’animal est anesthésié et une préparation chirurgicale de la peau est réalisée. La biopsie échoguidée peut être assistée ou à main levée (plus délicate, mais autorisant davantage de liberté de mouvement).

Quand prévoir une chirurgie et comment la réaliser

L’indication chirurgicale dépend de la nature histologique de la tumeur, mais surtout de l’aspect macroscopique et du taux de métastases associé. Les tumeurs hépatocellulaires (75 % des tumeurs hépatiques du chien) sont, dans près de deux cas sur trois, massives et localisées majoritairement dans les lobes gauches. Leur pronostic est excellent après exérèse chirurgicale. Les autres types de tumeurs ont une fréquence de métastases élevée, ce qui contre-indique la chirurgie. Chez le chat, les cystadénomes sont les tumeurs les plus fréquentes et d’excellent pronostic après chirurgie.

Connaître l’anatomie hépatique est primordial. Le foie est divisé en trois groupes de deux lobes : le lobe latéral gauche et le lobe médial gauche peuvent être séparés, de même que le lobe latéral droit, le processus caudé du lobe caudé et le processus papillaire, contrairement aux lobes carré et médial droit qui sont indivisibles. De nombreux vaisseaux sont présents, notamment la veine cave caudale, la veine porte et l’artère hépatique. En cas de faibles saignements, une compression peut être efficace, avec l’utilisation éventuelle de compresses hémostatiques. Une manœuvre de Pringle permet d’occlure temporairement la veine porte et l’artère hépatique pour juguler une hémorragie plus importante. Le foie étant un organe abdominal cranial, l’abord chirurgical se fait depuis le processus xyphoïde et même au-delà si besoin (ventilation assistée nécessaire), incision qu’il est possible de prolonger latéralement par une incision paracostale droite pour permettre une bonne visualisation des lobes droits. La lobectomie peut être effectuée par squelettisation (dissection du parenchyme, isolement et ligature de chaque vaisseau) ou à l’aide d’une agrafeuse thoraco-abdominale ou d’anastomose gastro-intestinale ou encore à l’aide d’une pince à ligafusion.

1 Alanine aminotransférase et aspartate aminotransférase.

2 Phosphatase alcaline et γ-glutamyl-transférase.

Franck Floch Praticien à Lille (Nord). Article rédigé d’après des présentations faites au congrès de l’Afvac à Lille (Nord), en novembre 2016.

Sébastien Etchepareborde Spécialiste en chirurgie des animaux de companie, praticien au CHV des Cordeliers à Meaux (Seine-et-Marne). Article rédigé d’après des présentations faites au congrès de l’Afvac à Lille (Nord), en novembre 2016.

Hugues Gaillot Spécialiste en imagerie médicale, praticien au centre de spécialistes Advetia à Paris. Article rédigé d’après des présentations faites au congrès de l’Afvac à Lille (Nord), en novembre 2016.

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