Deux cas d’occlusion chez des geckos léopards - La Semaine Vétérinaire n° 1740 du 16/11/2017
La Semaine Vétérinaire n° 1740 du 16/11/2017

CAS CLINIQUES

PRATIQUE CANINE

Formation

Une occlusion traitée médicalement

Un gecko léopard (Eublepharis macularius) mâle, âgé de 6 mois, est présenté en consultation pour une anorexie évoluant depuis 2 semaines. Il a été acquis en animalerie avec une femelle du même âge. Il vit dans un terrarium chauffé à l’aide d’une lampe permettant d’obtenir, la journée, une température au point chaud de 31 °C et au point froid de 24 °C. Le substrat est composé de sable, qui est nettoyé au besoin. Il mange des grillons adultes vivants, dans son terrarium, directement sur le substrat.

Examen

Le gecko est alerte et vif mais cachectique (absence de graisse au niveau de la queue) (photo 1). À la palpation abdominale, une masse, ferme, légèrement crissante, d’environ 1 cm de large et 2 cm de long, en position caudo-médiale dans la cavité cœlomique, est découverte. Le reste de l’examen clinique est normal. La radiographie met en évidence une impaction de sable dans le tube digestif caudal, responsable d’une occlusion (photo 2).

Traitement

L’animal est hospitalisé et un traitement médical est mis en place dans un premier temps : paraffine (0,5 ml matin et soir per os) et gavage (Carnivore Care® très dilué). Des bains d’eau tiède sont également réalisés deux fois par jour, afin de réhydrater le contenu digestif et de favoriser l’élimination du sable. Au deuxième jour d’hospitalisation, le gecko émet ses premières selles, constituées en grande partie de sable, ce qui marque un début d’élimination de l’impaction (photo 3). La radiographie de contrôle montre alors une diminution de la densité de la zone d’impaction, mais la persistance d’une quantité encore importante de sable dans le tractus digestif (photo 4). Le traitement est poursuivi le temps de permettre l’élimination de la totalité du sable dans les matières fécales. Au bout de 4 jours, elles ne contiennent plus de sable. La radiographie de contrôle montre également une disparition de l’impaction (photo 5). L’animal est rendu à son propriétaire avec un changement des conditions d’environnement et notamment le retrait du sable et la mise en place d’un tapis en linoléum sur le fond du terrarium.

Une occlusion traitée chirurgicalement

Un gecko léopard mâle, âgé de 16 mois, est présenté en consultation pour une anorexie évoluant depuis 4 semaines. Il a été acquis en animalerie. Il vit dans un terrarium mis à bonne température à l’aide d’une lampe chauffante. Le substrat est composé de sable, qui est nettoyé au besoin. L’animal mange des grillons adultes vivants, dans son terrarium, directement sur le substrat, ainsi que des vers de farine.

Examen

Il est légèrement abattu, mais reste vif lors des stimulations. Il est cachectique. À la palpation abdominale, des masses, fermes, légèrement crissantes sont palpées. La radiographie met en évidence plusieurs impactions volumineuses de sable dans le tube digestif (photo 6).

Traitement

Un traitement chirurgical par entérotomie est décidé, en raison de la taille de l’impaction. L’anesthésie est induite par voie intramusculaire à l’aide de kétamine (10 mg/kg), puis d’alfaxalone (5 mg/kg), avant intubation à l’aide d’un cathéter bleu et relais gazeux à l’isoflurane. L’animal est ventilé par pression intermittente positive deux fois par minute pendant l’intervention. Le suivi de la fréquence cardiaque est réalisé au moyen d’une sonde doppler placée en regard du cœur. Des incisions cutanées et musculaires sont réalisées en paramédian. La portion d’intestin impactée est extériorisée et incisée sur son bord anté-mésentérique (photo 7). Les corps étrangers sont extraits à la pince et l’intestin rincé au sérum physiologique tiédi (photo 8). L’incision est suturée par un surjet simple, perforant, à l’aide d’un fil de suture monofilament (PDS® 6/0). La cavité cœlomique est refermée par un surjet simple musculaire et un surjet cutané en U. Une radiographie de contrôle permet de constater que la majeure partie du sable a été extraite (photo 9). Un traitement antibiotique et de gavage au Carnivore Care® est mis en place en période postopératoire pendant 5 jours. L’animal est rendu à son propriétaire avec un changement des conditions d’environnement et, notamment, le retrait du sable et la mise en place d’un linoléum sur le fond du terrarium. L’alimentation est provisoirement modifiée pour des teignes de ruche, plus digestes, le temps de la convalescence.

Discussion

Ces deux cas similaires illustrent les deux options thérapeutiques du traitement des occlusions et impactions au sable chez les lézards. Le choix du traitement, médical ou chirurgical, dépend du volume de sable à évacuer et de l’état général de l’animal. Le traitement chirurgical peut également être indiqué en cas d’échec, après quelques jours, des soins médicaux. L’occlusion au sable est très fréquente chez les lézards maintenus et nourris sur ce substrat. Les geckos et agames barbus (pogonas) y sont particulièrement sensibles.

Matthieu Nony Praticien à FauneVet, CHV Atlantia, à Nantes (Loire-Atlantique).

Emmanuel Risi Praticien à FauneVet, CHV Atlantia, à Nantes (Loire-Atlantique).

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