L’ostéopathie améliore la locomotion des chevaux de sport - La Semaine Vétérinaire n° 1739 du 09/11/2017
La Semaine Vétérinaire n° 1739 du 09/11/2017

CONFÉRENCE

PRATIQUE MIXTE

Formation

Auteur(s) : LORENZA RICHARD  

Les traitements ostéopathiques auraient des effets bénéfiques sur la locomotion des chevaux de sport, d’après les résultats de quatre études menées par notre consœur Isabelle Burgaud. Elle les a présentés lors du congrès de l’European Veterinary Society for Osteopathy (EVSO) en septembre dernier, sur le campus de VetAgro Sup.

Des améliorations notables dans le temps

Une première étude a consisté en une analyse visuelle par plusieurs confrères de la mobilité du dos de cinq chevaux au pas sur un tapis roulant, filmés par le haut avant et après manipulation ostéopathique, puis 10 et 40 jours après. Les observations des confrères sont en faveur d’un changement dans la symétrie de l’allure, sa régularité, le déplacement latéral, notamment, visible à l’œil nu à partir de 10 jours après le traitement et encore plus significatif vers 40 jours. Ainsi, le soin ostéopathique a modifié favorablement la locomotion des animaux, mais du temps est toutefois nécessaire pour obtenir un nouvel équilibre locomoteur.

Une deuxième étude a été réalisée avec 26 chevaux de sport de tous âges, ayant une restriction de mouvement de l’arrière-main (engagement dissymétrique, reculer difficile, etc.), mais non boiteux. Les chevaux sont enregistrés en liberté équipés de capteurs accélérométriques au pas, au trot et au galop en ligne droite, le jour de la manipulation, puis 10 et 20 jours après, et comparés avec des chevaux n’ayant pas été manipulés (étude en double aveugle : le cavalier ne sait pas si son cheval a été traité ou non et le cheval n’a pas de période de repos après la séance). Le rebond au trot est amélioré 10 jours après le soin ostéopathique. De plus, chez les animaux de moins de 7 ans, la propulsion au trot augmente, alors qu’elle diminue au pas et au galop au sein du groupe âgé de 7 à 19 ans. Le 20e jour, le trot a bien progressé, avec un gain de symétrie chez tous les chevaux, notamment les individus âgés, et avec une meilleure régularité de l’allure chez les jeunes. En revanche, tous ces paramètres se sont détériorés chez les animaux non manipulés. Ces résultats montrent que le traitement ostéopathique a permis une amélioration significative et durable de la locomotion des chevaux, bien qu’elle ne soit pas immédiatement effective chez les chevaux âgés, chez lesquels il pourrait être intéressant de réaliser plusieurs traitements successifs et une remise au travail progressive.

Mise en évidence de nombreuses dysfonctions

Une troisième étude a consisté à établir un diagnostic ostéopathique complet chez 25 chevaux de dressage. Des dysfonctions ont été mises en évidence au niveau du bassin (iliums, sacrum) chez 100 % des chevaux, au niveau de la tête (bouche, hyoïde, nuque) chez 88 % d’entre eux, des épaules (88 %) et de la région lombaire (80 %), très certainement en lien avec les contraintes biomécaniques de cette discipline. La tête est davantage touchée du côté droit, alors que les membres le sont à gauche. De plus, une majorité de ces chevaux présentent des dysfonctions affectant le gros intestin.

Pour le quatrième essai, neuf chevaux de dressage ont été tirés au sort parmi ceux de la précédente étude. Ils ont reçu un massage des masses musculaires cervicales, dorsales et fémoro-caudales, une fois par semaine durant 4 mois, et une séance d’ostéopathie mensuelle. Ces animaux présentent une meilleure propulsion au pas, ainsi qu’une augmentation du rebond au pas et au trot après les 4 mois de traitement, par rapport à ceux qui n’ont pas été manipulés.

Ainsi, ces différentes études montreraient l’intérêt des soins ostéopathiques et du massage pour les chevaux de sport. Toutefois, alors que la locomotion du jeune animal s’améliore dès la première manipulation, plusieurs séances semblent nécessaires pour les plus âgés.

Isabelle Burgaud Vétérinaire ostéopathe à l’École nationale d’équitation de Saumur (Maine-et-Loire). Article rédigé d’après une présentation faite lors du 3 e congrès de l’EVSO à Lyon (Rhône), les 22 et 23 septembre 2017.

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