L’homéopathie : efficacité non prouvée

L’utilisation des médecines alternatives en médecine vétérinaire, et en particulier de l’homéopathie, a fait l’objet d’un avis du Royal College of Veterinary Surgeons (RCVS)¹. L’organisation rappelle que le vétérinaire praticien doit placer la santé et le bien-être de l’animal au premier plan de ses considérations, et prescrire des traitements en s’appuyant sur les données scientifiques. Le RCVS affirme que l’homéopathie « existe sans preuve concrète de fiabilité. De plus, elle n’est pas basée sur des principes scientifiques solides ». Il considère donc que les médecines dites alternatives doivent être considérées comme complémentaires aux traitements qui ont fait leurs preuves, et non les retarder ou les remplacer. « Il en va de la responsabilité du vétérinaire de garantir le bien-être animal et ainsi de garder la confiance du public à l’égard de la profession. » Déjà, Veterinary Record avait publié cet été un article² comparant la médecine conventionnelle et l’homéopathie, et qui jugeait sévèrement cette dernière.

Juger l’efficacité d’un traitement

Selon les auteurs de l’article, évaluer l’efficacité d’un traitement est toujours complexe en raison des nombreux facteurs qui interviennent. L’amélioration sous traitement peut coïncider avec l’évolution naturelle du processus de défense de l’organisme (action du système immunitaire qui lutte contre une infection et/ou processus biochimiques, physiologiques, endocriniens, restaurant l’homéostasie du corps). Elle peut aussi dépendre de changements concomitants (modification du régime alimentaire, par exemple) ou être due à un effet placebo. Ce dernier fait appel à des processus cognitifs, dont le mécanisme précis est actuellement inconnu. Chez les animaux, l’effet placebo n’est pas prouvé, ceux-ci n’ayant pas les mêmes capacités cognitives que les humains. Cependant, les propriétaires peuvent être victimes d’un effet placebo indirect, et ainsi évaluer de façon erronée l’efficacité d’un traitement donné à leur animal. Afin d’éviter au maximum ces biais, il est nécessaire de réaliser des essais cliniques randomisés contrôlés, in vitro et in vivo. Les études doivent être répétées et relues attentivement par des scientifiques indépendants.

Un discrédit sur l’homéopathie

L’homéopathie est une médecine alternative holistique créée en 1796 par le médecin Samuel Hahnemann (1755-1843). Elle s’appuie sur trois grands principes : la loi de similitude (les symptômes peuvent être soignés par les substances qui les causent), la loi de l’infinitésimal (l’effet bénéfique s’obtient avec des dilutions successives de la substance mère) et la loi de succussion (un mélange vigoureux est nécessaire à chaque étape de dilution afin de potentialiser les effets de la solution).

Ces principes sont opposés à ceux de la médecine conventionnelle, qui raisonne sur la pharmacocinétique et la pharmacodynamique d’un principe actif, permettant d’établir les mécanismes moléculaires expliquant leurs effets. En homéopathie, la propriété curative dans le remède n’est pas détectable. Il est donc impossible d’étudier sa biodisponibilité, son temps de demi-vie, sa clairance, etc. Il en découle que la posologie, la fréquence d’administration et la durée du traitement sont empiriques.

Selon les auteurs de l’article, aucune étude scientifique ne démontre une efficacité de l’homéopathie supérieure à l’effet placebo (essais en double aveugle, avec un nombre approprié de patients, utilisation d’analyses statistiques des données recueillies). Un manque de rigueur dans la réalisation des études en faveur de l’homéopathie est reproché (biais d’observation, impossibilité de reproduire l’étude, etc.).

Les auteurs concluent qu’il n’y a, à l’heure actuelle, aucune justification scientifique à prescrire des remèdes homéopathiques en médecine vétérinaire, et dénoncent le fait de laisser un animal malade (par nature non consentant) sans traitement efficace, ce qui soulève des questions d’ordre éthique. Ces chercheurs incitent à garder un esprit critique sur les études scientifiques et, dans la pratique quotidienne, à être conscient des nombreux paramètres existants avant de juger l’efficacité d’un traitement.
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¹ bit.ly/2hJCWoY.

² Lees P., Pelligand L., Whiting M. et coll. Comparison of veterinary drugs and veterinary homeopathy : part 1. Vet. Rec. 2017;181(7):170-176/part 2. Vet. Rec. 2017;181(8):198-207.