Esperanza au forum de buiatrie Bilbao 2017 : olé !

Organisé par la Société française de buiatrie, actuellement présidée par Sébastien Assié d’Oniris, l’European Buiatrics Forum (EBF) a quitté son premier port d’attache, Marseille, depuis quatre ans, pour faire escale chez nos voisins européens. Après Rome il y a deux ans, l’EBF 2017 s’est déroulé à Bilbao, en Espagne, du 4 au 6 octobre derniers pour une 5^e édition pléthorique. Chaque conférence plénière était doublée par l’intervention de vétérinaires espagnols de l’Asociación nacional de especialistas en medicina bovina de España (Anembe), un groupement technique d’une centaine de buiatres espagnols, dans un anglais scientifique accessible ou un espagnol au rythme endiablé. Regroupés en grosse structure, employés au sein de coopératives (aliment, lait), ou enseignants, ces vétérinaires locaux ont fait la démonstration de la technicité et du pragmatisme en rurale de l’autre côté des Pyrénées : on s’y dit « prêt à affronter l’arrivée d’une génération d’éleveurs beaucoup plus technique et exigeante » et qui travaille, comme ici, souvent à perte…

Imagerie et prélèvements

Onirique (au sens grec plus que nantais du terme), l’enseignante-chercheuse madrilène Natividad Pérez Villalobos a présenté de très belles images obtenues par laparoscopie pulmonaire transpariétale chez le veau. « Il s’agit d’utiliser cette technique dans les recherches en physiologie et thérapeutique des bronchopneumonies chez les bovins, explique-t-elle. Contrairement à l’échographie, des prélèvements in situ sont possibles, sans séquelles et les affections peuvent être suivies dans le temps. » Du Canada, Edouard Timsit continue à croire à l’intérêt pratique d’un suivi échographique des poumons. Pour les prélèvements, il souligne la pertinence d’un lavage trachéo-bronchique pour être représentatif des deux poumons dans leur ensemble (nul besoin de lavage broncho-alvéolaire). Il a réalisé des analyses de microbiotes respiratoires et montré que les vaches saines sont moins susceptibles d’être positives pour Pasteurella multocida, Mannheimia haemolytica et Haemophilus somni, tant dans le tractus respiratoire superficiel que profond. Vaches malades et saines pourraient se distinguer sur prélèvements profonds, mais pas sur écouvillons superficiels.

Espoirs thérapeutiques contre les maladies respiratoires

Autre espoir dans la lutte contre les bronchopneumonies infectieuses enzootiques (BPIE) à l’ère du “moins d’antibiotiques”, les recherches de notre confrère Jean-François Valarcher, sur le virus respiratoire syncitial bovin (RSV), dans un groupe international basé en Suède. Les mécanismes immuns impliqués sont de mieux en mieux compris. Les techniques moléculaires de dernière génération ont permis d’identifier toutes les protéines (protéome) intervenant dans les mécanismes de réaction au RSV et qui gravitent autour de l’activation des neutrophiles. Outre l’amélioration des connaissances pathophysiologiques, il y a l’espoir d’y trouver une candidate thérapeutique. La clé du traitement est dans la modulation de l’inflammation, mais tout est une question de timing, précise-t-il en substance. Certaines inflammations méritent d’être respectées, d’autres sont du domaine de l’excès et doivent être combattues, y compris parfois avec les (bons vieux) anti-inflammatoires stéroïdiens, mais dans quelle mesure ? L’avenir est dans une modulation plus fine de l’activation des neutrophiles ou le recours à des antioxydants de l’immunité.

Huit sujets phares, 40 courtes communications, une grosse centaine de posters, une cinquantaine de conférenciers venus de toute l’Europe, mais aussi d’Amérique et du Moyen-Orient, ont réussi à capter l’attention jusqu’au bout des trois jours de forum. « Il y a plusieurs raisons d’être optimiste [en rurale] », conclut Gilles Foucras, professeur à l’École nationale vétérinaire de Toulouse (ENVT). La prochaine édition de l’EBF se déroulera dans deux ans dans une ville européenne, dont le choix reposera sur l’analyse rétrospective de cette foisonnante édition 2017.
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