Se préparer à l’émergence de la dermatose nodulaire contagieuse bovine - La Semaine Vétérinaire n° 1735 du 14/10/2017
La Semaine Vétérinaire n° 1735 du 14/10/2017

CONFÉRENCE

PRATIQUE MIXTE

Formation

Auteur(s) : LORENZA RICHARD  

Longtemps cantonnée en Afrique subsaharienne, la dermatose nodulaire contagieuse bovine (DNCB) est apparue en Turquie en 2013. Elle poursuit chaque été sa progression vers l’ouest de l’Union européenne, menaçant d’apparaître en France dans un avenir proche. Les vétérinaires sanitaires doivent ainsi se préparer à identifier rapidement cette maladie à fortes répercussions cliniques et économiques.

Trois phases cliniques

La DNCB est due au virus Neethling, un capripoxvirus qui n’affecte que les bovins et les buffles. Sa transmission est surtout indirecte, par des vecteurs (stomoxes, culicidés, tiques), et directe (jetage, larmes, salive, lait et lésions cutanées). La maladie peut également être transmise lors d’injections en série et, dans une moindre mesure, lors de partage d’abreuvoirs ou de la tétée.

Après pénétration locale, le virus se multiplie et se dissémine dans l’organisme par la voie lymphatique. Les signes cliniques se succèdent en trois phases. La première se traduit par une hyperthermie élevée pendant 4 à 5 jours en moyenne, mais qui peut durer 14 jours, avec anorexie, abattement, chute de la production laitière, et souvent conjonctivite, ptyalisme, jetage et hypertrophie des nœuds lymphatiques préscapulaires et précruraux. Une semaine environ après l’apparition de la fièvre, la phase d’éruption cutanée se développe : des nodules durs, arrondis, fermes et indolores, semblables à de l’urticaire, se développent sur tout le corps (mufle, pourtour des yeux, membres, flanc, mamelle, etc.). Des œdèmes étendus des membres, du fanon, des lombes et des organes génitaux peuvent également être observés. Durant la troisième phase de nécrose, les nodules se dessèchent et chutent, formant des ulcères ou des escarres sèches, qui cicatrisent en plusieurs semaines ou se surinfectent. Dans moins de 10 % des cas, la maladie évolue vers des symptômes plus généraux comme une broncho-pneumonie ou des toxémies mortelles. Le diagnostic différentiel comprend de nombreuses maladies, toutefois la rapidité de dissémination de la DNBC dans le troupeau (la morbidité varie entre 4 et 50 %) et l’apparition de lésions cutanées après un épisode fébrile intense peuvent orienter l’avis du praticien.

Danger sanitaire de 1re catégorie

La maladie est classée dans les dangers sanitaires de 1re catégorie, toute suspicion clinique doit donc être immédiatement signalée par téléphone à la direction départementale de la protection des populations (DDPP). La suspicion clinique est définie réglementairement1 comme l’observation d’au moins un bovin présentant au moins deux nodules durs, arrondis, incolores de 0,5 à 5 cm de diamètre, et d’au moins un des signes cliniques suivants sur au moins un bovin du troupeau : hyperthermie, hypertrophie ganglionnaire, anorexie, épiphora, jetage, ptyalisme ou œdèmes sous-cutanés.

La confirmation passe par une recherche du virus par polymerase chain reaction (PCR) sur deux à quatre nodules prélevés dans un tube sec. Des sécrétions oculaires, nasales ou buccales peuvent également être envoyées dans un milieu de transport pour virologie. En période fébrile, du sang récolté sur tube EDTA doit accompagner ces prélèvements. L’envoi est réalisé avec une fiche de commémoratifs, sous triple emballage à + 4 °C et sous 48 heures au laboratoire national de référence2.

Si la suspicion est validée, la DDPP prend un arrêté préfectoral de mise sous surveillance qui implique la séquestration des bovins réceptifs et de leurs produits, ainsi qu’une désinsectisation des animaux et des locaux.

Actuellement, les foyers étant encore éloignés de la France, les experts de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) considèrent que la maladie pourrait être introduite avec des bovins vivants. Si la DNBC se rapprochait, il est possible qu’elle gagne le pays par l’intermédiaire des vecteurs infectés. La vaccination n’est pas envisagée pour l’instant, celle-ci n’ayant pas permis de stopper l’évolution géographique de la maladie dans plusieurs pays des Balkans.

1 Direction générale de l’alimentation (DGAL). Surveillance événementielle de la dermatose nodulaire contagieuse bovine en France. Instruction technique DGAL/SDSPA/2016-872 du 9/11/2016.

2 LNR Capripox, unité mixte de recherche (UMR) 15-Contrôle des maladies animales, exotiques et émergentes (CMAEE), P. Caufour/L. Mounier, TA A-15/G, département Bios-Cirad, ZAC Baillarguet, avenue du campus Agropolis, 34980 Montferrier.

Barbara Dufour Professeur d’épidémiologie et de maladies contagieuses à l’ENVA. Article rédigé d’après une présentation faite lors des journées nationales des GTV à Reims (Marne), du 17 au 19 mai 2017.

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