Le système de dépistage officiel est-il obsolète ? - La Semaine Vétérinaire n° 1732 du 23/09/2017
La Semaine Vétérinaire n° 1732 du 23/09/2017

SÉLECTION

PRATIQUE CANINE

L'ACTU

Auteur(s) : ALEXANDRE BALZER 

La santé occupe une place de plus en plus importante dans la sélection du chien de race, mais force est de constater qu’il existe un décalage entre les maladies qui font l’objet d’un programme de dépistage officiel et celles responsables de la mort parfois prématurée des animaux.

Depuis deux ou trois décennies, nous évoluons dans l’ère du dépistage des pathologies, à l’origine de nombreuses décisions de sélection. La première des affections recherchées est la dysplasie de la hanche (suivie des affections oculaires et de la dysplasie du coude). Ainsi, la lecture d’une radiographie des hanches est exigée dans plus de 60 % des grilles de cotation des clubs de race. Pourtant, d’après les données de la compagnie d’assurance suédoise Agria, seules 195 consultations concernent cette affection sur 127 000 assurés dans les 11 races les plus représentées. Ces chiffres sont d’ailleurs proches de ceux des chiens qui ne sont pas “de race” (ceci n’est pas le cas pour la dysplasie du coude, pour laquelle les chiffres sont sensiblement différents). « Dès lors, est-il toujours opportun de fonder sa sélection de reproducteurs sur ce seul critère ? », s’interroge notre confrère Frédéric Maison, président de la commission d’élevage de la société centrale canine (SCC), à l’occasion de la journée de la recherche canine qui s’est déroulée le 21 avril 2017 à Paris.

Un dépistage centré sur les maladies du jeune

Ainsi, les pathologies qui font l’objet d’un dépistage officiel (dysplasie, maladies oculaires, cystinurie, luxation du cristallin, etc.) sont souvent graves et invalidantes, mais rarement mortelles. Les affections graves (cancer, syndrome de dilatation-torsion de l’estomac, etc.) ne rentrent pas dans les grilles de sélection. « La sélection ne vise donc pas à éliminer les maladies qui diminuent l’espérance de vie, mais celles qui touchent le jeune âge. Pourtant, est-il intéressant de sélectionner des chiens indemnes de dysplasie et dont la vision était bonne, mais morts d’un carcinome à l’âge de 5 ans ? », poursuit notre confrère. Les raisons de ce choix sont historiques (dans les années 1960, seul le dépistage de la dysplasie par radiographie était accessible) et juridiques (les affections recherchées sont essentiellement celles qui touchent le jeune pour des raisons commerciales de garanties de vente). Par ailleurs, il n’existe que peu de tests pour les affections mortelles de l’adulte. « Tout cela ne serait pas grave si les jeunes éleveurs n’étaient pas focalisés sur ces tests préconisés par les grilles de cotation. Il faut bien comprendre qu’un chien en bonne santé ne se résume pas en des hanches indemnes, une vision optimale et éventuellement une absence de sténose aortique ! Ce chien pourra être parfait… mais mourir d’un ostéosarcome à 5 ans ! », ironise-t-il.

Vers une approche globale de l’individu

Chez l’homme, il a été montré que les centenaires avaient les mêmes gènes défavorables que l’ensemble de la population, mais qu’ils avaient en plus quelques gènes favorables, permettant ainsi la non-expression de certaines maladies. Pourtant, en élevage canin, la sélection de ces gènes n’est pas un sujet de préoccupation. « Il faudrait certainement davantage réfléchir en termes de sélection sur des qualités que sur l’élimination seule des défauts. En actant cela, l’éleveur revient au centre du système, celui qui peut savoir si son chien est “en bonne santé”, s’il est intéressant pour ses gènes favorables », analyse Frédéric Maison. Ne faut-il pas mettre en avant d’autres critères de sélection, tels que la longévité, les épreuves de travail ou des résultats sur des tests d’effort ?

L’idée est donc de ne plus regarder un chien au microscope sous des angles restreints, mais bien de l’envisager dans son ensemble. « Bien entendu, ces deux approches (globale ou ponctuelle) ne sont pas antinomiques, mais replacent l’éleveur en position centrale, utilisant à bon escient des tests qui ne seront que des outils de sélection et non une fin en soi. Il semble ainsi indispensable de compléter les programmes de dépistage des affections par toutes les mesures qui mettent en valeur la bonne santé globale des chiens », conclut-il.

Source : conférence de Frédéric Maison lors de la journée de la recherche canine organisée

par la société centrale canine (SCC) à Paris,

le 21 avril 2017.

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