Le midazolam par voie intranasale efficace lors de status epilepticus

Un status epilepticus peut être causé par des troubles toxiques ou métaboliques, une anomalie structurelle de l’encéphale ou survenir dans un contexte d’épilepsie idiopathique avec au moins un épisode rapporté chez 20 à 60 % des chiens atteints. Il s’agit d’une urgence vitale, avec une issue fatale rapportée dans 25 à 38 % des cas. Une prise en charge immédiate visant à éviter les lésions primaires et secondaires de l’encéphale et les complications systémiques est donc nécessaire, et un traitement anticonvulsivant de première ligne efficace, utilisable en contexte d’hospitalisation ou au domicile du propriétaire, peut potentiellement sauver la vie de l’animal.

Les benzodiazépines, des anticonvulsivants de première ligne

Les benzodiazépines, comme le diazépam et le midazolam, sont fréquemment employées en première intention dans la prise en charge du status epilepticus chez l’homme et chez le chien. Leur administration est rapportée par voies intrarectale, intranasale et intramusculaire, notamment lorsqu’aucune voie veineuse n’est disponible. Chez le chien, un essai clinique¹ a montré l’efficacité du diazépam administré par voie intrarectale dans la prise en charge de crises convulsives généralisées. Des études pharmacocinétiques ont par ailleurs montré que l’administration de midazolam par voie injectable (intraveineuse ou intramusculaire) pouvait être intéressante, mais que la voie intrarectale ne permettait pas d’atteindre des concentrations sanguines suffisantes. Des études effectuées en médecine humaine démontrent quant à elles la supériorité de la voie d’administration intranasale de benzodiazépines (diazépam, midazolam), en comparaison avec la voie intrarectale, dans la prise en charge de crises convulsives en urgence.

Une efficacité supérieure du midazolam par voie intranasale

L’objectif d’une étude récente² est d’évaluer l’efficacité du midazolam par voie intranasale et de la comparer avec celle du diazépam par voie intrarectale chez des chiens présentés en status epilepticus dans un contexte d’épilepsie idiopathique ou d’atteinte structurelle, avant la mise en place d’une voie intraveineuse. Il s’agit d’une étude multicentrique randomisée en groupes parallèles. Les chiens reçoivent du midazolam par voie intranasale (0,2 mg/kg, photo) ou du diazépam par voie intrarectale (1 mg/kg). Le succès thérapeutique est défini comme un arrêt de la crise dans les 5 minutes suivant l’injection, sans autre crise ou avec une autre crise au moins après 10 minutes. 35 chiens sont inclus, parmi lesquels 20 reçoivent du midazolam par voie intranasale (dont 13 épilepsies primaires) et 15 du diazépam par voie intrarectale (dont 8 épilepsies primaires). 14 chiens recevant du midazolam (70 %) et 3 chiens recevant du diazépam (20 %) sont considérés comme des succès thérapeutiques. L’analyse statistique montre des différences significatives entre les deux groupes, avec une efficacité supérieure du midazolam par voie intranasale, surtout lors d’épilepsie idiopathique. Il est probable que ces résultats, obtenus en milieu hospitalier, puissent être extrapolés au traitement à domicile par les propriétaires lors de status epilepticus ou de crises en salves avant hospitalisation. Ces résultats sont à confirmer sur des effectifs plus importants et en incrémentant au besoin les doses chez des animaux recevant de façon concomitante du phénobarbital, dont l’administration favorise l’élimination des benzodiazépines.
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¹ Podell M. The use of diazepam per rectum at home for the acute management of cluster seizures in dogs. J. Vet. Intern. Med. 1995;9:68-74.

² Charalambous M., Bhatti S. F. M., Van Ham L. et coll. Intranasal midazolam versus rectal diazepam for the management of canine status epilepticus: a multicenter randomized parallel-group clinical trial. J. Vet. Intern. Med. 2017;31:1149-1158.