Christine Roguet : « Imaginer l’élevage de demain, accepté par la société » - La Semaine Vétérinaire n° 1730 du 09/09/2017
La Semaine Vétérinaire n° 1730 du 09/09/2017

ENTRETIEN

PRATIQUE MIXTE

L'ACTU

Auteur(s) : TANIT HALFON  

L’acceptabilité sociale des élevages en France est placée, depuis 2014, au cœur d’une grande réflexion et de travaux menés par une équipe pluridisciplaire. Rencontre avec Christine Roguet, coordinatrice du projet Accept.

Qu’est-ce que le projet Accept1 ?

C’est un projet de recherche financé par le compte d’affectation spéciale développement agricole et rural (Casdar). Il a débuté en 2014 et se terminera au 1er semestre 2018. Il fait suite au travail engagé dans le groupement d’intérêt scientifique (GIS) “élevages demain”, au cours duquel ont été listés et structurés les points de débat sur l’élevage, toutes filières confondues : impact environnemental, bien-être animal, risque sanitaire et organisation de l’élevage2. Ces débats montent en puissance, alors il est apparu nécessaire de poursuivre l’exploration, à l’aide d’une équipe pluridisciplinaire, et notamment d’y inclure des compétences en sociologie et en économie.

Quels en sont les objectifs ?

L’idée de base est d’apporter aux acteurs des filières des éléments de connaissance sur les controverses relatives à l’élevage français et européen : quels sont leurs thèmes ? Leurs déterminants ? Les mécanismes sociaux à l’œuvre ? Les attentes des citoyens et les évolutions à penser ? Les cinq principaux élevages, en nombre d’animaux, sont étudiés : bovin viande et lait, porc, volaille de chair et de ponte. La finalité est triple : aider les professionnels à mieux cerner les enjeux des débats, anticiper les conséquences sur les filières (la compétitivité est aussi une question d’anticipation) et imaginer l’élevage de demain, accepté par la société. Pour cela, nos travaux analysent les points de vue des citoyens et des éleveurs, décortiquent les déterminants des conflits locaux, identifient les chartes et les cahiers des charges mis en place par les filières et leurs conséquences sur les modes de production, etc.

Pourquoi ce projet vous semble nécessaire ?

Chacun évolue dans un monde de valeur en fonction de son milieu professionnel, au risque de faire abstraction de certains enjeux d’élevage. Par exemple, à la suite des pressions sociétales sur l’élevage en cage des poules pondeuses, les cages conventionnelles ont été interdites par une directive européenne3 à partir de 2012, les cages aménagées restant autorisées. Contrairement à l’Allemagne, qui a alors renoncé aux cages, la France a massivement investi dans la version aménagée, ne percevant pas que ce mode d’élevage ne serait plus toléré. De la même manière, les promoteurs de la ferme des 1 000 vaches se défendent d’être en règle et d’offrir un confort amélioré aux animaux. Mais ces arguments ne répondent absolument pas aux attentes des citoyens relatifs à la taille de l’élevage jugé trop grand et à l’absence de pâturage. Une des forces du projet Accept est d’associer des sociologues et des économistes. L’expertise en économie permet de tenir compte, dans les solutions envisageables, des réalités économiques, par exemple, la compétition féroce entre pays sur les productions animales. La sociologie apporte, elle, les clés pour appréhender ce qui fait réellement problème. Cette collaboration étroite nous rend capables d’identifier les batailles et les causes perdues d’avance.

Le dialogue entre les éleveurs et les citoyens est-il rompu ?

Non. Les sondages d’opinion montrent que les agriculteurs jouissent d’une bonne image pour plus de 80 % de la population. L’image des éleveurs reste correcte, même si elle s’effrite ces dernières années. Actuellement, le monde de l’élevage se mobilise pour rétablir une relation plus directe avec les citoyens (visites de fermes, présence sur les réseaux sociaux, etc.). Les relations entre l’élevage et les associations de protection animale ou environnementale évoluent aussi, de par l’établissement de cahiers des charges (label bien-être ou autres) ou la participation à des comités de pilotage, par exemple.

1 Site du projet : bit.ly/2wo4DLD.

2 Delanoue E., Roguet C. Acceptabilité sociale de l’élevage en France : recensement et analyse des principales controverses à partir des regards croisés de différents acteurs. INRA Prod. Anim. 2015;28(1):39-50.

3 bit.ly/2wWMjeb.

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