L’adieu aux vaches

Jeune éleveur laitier en Haute-Marne, Pierre, célibataire, a repris la ferme de ses parents – qui vivent toujours sur l’exploitation –, tandis que sa sœur est devenue sa vétérinaire. Cactus, Miranda, Griotte… Pierre connaît chacune de ses bêtes (une trentaine) par leur nom, elles occupent ses journées, ses pensées, ses nuits (il en rêve). Quand l’une d’elle déclare les symptômes tant redoutés de la fièvre hémorragique, une épizootie foudroyante qui vient de frapper l’Hexagone, le jeune homme, paniqué par la perspective que son troupeau soit abattu, supprime la bête malade et feint sa disparition. Devinant vite la supercherie, sa sœur accepte de le couvrir mais lui fait promettre de se soumettre désormais à ses obligations sanitaires. L’épidémie n’en restant pas là, Pierre va au contraire s’enferrer dans le déni et sombrer dans une spirale morbide, désespérée et rebelle, qui dit la violence injuste du drame intime qui le traverse autant que son refus farouche de l’accepter. Documentant bien la réalité d’un petit élevage d’aujourd’hui (le réalisateur en est issu), le naturalisme du film bascule peu à peu dans une atmosphère de thriller, atypique dans un tel cadre. Elle en transfigure la vulnérabilité tragique. Si le scénario a reçu le grand prix du public au Festival premiers plans d’Angers en 2016, on regrettera que la réalisation tende à trop reposer sur lui et que ce drame social original, par manque d’audace formelle, peine à se hisser au-dessus du niveau d’un bon téléfilm.
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Petit Paysan de Hubert Charuel, avec Swann Arlaud, Sara Giraudeau, Bouli Lanners, France, 1 h 30, dans les salles depuis le 30 août.