À Shanghai, une évolution de la profession à l’image des pratiques occidentales

Shanghai, à l’image de toute la Chine, est une ville de contrastes, où les gratte-ciel aux formes futuristes y côtoient des quartiers populaires modestes, où des livreurs à vélo, incroyablement chargés, se partagent la route avec des grosses berlines de luxe. Avec une population égale à la moitié de celle de la France, il était prévisible que, sous une influence occidentale, la place de l’animal de compagnie s’y développerait. Ce phénomène relativement récent s’accompagne logiquement du développement de la médecine vétérinaire et des différents services aux animaux (salons de toilettage, aliments, accessoires). Sur le même modèle que celui qui peut être observé en Europe ou aux États-Unis, le chien et encore plus le chat sont devenus des centres d’intérêt pour les vétérinaires shanghaïens et, plus généralement, asiatiques.

Médecine chinoise versus occidentale

La médecine occidentale semble aujourd’hui avoir gagné la confiance des propriétaires d’animaux de compagnie. La médecine traditionnelle chinoise est encore enseignée au cours des études vétérinaires, mais les propriétaires n’y ont recours que pour des soins préventifs. La difficulté à laquelle sont confrontés les vétérinaires chinois est la faiblesse de leur formation clinique initiale, dont ils sont parfaitement conscients. En effet, celle-ci est en grande partie consacrée à l’hygiène des denrées animales. Les étudiants peuvent ainsi boucler leurs études en n’ayant quasiment jamais eu d’activité clinique. Malgré cela, de jeunes praticiens, aidés par des investisseurs privés, n’hésitent pas à construire des hôpitaux ultramodernes, offrant une gamme de soins et de services médicaux complète (incluant bloc opératoire de pointe, scanner, appareil d’imagerie par résonance magnétique, etc.). Afin de rentabiliser ces structures, les vétérinaires chinois dépensent des sommes considérables dans leur formation continue, partent plusieurs mois en stage à l’étranger dans des centres de référés et travaillent plus de 10 heures par jour, 7 j/7.

Kétamine et morphiniques interdits, mais carte blanche aux antibiotiques

Les vétérinaires chinois ont accès à une large gamme de médicaments. Aucune restriction n'existe vis-à-vis des antibiotiques. Seul, peut-être, le domaine de l’anesthésie reste compliqué en Chine. Le retrait de la kétamine du marché vétérinaire au début des années 2000 s’est accompagné d’une hausse importante de la mortalité liée à l’anesthésie : en cause, les doses élevées de xylazine, utilisée alors comme seul agent d’anesthésie. Aujourd’hui, la situation s’est améliorée avec le recours possible à d’autres agents : tilétamine-zolazépam, dexmédétomidine, propofol ou alfaxalone. La prise en charge de la douleur est néanmoins toujours un problème crucial, puisque les morphiniques demeurent interdits pour un usage vétérinaire.
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¹ Créateur de Vet’Training et consultant chez Narkovet (organismes de formation continue dédiés à l’anesthésie, à l’analgésie, aux soins intensifs et aux urgences), notre confrère a dispensé en Chine une formation sur le thème de l’anesthésie des animaux de compagnie.