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ENTRETIEN AVEC CHRISTOPHE DEGUEURCE
ACTU
Auteur(s) : PROPOS RECUEILLIS PAR MARINE NEVEUX
L’école d’Alfort vient d’être accréditée par l’Association européenne des établissements d’enseignement vétérinaire. Son directeur, Christophe Degueurce (A 90), évoque les raisons et les conséquences de cette accréditation.
L’École nationale vétérinaire d’Alfort (ENVA) a reçu, début juin, les experts de l’Association européenne des établissements d’enseignement vétérinaire (AEEEV). Quel en est le résultat ?
L’ENVA a effectivement reçu, les 7 et 8 juin derniers, la visite de quatre experts de l’AEEEV. Leur décision est de proposer au Comité européen de la formation vétérinaire (Ecove), chargé de la validation des résultats des évaluations, de pleinement accréditer l’ENVA. Cette décision devrait être entérinée en novembre prochain, lors de cette instance. Cette réussite est d’abord celle de l’ensemble de la communauté de l’ENVA, extrêmement mobilisée depuis de nombreux mois. Elle résulte d’un élan collectif impulsant une nouvelle dynamique, que nous ferons perdurer dans le temps. Le résultat obtenu – aucune déficience majeure et très peu de déficiences mineures – démontre que la formation que nous délivrons concorde pleinement avec les standards européens et internationaux.
Que vous apporte cette accréditation pour les années à venir ?
Pour être accrédités, les établissements doivent à la fois se conformer à des standards en matière de formation, mais également mettre en œuvre une démarche qualité globale. Ce second volet a été d’une importance majeure pour l’école, car il a permis, depuis 2014, de structurer une démarche qualité cohérente, orientée “usagers”, assurant l’amélioration continue de nos processus. Nous avons commencé cette démarche au niveau de la formation et nous l’étendons actuellement à toutes les composantes de l’ENVA. C’est un levier particulièrement puissant au bénéfice des étudiants, ainsi que de l’ensemble des bénéficiaires de l’établissement (clients des centres hospitaliers, mais aussi partenaires privés ou publics). Cette démarche, concordante avec un nouveau projet immobilier d’envergure qui va entraîner notamment la naissance d’une nouvelle clinique bovine, va permettre à notre école de s’inscrire résolument dans le xxie siècle et d’entretenir sa réputation nationale et internationale.
Quels sont les domaines pour lesquels l’incertitude était la plus grande pour l’école ces dernières années : la situation financière ? Les bâtiments ? Les ressources animales en fonction du nombre d’élèves ? Le ratio élèves/enseignants ? La recherche ?
Lors de la visite de l’AEEEV en 2015, une déficience majeure avait été révélée à propos de la biosécurité au sein des cliniques grands animaux. C’était le domaine pour lequel l’incertitude était la plus grande. Du fait de la vétusté des bâtiments, il nous est extrêmement compliqué de répondre aux standards internationaux concernant la biosécurité. Les experts ont cependant été très sensibles à l’optimisation des locaux existants et au plan d’investissement majeur (45 millions d’euros sur cinq ans) dont l’école fait l’objet pour la mise à niveau de ses installations. Par ailleurs, des déficiences mineures étaient pointées sur le nombre de cas auxquels les étudiants sont exposés en volaille et en porcine, sur le contrôle des stages effectués par les étudiants à l’extérieur de l’ENVA, ainsi que sur les enseignements en hygiène alimentaire, ce dernier point étant un enjeu important pour l’école. Afin d’être pleinement accrédités (et non uniquement approuvés, comme le sont la plupart des autres facultés européennes à l’heure actuelle), nous avons enfin dû apporter la preuve de notre engagement dans la démarche qualité. Les experts ont été très attentifs à l’exposé de nos mesures et n’ont relevé aucune déficience majeure.
Une évaluation des enseignements par les élèves est demandée. En quoi consiste-t-elle exactement ?
L’évaluation des enseignements par les étudiants eux-mêmes n’est pas une démarche nouvelle à l’ENVA, puisqu’elle a commencé dans les années 1980 et a précédé la naissance de l’AEEEV. Aujourd’hui, elle consiste en ce que chaque étudiant, en fin de semestre, renseigne un questionnaire d’évaluation des enseignements. Les réponses sont synthétisées par l’enseignant responsable, qui est chargé, en collaboration avec l’ensemble de l’équipe de l’unité de compétence, de rédiger une réponse à destination des étudiants. Celle-ci explique les changements qui interviendront l’année suivante pour répondre aux remarques effectuées par les étudiants. Elle doit être discutée avec deux étudiants, puis validée par eux, et enfin discutée et validée en conseil de département. Ce mécanisme donne l’assurance que les remarques pertinentes des étudiants sont prises en compte, dans une optique d’amélioration continue.
Le prochain contrôle aura donc lieu en 2025 ? D’autres visites intermédiaires sont-elles prévues ?
La prochaine visite aura en effet lieu en 2025, avec un rapport d’autoévaluation intermédiaire à produire à mi-parcours, en 2020, en ce qui nous concerne. Cette date est donc la nouvelle échéance stratégique pour l’école. Elle devrait avoir réalisé en grande partie sa mutation.
Quels seront les deux principaux challenges pour l’ENVA dans les mois et les années à venir ?
Le principal challenge de l’école pour les années à venir est très certainement de mener son projet immobilier à son terme, en respectant les enveloppes budgétaires et les délais prévus. C’est un enjeu absolument crucial pour l’établissement de s’équiper de bâtiments et d’équipements modernes, qui vont permettre de penser différemment les enseignements et de constituer de nouvelles opportunités de développement. Ce très gros chantier ne se limitera pas au site alforien, puisque l’antenne normande connaîtra, elle aussi, des évolutions dans le domaine de l’enseignement. Concrètement, l’ENVA doit poursuivre sa réforme en profondeur. Au-delà des considérations immobilières et budgétaires, qui sont des préoccupations prioritaires et constantes pour notre école, un autre challenge va être de prendre part aux débats qui perfusent la profession et la société, et d’être en capacité de proposer des solutions concrètes à mettre en œuvre pour répondre aux défis soulevés.
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